Grand banquet de la parole errante le 7 mai à partir de 13h, Place Jean Jaurès, Métro Mairie de Montreuil.
Nous sommes nombreux, sur ces dix dernières années, à être venus une fois, souvent, tous les jours ou chaque année à la Parole Errante : à l’occasion d’un concert, d’un festival, d’une discussion, d’une répétition, d’un spectacle de théâtre, de conférences, de soirées de soutien, d’assemblées politiques, d’ateliers de sérigraphie, et de nombreux autres événements et initiatives. La fin de la Parole Errante est annoncée pour l’été 2016 par le Conseil Général, propriétaire des lieux. La forêt brûle !
De tels lieux, où l’accueil n’est pas entièrement conditionné par l’argent et n’exige pas de reconnaissance institutionnelle préalable, sont décisifs dans la ville de Montreuil, mais aussi plus largement à Paris et ailleurs. Représentation de compagnie de théâtre amateur ou professionnelle, fête d’un syndicat ou d’association de quartier, bal de toutes tailles ou discussion collective prévue dans l’urgence : nous avons besoin de lieux pour habiter le monde. Des lieux multiples, ouverts à toutes sortes de réalités pour qu’elles puissent se rencontrer, qu’il soit simple d’y passer, de passer la porte peu importe qui l’on est ou d’où l’on vient.
La privatisation des espaces dont les usages furent communs, partagés, ouverts sur la ville est un enjeu politique crucial dont nous devons nous saisir. C’est une question commune, qui ne doit pas appartenir aux seules politiques culturelles, urbaines ou territoriales : elle concerne le devenir de nos villes, de nos quartiers, de nos manières d’habiter.
La Parole errante est le fruit de la rencontre entre une ancienne usine et la tribu emmenée par Armand Gatti pendant près de 30 ans. À l’été 2016, le bail qui lie le Conseil Général à la Parole errante arrive à échéance. Un collectif d’usagers, metteurs en scène, comédiennes, libraires, écrivains, réalisatrices, musiciennes, enseignants, éducateurs, militantes, a pris l’initiative d’imaginer un devenir pour ce lieu et d’écrire un projet nommé La parole errante demain. Le Conseil Général ignore aussi bien ce projet que le passé du lieu. Si une époque de la Parole Errante se termine, pour autant, l’imagination de son futur devrait repartir au contraire de son histoire, et des besoins et potentialités, qui s’y sont formulés ces dix dernières années.
Nous organisons le 7 mai une journée publique, un banquet, et une soirée festive pour que les devenirs de la Parole Errante ne se décident pas qu’à l’ombre des bureaux du Conseil Général. L’usage des espaces est une question politique, commune, qui ne concerne sûrement pas seulement ceux qui les possèdent !
Ne laissons par fermer la Parole Errante
Vous êtes nombreux à être venus dans ce lieu pour répéter ou assister à une pièce de théâtre, organiser ou écouter un concert, présenter ou voir un film, convoquer une assemblée ou simplement y prendre la parole.
Il y a une vingtaine d’années, Armand Gatti, poète et dramaturge anarchiste, fondait à Montreuil, la Parole errante. Depuis lors, on ne compte plus les initiatives culturelles, sociales et politiques qui ont bénéficié de ce lieu. Rares sont les espaces en région parisienne qui pratiquent une telle ouverture où ni l’argent, ni la reconnaissance préalable ne constituent une barrière. Ici, se côtoient des créateurs confirmés, la première d’une compagnie naissante, un festival international, un festival de quartier, une fête communautaire et une assemblée.
Du fait de son indépendance, la Parole errante a aussi accueilli de nombreuses luttes. On peut citer à titre d’exemples, le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, les assemblées populaires faisant suite à l’assassinat de Rémi Fraisse, l’équipe du cinéma le Méliès en lutte, de nombreux concerts de soutien à la ZAD de Notre-Dames-Des-Landes, aux prisonniers de Villiers-le-Bel, etc.
En mai 2016, le bail qui lie le Conseil Général de Seine-St-Denis à la Parole errante arrive à échéance. Un collectif d’usagers, metteurs en scène, comédiens, libraires, écrivains, réalisateurs, musiciens, enseignants, éducateurs, militants, a pris l’initiative d’imaginer un devenir pour ce lieu et d’écrire un projet nommé La parole errante demain. Un projet qui part de l’histoire réelle du lieu et de la diversité des besoins matériels et existentiels auxquels il a répondu. Un projet fondé sur l’accueil et la solidarité, où les dimensions sociales, politiques et culturelles continueraient de se croiser. Un projet de recherche, d’expérimentation et de fabrication du commun.
Après une quasi-année de silence et d’atermoiement, sans qu’aucune réponse n’ait été donnée, sans qu’aucun projet clair n’ait été formulé publiquement, le Conseil Général a finalement fait savoir qu’il reprenait les clefs et fermait la Parole errante à la fin de l’été 2016.
Sans aucun égard pour les usagers permanents du lieu : un café librairie, une coopérative de films documentaires, des ateliers de théâtre, de sérigraphie, de gravure. Sans aucun égard pour toutes les réalités qui bénéficient de ce lieu jour après jour, mois après mois, années après années. Sans aucun égard pour tous ceux qui en auront besoin à l’avenir en dehors de toute logique de rentabilité ou de reconnaissance, mais simplement parce qu’ils en ont besoin et que partout les lieux manquent.
Ce lieu est voué a être normalisé, mis au pas. Plus question d’entrée libre, d’expériences musicales, théâtrales, cinématographiques hors normes, de concert de solidarité, de fête de quartier, de fête syndicale, d’assemblée en lutte contre la réforme de la psychiatrie, contre les violences policières, contre la réforme du code du travail, etc.
Ce mépris des politiques à l’égard de nos besoins, de nos aspirations, de nos lieux, de nos vies, de nos luttes, nous le connaissons tous. Et nous sommes plus en plus nombreux à le dire dans la rue, sur les lieux de travail, dans et hors des institutions : cela suffit !
Les enjeux de défense de la Parole errante concernent le mouvement en cours et à venir en tant qu’elle a été l’alliée et un support de nombreuses luttes des dernières années.
Les enjeux de défense de ce lieu concernent les pratiques sociales et culturelles mineures qui tissent nos existences et qui trouvent à la Parole errante un point de rencontre, un espace d’existence.
Enfin, les enjeux de défense de ce lieu concernent la ville où nous vivons. La culture est un outil de transformation de la ville et de sa population. Si la Parole errante ferme, le lieu se transformera en un lieu culturel normalisé et inféodé, et c’est la ville qui continuera de se transformer dans le sens d’une dépossession...
Lutter pour La Parole errante, c’est lutter pour le territoire où nous vivons, pour ne pas perdre pied ou reprendre pied, sentir un sol commun, une possibilité de se retrouver, de résister, de lutter, d’exister.
Pour nous rejoindre et défendre la Parole errante
Grand banquet de la parole errante demain
Samedi 68 mars ou le 7 mai à partir de 13h,
Place Jean Jaurès, Métro Mairie de Montreuil.
Un moment ouvert à tous
Les lundis à 18h au café Michèle Firk à la Parole errante, 9 rue François Debergue 93100 Montreuil.
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