Jean-Louis (ou Didier) Chabaillé, cela ne vous dit rien ?
Ce quinquagénaire s’était présenté aux élections municipales, l’an dernier, en tant que tête de liste dans le 20e arrondissement parisien sous l’étiquette « bleue marine ». Ce candidat est surtout connu pour être commandant d’une compagnie républicaine de sécurité (CRS) d’Ile-de-France. Nous nous en étions fait l’écho en esquissant un portrait ici. Le voilà de nouveau candidat, mais cette fois-ci, pour les élections régionales de décembre.
En Ile-de-France, le Front National a pour candidat à la présidence de la région, Wallerand de Saint-Just (avocat et ami fidèle de Jean-Marie Le Pen). On vous laisse le soin d’admirer brièvement son parcours [1]. Après avoir présenté ses têtes de listes avec fierté devant le ministère de l’Intérieur (quel beau symbole), bien mal lui en prît de se pavaner sur un marché du 20e arrondissement parisien !
En regardant de plus près les listes du FN [2], quelle ne fut pas notre surprise d’y constater la présence de Jean-Louis Chabaillé. Notre amoureux de la matraque et ennemi juré des « loustics antifas » est en 5e position sur la liste parisienne (non-éligible).
Cette proximité CRS-FN n’a rien de surprenant et ne se limite pas à la région parisienne. L’occasion de s’intéresser sur les liens forts qui unissent spécifiquement le FN avec les CRS, illustrés par une série d’exemples non-exhaustifs depuis l’année dernière.
Lors des municipales de 2014, le FN avait ainsi présenté Laurent Gay [3] comme candidat à Marmande, ville du Lot-et-Garonne. Comme notre parisien Chabaillé, il est membre des CRS.
Plus récemment, lors d’élections municipales de Venissieux en mars de cette année (celles de 2014 étant invalidées), c’est Damien Moncheau qui se portait candidat pour le FN. 30 ans, étudiant en droit à Lyon III, président du FNJ du Rhône et policier chez les CRS. Un CV qui fait rêver, n’est-ce pas ?
Pas étonnant d’apprendre ainsi que Louis Alliot ait fait une visite privée à ses copains CRS dans leur caserne de Perpignan, entre deux tours d’élections...
Parfois, ça grince un peu chez nos frontistes CRS soucieux de respecter la ligne politique historique du parti. La nomination d’Olivier Bettati, ancien proche d’Estrosi, comme tête de liste des Alpes-Maritimes pour les régionales, ne plait ainsi pas à Georges Confusi. Cet ancien secrétaire national du syndicat Alliance pour les CRS et co-fondateur de L’Association des retraités des CRS, par ailleurs candidat aux dernières municipales sur la liste FN à Nice, dit ne pas comprendre pourquoi « aller chercher Bettati ou des gens qui retournent leur veste alors que nous avons plein de personnes de valeur au FN ». Mais surtout, il a exprimé son désarroi face à l’éviction de Jean-Marie Le Pen « qui n’a jamais dérogé à ses convictions idéologiques ». Un bel exemple de ces personnes de valeur défendues par notre pandore niçois !
Enfin, Christophe Gillet, secrétaire départemental du FN et CRS « dans le civil », devait mener la liste charentaise aux régionales mais il a été démis de ses fonctions. Selon ses ex-compagnons d’infortune, il paye pour ses propos nauséeux sur les réseaux sociaux et un « caractère exécrable ». Il est même dit que « c’est un petit caporal qui veut que tout le monde soit à ses bottes » ...
Avant chaque élection, les partis font leur « cuisine » interne pour sélectionner leurs candidatEs. Tambouille et branle-bas de combat rythment la vie des formations politiques. En plongeant un peu dans les casseroles du FN, on s’aperçoit ainsi rapidement que les CRS y ont une place importante (comme bien évidemment l’ensemble des tenants de l’ordre établi [4]).
Notons que l’on retrouvera Chabaillé, non pas dans la rue pour sa propagande électorale, mais le casque vissé sur la tête avec ses idées puantes lors de la... COP21. Rendez-vous est pris !
Marc Piccolo et Jeanne Debuis.