Le Collectif Red Star Bauer a le plaisir de vous inviter à la Journée d’hommage à Rino Della Negra : « Une Etoile rouge ne meurt jamais », Samedi 22 février 2014 à partir de 14h30 au Stade Bauer.
Au programme :
- interventions :
Enrico PERSICO (A.N.P.I.),
Nicolas KSISS-MARTOV (F.S.G.T.) et
Roger GUERIN (conseiller municipal de Saint-Ouen en charge de l’histoire locale, la mémoire et la culture de paix)
-fleurissement de la plaque commémorative de Rino Della Negra
- match de football en l’honneur de Rino Della Negra.
(Entrée libre et gratuite)
Vous trouverez, sur http://collectifredstarbauer.wordpress.com, un programme plus détaillé des événements.
En espérant vous voir nombreux,
Le Collectif Red Star Bauer
Qui était Rino Della Negra ?
« Vingt et un février 1944. Dans la prison de Fresnes. Froid intense. Un maton leur a remis du papier à lettre et des crayons. La main ne tremble pas " Petit frère, je veux t’envoyer un dernier mot pour que tu réconfortes de ton mieux maman et papa (...) Embrasse bien fort tous ceux que je connaissais (...) Envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star (...). Rino
Quelques heures plus tard, une mitrailleuse fauchera par vagues successives, vingt-deux corps sanguinolents fixés à des poteaux (ndlr : la vingt-troisième personne était une femme, Olga Bancic. Les femmes n’étaient pas fusillées, elles étaient envoyées dans des camps pour être décapitées à la hache). Le bruit de la clairière arrive jusqu’à ceux qui attendent leur martyre dans la chapelle du Mont Valérien. A quoi pense le jeune Rino Della-Négra dans ces derniers instants ?
Nul doute à ses parents d’Argenteuil (1) qui vont éprouver un chagrin immense à l’annonce de son décès.
Et puis il songe à cette balle qui court sur la pelouse du Stade Bauer, les hourras de la foule audonienne, les visages de ceux qui symbolisent le bonheur, la libération chérie, les Simonyi, Darui, Fred Aston ... Sans cette maudite guerre et le refus de partir travailler en Allemagne, " il eût été sans doute une étoile du ballon rond, car sa classe était indéniable. Il formait avec Gomez l’aile droite remarquable du Red Star audonien. Joueur intelligent et d’une finesse digne de Ben Barek, il était l’espoir audonien "- ses coéquipiers de 1943 (le Réveil du 25 octobre 1947).
Léon Foenkinos, capitaine de l’équipe en 1942, confirme ce propos.
Rino Della-Negra né en 1923 à Vimy (Pas-de-Calais) de parents italiens, arrive à Argenteuil en 1926. Vers 1937, il travaille à l’usine Chausson d’Asnières. Sa passion du foot ne tarde pas à se manifester dans les clubs sportifs d’Argenteuil.
Sa famille restée en Italie a eu à souffrir de la répression mussolinienne. Pas question d’aller travailler pour le STO (2) en Allemagne ! Il décide d’hâter la libération de la France en s’engageant personnellement aux côtés des partisans, en 1942. Il rejoint la clandestinité et les combats du 3e détachement italien des FTP-MOI (3) de la région parisienne commandé par Missak Manouchian.
Sa dernière planque : 4, passage du Génie-12e, sous le nom de Chatel. Les historiens ont pu retenir sa participation dans l’exécution du général Von Apt, le 7 juin 1943 au 4 rue Maspero, l’attaque du siège central du parti fasciste italien le 10 juin, rue Sédillot, l’attaque de la caserne Guynemer à Rueil, le 23 juin.
Sa dernière action se déroulera au 56 rue La Fayette, le 12 novembre 1943. L’attaque de convoyeurs allemands transportant des fonds sera un échec. Rino sera blessé et arrêté le soir même dans un immeuble de la rue Taitbout (témoignage de Mme Inès Tonsi, son agent de liaison, qui cherchera à le faire libérer d’un hôpital en armant un camion avec une mitrailleuse ...) Robert Witchitz a été arrêté pendant le combat.
Le lendemain et les jours suivants, dix-sept camarades seront appréhendés par la Brigade Spéciale : le 13 novembre, les deux italiens Spartaco Fontanot, Roger Rouxel, le 16 novembre, Olga Bancic et Marcel Rajman, etc.
Missak Manouchian tombera le 15 novembre entre les mains de la police lors d’un rendez-vous avec Joseph Epstein en gare d’Evry-Petit-Bourg. L’épopée des FTP-MOI de la région parisienne s’achevait.
Et l’insupportable suite est connue : l’incarcération, les interrogatoires, la torture, le "procès", le Mont Valérien.
L’Affiche Rouge sur laquelle " des doigts errants avaient écrit sur vos photos Morts pour la France ".
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
(poème de Louis Aragon, mars 1955)(1) Une rue d’Argenteuil porte son nom
(2) Service du travail obligatoire
(3) Si l’on rencontrait des étrangers dans toutes les formes de résistance ( réseaux, maquis... ), il y eu une formation spécifiquement composée d’étrangers : les F.T.P.- M.O.I, c’est-à-dire les Francs Tireurs et Partisan de la Main d’Oeuvre Immigrée.
Issu du site Allezredstar.com