Le projet de loi sur la « sécurité publique » a été adopté par une quinzaine de députés mercredi 8 février à l’Assemblée Nationale. Cette loi devrait s’appliquer d’ici la fin du mois si personne ne s’y oppose.
Cette loi aligne les modalités d’ouverture du feu des policiers sur celles des gendarmes. Elle s’inscrit donc dans une stratégie de militarisation, de contrôle et de répression dans les quartiers, les espaces publics et les manifestations. Les législateurs (au Sénat et à l’Assemblée) envisagent de généraliser ces mesures à tous les « agents des forces de sécurité ». Ils pourront ainsi faire usage de leurs armes s’ils ne peuvent « défendre un terrain occupé », si quelqu’un « s’enfuit » ou « échappe à leur surveillance »… Autant dire un permis de tuer.
Elle fait écho de manière glaçante aux expériences multiples et communes que nous avons de la police et des gendarmes : intimidations, humiliations, interpellations violentes, propos racistes et sexistes... Le viol subi par Théo à Aulnay-sous-Bois en est le dernier acte à ce jour.
Avec l’adoption de cette loi, il sera encore plus difficile de faire condamner les violences policières par la justice. La loi veut entériner des pratiques qui existent de fait, les justifier. C’est une déclaration de soutien de l’État à son bras armé. Elle opère un changement idéologique et consacre la version policière comme seule vérité.
Nous rappelons que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a déjà pointé du doigt les pratiques de la police française, à maintes reprises.
Nous dénonçons les prétextes d’anti-terrorisme, car nous les savons au service de la répression de nos luttes. Nous estimons qu’il s’agit aussi d’une réponse directe et favorable de la part du gouvernement aux revendications des manifestations illégales des policiers ces derniers mois.
Nous dénonçons par ailleurs l’alourdissement des peines pour « outrage et rébellion » et « outrage en réunion ». Les emprisonnements et amendes doublent en s’alignant sur le régime des peines pour « outrage à magistrat ».
Nous dénonçons la communication du gouvernement qui visite les victimes de violences policières, multiplie les déclarations pour condamner des comportements "marginaux de la police" et qui légifère dans le même temps des lois de plus en plus répressives.
Nous nous associons à la plainte déposée par Amal Bentounsi car nous savons que la police continuera de faire usage de ses armes tout en invoquant la légitime défense comme couverture de ses crimes.
VÉRITÉ ET JUSTICE POUR ADAMA TRAORE, AMINE BENTOUNSI, ALI ZIRI, ABOU BAKARI TAMBIA, LAMINE DIENG, HAKIM AJIMI, REMI FRAISSE… MORTS ENTRE LES MAINS DE LA POLICE ET DE LA GENDARMERIE !
NOUS EXIGEONS L’ABANDON DE CETTE LOI !
NOUS APPELONS À LA CRÉATION COLLECTIVE D’UN DÉBAT PUBLIC SUR LES VIOLENCES D’ÉTAT !