La police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, communiqué au sujet de S. à la suite de Sainte-Soline

Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline

  • Communiqué des camarades du S n°7 : Un an après

    Le 25 mars à Sainte-Soline ne sera jamais un anniversaire que l’on célèbre. Loin d’une victoire politique, cette date rappelle plutôt le carnage que l’État français a perpétré à l’encontre de celles et ceux qui avaient fait le choix de lutter.

    Mais certains récents événements nous ont permis de nous réjouir et de fêter ça ensemble. Le S, après un échec d’opération due à une infection en octobre dernier, a été de nouveau opéré. L’objectif de l’opération (cranioplastie) était de reconstituer la boite crânienne percutée par la grenade.

    Tout s’est bien déroulé et le S a de nouveau un crâne opérationnel ! C’est une étape-clé dans son processus de reconstruction qui a été franchie. Il continue à récupérer chaque jour des aptitudes, au prix d’efforts de rééducation importants. De lourdes séquelles persistent, mais sa détermination et la solidarité qui la nourrit nous renforce dans ce qu’on a défendu depuis le début : le refus de s’écraser. Preuve s’il en fallait qu’il ne faut jamais rien lâcher, quelle que soit la force des puissants. En être ici un an après la tentative de meurtre, ça donne l’impression de sortir vainqueur d’une défaite !

    À l’heure des bilans, que tirer de Sainte-Soline ? La manifestation du 25 mars 2023 a été l’occasion pour nombre d’entre nous de participer à un élan collectif puissant autour du refus en acte de céder, ne serait-ce qu’un pouce de terrain, aux intérêts capitalistes, ici contre un projet d’accaparement de l’eau au profit d’une industrie agraire faiseuse de cancers, de pauvres et de sécheresses. Tandis que certaines fractions politiques ont fait de la lutte contre les grands projets un programme à long terme pour la constitution d’un camp social-démocrate que nous gerbons, nous y avons participé principalement pour ce que ce moment représentait : une reprise d’initiative en faveur de la force collective.

    En effet, fort du succès de la première manifestation, le deuxième acte de Sainte-Soline avait la particularité de faire écho à ce qu’il se passait dans la rue alors. Le mouvement contre la réforme des retraites avait connu un regain d’intensité après le 49.3 et les manifestations de rue, inondées de gaz lacrymogènes, s’échappaient peu à peu du nuage soporifique que les directions syndicales avaient installé depuis le mois de janvier.
    Sainte-Soline s’est transformé en enjeu symbolique et un symbole se défend souvent au canon. L’État ne voulait pas perdre la bassine, parce qu’il ne voulait pas perdre la face. S’en est suivie la démonstration d’un corps militaire surarmé, qui avait pour instruction de mutiler les corps et les esprits, dans un affrontement asymétrique, en rase campagne, depuis une position en hauteur. Notre camarade a échappé à la mort grâce à la détermination de celles et ceux qui l’ont protégé et soigné, sous le regard goguenard des militaires. Nous n’oublierons pas.

    Depuis mars 2023, rien n’a cessé. Les démonstrations de force se sont succédé. Tout est symbole. L’État impose la terreur partout où il passe et convoque le pire pour nous convaincre de lui laisser le champ libre. Nous ne pourrons pas ici énumérer toutes les personnes, dans les cités ouvrières principalement, à qui la police a enlevé la vie depuis mars 2023. Les révoltes après l’assassinat à bout portant de Nahel ont reçu comme réponse immédiate la puissance de feu des équipes tactiques de la flicaille. Au lendemain des assauts des jeunes prolétaires contre les blindés et les fusils à pompe, l’État n’avait qu’un mot à la bouche : la discipline contre les prolétaires, jeunes et moins jeunes. Il veut une population aux ordres, pour que la classe se tienne sage. Il ne parle que de guerre prochaine et de sécurité, à grand renfort de coups de communication patriotiques, de financement du SNU et de répression tous azimuts. À entendre ses représentants, échapper au destin funèbre dont nous sommes témoins en plusieurs endroits du monde ne tiendrait qu’à notre soumission aux ordres.

    Aujourd’hui, difficile de parler de la terreur d’État sans évoquer le massacre au grand jour des Palestiniens par l’État israélien. Pour rédiger ce communiqué, nous avons beaucoup discuté de la manière, et même de la pertinence, de lier dans un seul texte, un retour sur Sainte-Soline avec la colère sourde qui nous tient quand nous portons notre regard sur cet épisode et sur d’autres, constitutifs d’une situation internationale terrifiante.
    Il ne s’agit pas de comparer ces situations pour produire des équivalences, mais d’essayer de les lire à partir d’une même lunette, celle de la gestion prévisionnelle de notre répression. Le génocide des Palestiniens de Gaza signale aux prolétaires du monde entier ce que les gouvernants sont capables de faire, en chœur, pour le maintien de leur classe. C’est une blessure mondiale qui nous renvoie à notre impuissance.

    Voilà le sale boulot des États : ils savent que, par leurs ravages et leurs carnages, ils produisent des traumatismes et s’en frottent les mains. Ils nous veulent saisis d’effroi et savent profiter de ce moment pour avancer encore, toujours plus, pour leur profit et vers notre écrasement.

    Mais ce monde n’est pas réductible à leurs calculs glacés. Nous qui sommes des milliards, nous les exploités, avons aussi un langage qui nous est propre et s’invente au gré des luttes. Il parle de solidarité, de force collective et de victoires, y compris dans les moments les plus sombres de leur Histoire comme aujourd’hui. Il permet aussi de désigner un horizon : celui d’une révolution mondiale, seule visée suffisamment ambitieuse pour gagner la puissance de libération nécessaire à la mise en PLS de ce monde de merde !

    On ne lâchera pas l’affaire.

    P.-S.
    Après les épreuves traversées, nous souhaitons produire un bilan des Camarades du S pour paver le chemin de la résistance aux répressions qui jalonneront nos luttes. Pour y parvenir, nous serions intéressés par des retours critiques de la part de ceux et celles qui ont suivi et participé, de près ou de loin, à cette initiative.
    Vous pouvez envoyer tout témoignage, texte, réflexion ou analyse en ce sens à l’adresse « s.informations[at]proton.me ».

  • Communiqué du S du 17 Juin

    Salut tout le monde,

    Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tiré en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les États font le pari de la terreur et de notre passivité.

    Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

    Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

    La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

    Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

    Force aux camarades actuellement dans le viseur des États !

    Vive la Révolution !

    A vite dans les luttes.

    Le S

    A lire aussi en Allemand et en Espagnol sur le blog des camarades du S

  • Communiqué n°5 des camarades du S : Des nouvelles du S

    Serge a officiellement quitté le service de réanimation du CHU de Poitiers. Cela signifie que son pronostic vital n’est plus engagé au jour d’aujourd’hui. Nous remercions encore une fois tous les travailleurs et travailleuses du soin qui lui ont permis d’y parvenir. C’est une étape importante, mais pas la dernière. Il a été admis dans un autre service conventionnel où il continuera à recevoir les soins adaptés à sa blessure et à ses douleurs quotidiennes. Une fois cette période de soins achevée, nous pourrons envisager de démarrer un cycle de rééducation intensive afin que Serge récupère tout ce que l’État a tenté de lui enlever. Nous n’avons aucune certitude, mais une confiance sans borne en notre camarade dont la détermination reste inébranlable.

    Cette détermination, on a pu la retrouver avec rage et joie, dans les rues, en France et ailleurs, avant, pendant et après la semaine du 1er mai. Nous tenons à remercier mille fois toutes les personnes qui ont répondu à l’appel à action et ont dédicacé leurs actes aux blessés et aux enfermés du mouvement. Nous avons fait le maximum pour faire de notre blog une modeste caisse de résonance. Nous continuons à lutter, et la répression ne s’est pas arrêtée le 25 mars 2023. Nous saluons le courage des camarades mutilés et enfermés des dernières semaines. Rien n’a changé mais tout commence. La période ne laisse pas de marges de manœuvre mais ouvre la voie à de nombreuses initiatives pour renforcer l’efficacité de notre camp.

    Comme nous le pressentions dans notre quatrième communiqué, les directions syndicales n’ont pas trouvé de parade à la mise à l’amende gouvernementale. Ils ont capitulé et nous convoquent plus d’un mois plus tard, au lendemain d’un premier mai à l’intensité historique. L’unité syndicale par laquelle ils encadrent le mouvement contre la réforme des retraites est une opération de maintien de l’ordre contre celles et ceux qui veulent gagner. A peine ont-ils quitté le cortège qu’ils s’empressent, en ordre dispersé, leur boutique sous le bras et l’unité sous le pied, d’aller se vautrer dans le bureau de Borne pour espérer consolider leurs appareils respectifs.

    Qui attend encore quelque chose de ces gens-là ? Il serait irresponsable de leur laisser le pouvoir sur nos luttes. Pour garder notre force, nous devons construire et/ou entretenir des réseaux de camaraderie aptes à renforcer notre autonomie. Les prises de bâtiments, les rencontres entre assemblées de lutte, le maintien d’une ambiance déterminée à harceler le bloc de l’ordre contribuent au renforcement de nos capacités d’action. Proposer des espaces de lutte dénués de politicards, de manipulation et de trahison est aussi une adresse à celles et ceux qui vont nous rejoindre. L’agenda de la classe capitaliste est chargé. Soyons à la hauteur de leur promesse d’écrasement.

    Vive la révolution !

    Les camarades du S

  • Communiqué n°4 des camarades du S : Le défi de l’autonomie

    Notre camarade Serge se bat pour revenir parmi nous et le fait avec une détermination implacable. Ce combat qu’il mène, que nous menons, contraste drastiquement avec l’ambiance de fin de mouvement que l’État, par l’arrogance, la répression et la promesse du pire, tente de faire avaler aux gens en lutte. Alors que les syndicats cherchent à tout prix une porte de sortie pour cacher, tant bien que mal, la déculottée que leur administre le gouvernement depuis maintenant quatre mois, nous sommes nombreuses et nombreux à rester déterminés pour que rien ne se passe comme les tenants de l’ordre social l’espèrent. Mais comment peut-on faire ?

    Depuis le 25 mars, les camarades du S tentent d’appuyer les multiples initiatives de débordement qui, selon nous, correspondent au dépassement du train-train syndical, au renforcement de la lutte, à la solidarité offensive, pour la révolution. Il nous tenait à cœur de rappeler, depuis notre position spécifique dans le mouvement, que la solidarité envers les blessés et les enfermés se fait par le renforcement de la lutte, et non dans les seuls méandres du face à face avec l’État et ses tribunaux. Les initiatives de débordement, dont la face émergée brille de mille feux de poubelles dans les rues, se fabriquent dans le mouvement, à l’occasion de rencontres opportunes et d’organisations collectives concrètes pour donner de la force à toutes celles et ceux qui luttent aujourd’hui. L’auto-organisation des prolétaires, qu’il s’agisse de coordinations, de réseaux, de collectifs, de groupes, etc., nous permet d’imaginer la suite, loin du tempo imposé qu’on vomit à chaque dispersion. Le risque dans le moment actuel est de se perdre de vue, que la vague se retire et que chacun échoue dans son trou. La semaine du 1er mai s’annonce comme un moment important, et il ne tient qu’à nous d’en faire une rampe de lancement pour construire nos forces. La semaine d’actions à l’appel des camarades du S, en dédicace aux blessés et aux enfermés, peut s’y prêter, pour renforcer le camp de celles et ceux qui ne lâcheront rien.

    Nous ne nous poserons jamais en centralité à rejoindre pour la simple et bonne raison qu’un mouvement sans tête ne se dissout pas et qu’une direction, qu’importe son apparat radical, finit toujours par avoir ses propres intérêts, opposés aux nôtres. La trahison s’impose comme funeste destin et avec elle, la répression tous azimuts de ce qui donne de la force au mouvement. Nous le répétons : qu’importe le régime de gouvernement de la vie capitaliste contre lequel on se bat aux quatre coins du monde, aucune concession ne nous sera faite. Renforcer nos capacités d’auto-organisation, par le biais d’assemblées autonomes, de réseaux de lutte, de groupements spontanés, qu’importe la forme tant qu’elle est horizontale, est peut-être le défi qui s’impose à nous aujourd’hui. Il s’agit là du défi de notre autonomie, pour ne plus avoir à subir les généraux de mouvement et leur encadrement. Nous ne serons jamais de bons petits soldats.

    Nous réitérons notre appel à action de la semaine du 1er mai et nous nous engageons à en faire le relai de la façon la plus efficace possible, pour que chacun, selon ses besoins et ses moyens, puisse y participer.

    Force aux petits du 20e parisien que les flics ont essayé de tuer.

    Force à Serge et à tous les blessés et enfermés, encore !

    Vive la révolution mondiale !
    Les camarades du S

  • Communiqué n°4 des parents de Serge (26 avril 2023)

    Un mois après le tir de grenade qui a gravement blessé à la tête notre fils Serge, le 25 mars 2023, lors de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, l’incertitude subsiste encore concernant son avenir.
    Selon les critères médicaux purement cliniques, Serge est sorti du coma. Cela signifie qu’il entrouve les yeux, mais nullement qu’il est réveillé.
    Les soins qui lui ont été dispensés depuis son arrivée à l’hôpital ont visé à juguler diverses lésions et infections. Celles-ci ont pour origine le tir de grenade dont il a été victime, mais aussi les conditions dans lesquelles les premiers secours lui ont été dispensés sur les lieux mêmes de la manifestation — les forces de l’ordre interdisant aux pompiers et aux ambulances d’accéder aux personnes blessées pour les prendre en charge.
    Ces soins ont contribué à ce que l’état de Serge, qui reste d’une « extrême fragilité », ne se dégrade pas davantage. Cela permet d’espérer son retour à la conscience, mais ce n’est pas encore le cas.
    A ce jour, il est impossible d’affirmer que Serge va recouvrer ses esprits et l’usage de son corps (ses membres et ses sens, sa capacité de respirer et de parler) ou d’évaluer les séquelles de sa blessure, et une rechute infectieuse demeure à craindre.
    Son pronostic vital reste donc engagé. C’est pourquoi nous dénonçons toute utilisation qui pourrait être faite à la sortie de son coma : Serge est malheureusement fort loin d’être tiré d’affaire. Prétendre le contraire serait un pur mensonge.

    Les parents de Serge,
    le 26 avril 2023

    Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.

  • Communiqué du local Camarade (Toulouse) où milite Serge, blessé à Sainte Soline

    Le local Camarade, ouvert en 2017, est un espace qui porte des positions et des propositions pour en finir avec la vie chère et le travail à vie, pour la solidarité et l’autodéfense de classe, pour les soulèvements, pour la révolution, contre la dissociation au sein des luttes et des mouvements, contre les catégories du pouvoir du bon et du mauvais manifestant, dans les mouvements de lutte à Toulouse et au-delà.

    Serge en est un membre actif depuis son ouverture, ouverture initiée dans la continuité d’une histoire politique dont nombre d’entre nous faisions déjà partie à l’époque. Nous sommes de vieux camarades et amis qui se sont rencontrés dans les luttes qui ont perturbé le train-train quotidien de l’écrasement capitaliste ces quinze dernières années.
    La ridicule opération de diabolisation de Serge a rapidement été étouffée par les dizaines de témoignages qui ont répondu à l’appel des camarades du S pour dire qui il est, et nous les en remercions chaleureusement. Il ne pouvait en être autrement.
    Nous remercions également toutes les personnes qui ont pris soin de notre ami pendant que les militaires le regardaient mourir.
    Nous remercions aussi toutes les personnes qui ont témoigné leur solidarité, par des mots, par des actes. Nous reprendrons très vite les activités du local pour nous retrouver et continuer la lutte.

    Nous en profitons pour rappeler à tous les politicards qui essaient de capitaliser sur la situation de Serge qu’il ne les aime pas.

    Aujourd’hui comme hier, l’État nous fait la guerre. De Sainte-Soline au mouvement des retraites, à ceux passés et à venir, l’étau policier constitue sa seule et unique réponse. Derrière le carnage de Sainte-Soline, l’État a d’ailleurs concrètement signifié son intransigeance vis-à-vis de tout ce qui le remet et le remettra en question.

    L’État ne peut réfléchir autrement qu’en identifiant un ennemi. Il construit une identité, ici « l’ultra-gauche ». Il mène ensuite une opération de ciblage de cette identité, où les critères d’appartenance sont relativement flous (le ministre a réussi à y inclure la LDH), en espérant que les cercles les plus éloignés du point névralgique engagent un mouvement de retrait pour laisser la police faire son travail et écraser les récalcitrants. Tandis que l’État brandit la menace de l’ultra-gauche, c’est autre chose qu’il veut écraser.

    Les groupes politiques qu’il cible ne sont pas le débordement. Le débordement, ce sont nous tous qui luttons contre l’État, contre l’exploitation, ici et maintenant.

    Le débordement, c’est quand on ne peut se résoudre à arrêter une grève pendant que les puissants nous crachent à la gueule leur mépris de ce que nous sommes, avec ou sans réquisition.

    Le débordement, c’est quand on ne peut pas accepter de rentrer chez soi après un onzième défilé encadré par les syndicats et leur instinct de défaite, la tête chargée de questions sur les thunes qu’on a perdues à faire grève sans y prendre une part active.

    Le débordement, c’est quand, après un après-midi dans les gaz, sous les matraques et à portée de LBD, de grenades assourdissantes, de désencerclement et de GM2L, on se dit « plus jamais ça » et on décide de se protéger de ces assassins assermentés.

    Ce débordement, c’est le moment où le mouvement prend une nouvelle dimension. A l’heure actuelle, de nombreuses composantes en sont là et basculent dans l’organisation pratique pour arracher des victoires. Parce que c’est ça l’objectif d’une lutte. Nous devons nous donner les moyens de gagner.

    Au prétexte de la vague figure de l’ultragauche, l’État s’attaquera en réalité à nous tous, à toutes les pratiques qui cherchent la solidarité dans la lutte, pour tenir face à lui.

    La première victoire, c’est l’unité dans la lutte, le refus de la division. Le débat stratégique sur l’unité se polarise entre deux positions. D’un côté on nous vante l’unité politique derrière la gauche, qui signifie l’extension de l’encadrement du mouvement, des partis et syndicats qui capitalisent sur nos luttes.

    A cette unité dans la récupération, nous opposons l’unité dans la lutte, par l’extension du mouvement dans le temps et dans l’espace, par la construction d’un mouvement massif, révolutionnaire et autonome, pour que tout le monde vive bien.

    C’est en ce sens que nous appelons à renforcer la solidarité dans les cortèges, entre les prolétaires, entre les secteurs, dans la grève comme sur les blocages et dans la rue et cela partout dans le monde, car la situation de Serge et du mouvement actuel contre le vieux monde parle et résonne dans d’autres contrées du globe. Nous rejoignons aussi l’appel à nous protéger des forces de police et de gendarmerie.

    Merci de faire tourner

    Force à Serge, vive le communisme & l’anarchie. On continuera jusqu’à la victoire de la Révolution mondiale !

  • Communiqué n°3 des camarades du S

    De bonnes nouvelles pour Mickaël !
    Mickaël est sorti de réanimation samedi 8 avril pour passer dans un autre service de l’hôpital. Il reprend peu à peu ses esprits, peut à nouveau parler et être avec ses proches. Il garde la force même s’il sait qu’il n’est pas passé loin de la mort. La première chose qu’il a dit aux camarades du S, c’est « Toujours Gilet Jaune ! ». Grosse force à toi Mickael. Tout n’est pas fini, et 15 jours de réanimation ne s’effacent pas d’un claquement de doigt. Mais en tout cas, on est sur la bonne voie pour ce camarade.

    Pour continuer à le soutenir, vous pouvez donner des thunes ici et bien sûr continuer la lutte ! La famille a déjà pu récupérer de l’argent de la cagnotte de Bassines Non Merci et de la cagnotte des camarades du S pour combler le trou que cette affaire fait et va continuer à faire dans leur vie (perte de taf, perte de caf, allers-retours Poitiers-Blois, logements etc.).

    En prime, avec son accord, une petite photo de Mickaël pour redonner la pêche et pour nous rappeler qu’on ne se laissera pas écraser par l’État !
    Le blog des camarades du S

  • Communiqué n°3 des parents de Serge

    lu lors de la soirée de soutien aux Soulèvements de la terre à Paris

    La menace de dissoudre un des collectifs qui ont appelé à manifester contre les bassines, le 25 mars, est une nouvelle illustration du mépris que ce régime exprime envers quiconque veut faire barrage à la politique qu’il mène au service de la bourgeoisie. Il s’agit en effet pour lui d’accréditer l’idée que les milliers de manifestants présents à Sainte-Soline auraient été des enfants sans aucune autonomie, arrivés là sous l’influence de quelque puissance occulte.
    Menacer de dissoudre des structures qui organisent la solidarité contre la répression est un autre reflet de ce mépris consistant à faire croire que les gens eux-mêmes, à la base, sont incapables de s’organiser pour se défendre.
    Or c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui en France.

    À Sainte-Soline, il n’y a pas eu, d’un côté, les « bleus » et les « noirs » et, de l’autre, les « familles ». Les dizaines de milliers de personnes participant à cette manifestation interdite savaient que les plus mobiles se trouveraient dans le cortège chargé d’ouvrir le chemin vers la bassine, et nul ne dissociait les « non-violents » des « violents », les « bons » manifestants des « mauvais ». La complicité entre les uns et les autres était évidente. Ces dizaines de milliers de personnes ont agi ensemble, chacune selon ses possibilités, contre le modèle capitaliste que représentent les bassines et malgré les menaces de répression émanant de l’État. Et elles ont été capables, ensemble, de résister physiquement au bras armé de cet État.

    La violence a été du côté des forces de l’ordre, qui ont visé l’ensemble des manifestants.
    Les 200 blessés de Sainte-Soline – dont notre fils Serge et Mickaël, les plus gravement atteints – ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion de l’ordre », d’erreurs de tel ou tel, ou simplement le fruit du hasard. Le responsable de ces 200 blessés, c’est un État qui a pour seul objectif, dans la période actuelle, de mettre à genoux toute contestation sociale afin de mieux gérer l’exploitation du travail dans les années à venir, face à la crise que connaît le capitalisme pour se perpétuer.

    La répression policière et juridique est omniprésente et se répand comme la misère sur le pauvre monde, mais nous ne nous laisserons pas enfermer dans un combat contre cette répression qui accaparerait tous nos espaces et notre vision de la vie. Car notre monde, c’est aussi celui de la lutte, et la lutte c’est la fête. La fête, ce sont les barbecues des gilets jaunes sur les ronds-points ; ce sont les cris et les chants lors des manifestations contre la réforme des retraites ; c’est l’expression créative et colorée que peuvent avoir les manifestations des femmes ou des homos ; ce sont les grèves ou les occupations dans lesquelles les salariés se découvrent sur leur lieu de travail ; ce sont les blocages joyeux de routes ou de lycées...
    Contre la répression, ces espaces de lutte et de fête témoignent que le monde doit changer de base, et que nous avons en nous, dès maintenant, la capacité d’y parvenir en les mettant en valeur et en les élargissant.

    Nous n’avons besoin d’aucune « figure » ou d’aucun parti pour nous indiquer la voie à suivre tout en nous prenant par la main.
    Nous maintiendrons notre union dans un même combat contre l’aménagement capitaliste du territoire, et notre solidarité contre la répression. On ne tue pas un mouvement en déclarant dissoutes certaines de ses structures ou en les interdisant.
    Dissolution ou interdictions ne changeront donc rien.
    Et nous ne céderons pas aux palinodies de partis politiques qui cherchent encore à parler en notre nom alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.
    C’est en nous que nous devons avoir confiance pour repousser l’assaut de l’État policier, comme celui d’une extrême droite à l’affût.

    Les parents de Serge,
    le 12 avril 2023
    Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.
    En pdf :

  • Communiqué n°2 des parents de Serge

    Texte à retrouver sur le blog des camarages de S

    Cela fait maintenant 10 jours que Serge est dans le coma, suite à la grenade qu’il a reçue à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les bassines du 25 mars. Son pronostic vital est toujours engagé.

    Nous et sa compagne remercions toutes les personnes (camarades, proches et anonymes) qui ont manifesté leur soutien et leur solidarité envers lui.

    Nous remercions les dizaines de milliers de camarades qui se sont exprimés dans la rue, devant les préfectures et ailleurs, le jeudi 30 mars, contre l’ordre policier installé en France.

    Nous remercions tous ceux et celles qui ont porté assistance aux blessés pendant la manifestation, ou qui ont apporté leur témoignage concernant la répression à Sainte-Soline, en particulier par rapport à Mickaël et à Serge.

    Nous remercions enfin l’équipe médicale qui est à leurs côtés afin de les aider à se battre pour vivre.

    Ce combat pour la vie, Serge le mène avec la même force que celle qu’il met à combattre un ordre social dont la seule finalité est de maintenir la main de fer de la bourgeoisie sur les exploités.

    Soyons solidaires de tout ce que Darmanin veut éradiquer, dissoudre, enfermer, mutiler – du mouvement des retraites aux comités antirépression, des futures ZAD au mouvement des blocages. Le terrorisme et la violence sont chaque jour du côté de l’État, pas de celles et ceux qui manifestent leur rejet d’un ordre destructeur.

    Les parents de Serge

  • Communiqué n°2 : À propos de la construction policière autour de Serge et des autres blessés de Sainte Soline

    Alors que notre camarade Serge se bat comme un lion pour garder la vie que l’État essaie de lui enlever, nous assistons à un nouveau déferlement de violences, cette fois-ci médiatiques, qui vise à faire de lui un homme qu’on peut légitimement abattre. Aujourd’hui, il est toujours dans le coma et son pronostic vital est toujours engagé. Notre solidarité va aussi à Mickaël et à toutes celles et ceux qui ont rencontré la violence de la police sur leur chemin.

    Les mots du pouvoir d’état sont inlassablement répétés sur les plateaux des médias bourgeois pour construire l’ennemi qu’ils veulent combattre. Leur écran de fumée ne supportera pas les dizaines de récits qui sont venus recomposer le déroulement des faits. La gendarmerie a utilisé des grenades dans le but d’abîmer les manifestants et a orchestré la faillite de la prise en charge des secours, quitte à laisser mourir les camarades.

    Les services de renseignements distribuent à tour de bras le dossier de Serge dans les rédactions dans le but d’imposer le prisme policier pour désigner ce que nous sommes. Nous ne nous amuserons pas ici à démonter chacune des versions policières volontairement tronquées. Ça serait croire qu’une quelconque vérité à ce sujet puisse exister dans les arcanes des propagandes étatique et médiatique. Serge, en tant que militant révolutionnaire, participe depuis de nombreuses années de toute sa volonté aux différentes luttes de classe qui surgissent contre notre exploitation, toujours dans un souci d’élargissement, de renforcement et de victoires pour les prolétaires.

    Parce que oui, nous ne pouvons pas nous résigner à l’écrasement.

    Nous appelons toutes celles et ceux qui le connaissent à dire autour d’eux qui il est. Mais en se souvenant d’une chose : Serge, dans la lutte, refuse la stratégie du pouvoir de désigner les bons et les mauvais. Nous tenons, avec lui, cette ligne.

    Mardi 28 mars, des gens d’un peu partout ont pris l’initiative de témoigner de leur solidarité au cœur du mouvement contre la réforme des retraites en France. Nous avons également reçu de nombreux messages de camarades d’autres pays. Nous les en remercions chaleureusement et les invitons à poursuivre et renforcer la lutte. D’autres initiatives sont d’ores et déjà programmées et nous appelons les gens à les rejoindre et à les multiplier, sans modération, en France et dans le monde.

    Nous appelons à diffuser massivement ce communiqué.

    PS : de nombreuses rumeurs circulent sur l’état de santé de Serge. Ne les relayez pas. Nous vous tiendrons informés de l’évolution de la situation.

    Pour nous contacter : s.informations@proton.me

    Des camarades du S.

Samedi 26 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.

Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

Vive la révolution.

Des camarades du S.

PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me

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