Les Japonais ne veulent pas des Jeux Olympiques (JO) de Tokyo. Depuis un an, tous les sondages montrent qu’à peu près 80% des sondés sont contre la tenue des JO en été 2021 dans le contexte de la pandémie. Même l’un des 68 sponsors de Tokyo 2020, le quotidien national Asahi shimbun (« Le Monde japonais » pour certains) a lancé un appel à l’annulation dans son édition du 26 mai 2021 [1]. Le 12 juin, la revue scientifique médicale The Lancet a appuyé leur argument en publiant l’article intitulé « We need a global conversation on the 2020 Olympic Games (Nous avons besoin d’un débat mondial sur les JO 2020) » [2].
Pourtant, le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (COJO) de Tokyo, le Comité international olympique (CIO), le gouvernement métropolitain de Tokyo et le gouvernement japonais continuent à ignorer la voix grandissante des opposants. Selon le quotidien britannique The Guardian, l’argent est la seule et unique raison de cette obstination [3]. Les organisateurs de cette « fête fédératrice » ne peuvent pas se permettre de jeter quelques dizaines de milliards de coûts irrécupérables qu’ils ont déjà dépensé. C’est d’autant plus impossible pour eux quand ils n’ont pas pu trouver une assurance qui couvre l’annulation après avoir touché 375 millions d’euros lorsqu’ils avaient reporté d’un an.
Les Ouïghours, les Tibétains et les Hongkongais ne veulent pas des JO d’hiver de Pékin en 2022. Il y a vingt ans, l’attribution des JO 2008 à la capitale de la République populaire de Chine a été conçue comme une grande opportunité « pour que se comble l’écart entre la Chine et le reste du monde par la modernisation de Pékin et en répondant aux attentes nouvelles de la jeunesse chinoise » [4]. Maintenant, on ne peut plus maintenir ce fantasme. Si l’organisation des JO de Tokyo est la terrible banalisation de la catastrophe nucléaire par un spectacle « destiné à inspirer et unifier l’esprit national » [5] pour certains, l’organisation des JO de Pékin serait la reconnaissance de la politique de Xi Jinping par la communauté internationale pour les Ouïghours détenus en masse, les Tibétains privés de la liberté depuis 1949 et les Hongkongais qui sont en train de perdre leurs droits fondamentaux en ce moment même.
En 1948, les CIO a décidé que le 23 juin serait la journée olympique mondiale. Les opposants à l’olympisme en Asie de l’est ont choisi cette date pour manifester leur demande : l’annulation des Jeux de Tokyo et de Pékin. Les Japonais vont se rassembler devant le siège du gouvernement métropolitain de Tokyo puis manifester dans le quartier de Shinjuku [6]. A Sydney, à Vienne, à Berlin et à Los Angeles, les actions de solidarité (devant le consulat japonais ou ailleurs) sont prévues sous le hashtag #NOlympicDay. Les opposants aux JO de Pékin, de leur côté, préparent des manifestations partout dans le monde, notamment à Lausanne où le siège du CIO se situe [7].
Ce même jour, les organisateurs de Paris 2024 vont célébrer la journée olympique entre le pont d’Iéna et le Grand Palais éphémère, un symbole du nouveau modèle « gobelet jetable » des méga événements. Nous, les opposants aux JO de Paris et/ou leurs saccages organisons une journée NOlympique, à l’instar de nos amis du monde entier, aux jardins ouvriers d’Aubervilliers (6 avenue de la Division Leclerc, 93300 Aubervilliers) qui seront détruits pour une piscine olympique d’entraînement, devenus la JAD (Jardins à défendre) depuis le 23 mai 2021. Le matin, nous allons participer à la manifestation anti-JO à Tokyo virtuellement. L’après-midi, nous allons examiner les problèmes olympiques ici et ailleurs. Le soir, nous allons découvrir comment l’État japonais a utilisé les JO de Tokyo 1964 et 2020 pour estomper des souvenirs nucléaires - Hiroshima, Nagasaki et Fukushima -, autour d’un livre de Sabu Kohso, Radiations et révolution (Editions Divergence, 2021), avec la participation virtuelle de l’auteur japono-américain.
Journée NOlympique mondiale à la JAD d’Aubervilliers :
11:00 : Diffusion en direct de la manifestation contre les JO 2020/1 à Tokyo et la participation virtuelle depuis la JAD
14:00 : Discussions JO d’hiver 2022 de Pékin : boycott, annulation ou abolition ?
15h30 : Corsetage juridique : lois olympiques et contrats ville hôte
17h : Atelier culinaire participatif : Véganisme au Japon (shojin ryori), ou comment le bouddhisme a contribué à la cuisine japonaise.
18:30 :
Discussion/Arpentage autour de « Radiations et révolution » de Sabu Kohso (Éditions Divergences), notamment le chapitre 2, « Une nation catastrophique ».
21:00 : Repas partagé (prix libre)
Aux Jardins ouvriers d’Aubervilliers, 6 avenue de la Division Leclerc, 93300 Aubervilliers.
Organisée par Saccage 2024
https://saccage2024.wordpress.com/
@Saccage2024