Kobanê prise au coeur d’un jeu d’alliances et de conflits contradictoires (il faut savoir ce que recouvre le terme de « Coalition Internationale » tout d’abord. Voir les contradictions explicitées comme suit : USA-Arabie saoudite-DAESH par exemple, ou USA-UE-Turquie-DAESH, ou encore USA-Irak-Iran-Syrie, etc.), et dont le peuple kurde fait les frais...
Nous refusons ce scénario, ainsi que quelques autres...
En effet Kobanê soutient la possibilité d’une troisième voie entre le mal DAESH et le bien de la Coalition Internationale : on connaît bien depuis 2001, il y aura 13 ans cette année, cette faculté du discours de l’anti-terrorisme à créer une fausse alternative binaire, - tout comme il s’agissait déjà depuis deux ans avec la création des cantons du Rojava où Kobanê se trouve, d’une troisième voie entre le régime Syrien et son opposition et de toutes façons, entre capitalisme pétrolier et fondamentalisme, - où il est dit que toute généalogie du système politique et économique se subsumera sous le capitalisme et la guerre.
Contrairement à l’idée selon laquelle DAESH - image réalisée des volontés de toute puissance et des intérêts oligarchiques projetés sur cette région du monde (le pétrôle et le gaz), - serait la conséquence inéluctable des révolutions récentes, comme si toute tentative révolutionnaire ne pouvait qu’aboutir à une contre-révolution, ici selon une version archaïque-moderne qui signalerait une fin de l’histoire -, nous pensons que c’est Kobanê qui les a affirmées et prolongées.
Kobanê nous est laissée : c’est la possibilité d’une politique révolutionnaire et d’une forme de résistance qui possède une portée universelle, défendant l’égalité des femmes et des hommes, et reliant toutes les minorités, d’origine, de religion, de genre, etc. à la fois de façon inclusive et de proche en proche, Acadiens, Assyriens, Turkmens, Yézidis, Kurdes, etc., et nous sommes encore loin de prendre toute la mesure de cette invention et d’en comprendre tout le potentiel d’émancipation.
C’est la promesse et la mise en acte d’autres pratiques, d’autres manières de vivre, et d’autres formes d’organisation en dehors des formes imposées, notamment elle réféchit l’échec d’une vérité particulièrement criante ici du modèle état-centrique. Et c’est une manière de sortir du nihilisme politique dont DAESH et la Coalition Internationale sont le double visage.
Et ce qui nous rapproche, c’est que pour nous la politique, ce n’est pas que des mots mais des gestes, et la violence qui est faite à Kobanê nous est faite aussi. Nous notons par ailleurs qu’au même moment où il y a une résurgence des droites extrêmes ici, il y a DAESH là-bas.
Et même encerclée par DAESH en Syrie et le dos à la frontière surveillée par une armée turque menaçante à l’extérieur et agressive à l’intérieur, Kobanê continue à nous dire ceci : la résistance se construit dans la durée ; elle consiste en l’occupation et la défense d’une position ; l’invention politique a lieu à l’intérieur d’une situation donnée ; et ceci à la fois informe et dépasse la question de l’organisation.
Du Chiapas au Kurdistan, de Sidi Bouzid au mouvement des places (Tunisie, Égypte, Yémen, Lybie, Bahreïn, Syrie, ...), des espaces libérés de la Courneuve, Saint-Denis etc. à ceux Notre-Dame-des-Landes ou No-Tav et du monde entier, et tout comme il existe une situation insurrectionnelle un peu partout au Moyen-Orient, et puis de la Commune à aujourd’hui, cette possibilité nous reste dont le nom est Kobanê.
Inter-séminaire des étudiant-e-s sauvages
Ps : La Charte des cantons révolutionnaires du Rojava (traduction anglaise)