Compte-rendu d’une séance de comparutions immédiates dédiée aux « gilets jaunes »

Les arrestations consécutives à l’émeute de samedi auront rempli les tribunaux. 111 personnes ont été déférées lundi. Pour résoudre ce problème insoluble de place, le pouvoir a trouvé une solution qu’il connaît bien : la justice d’abattage. Compte-rendu des saloperies du tribunal hier.

Quand on arrive, devant l’une des 5 chambres de comparution immédiate ouverte pour l’occasion, ce qui marque d’abord, c’est la présence des journalistes. Les journalistes de télévision qui veulent filmer tout le monde, et surtout les proches des déférés qui pleurent. Mais les journalistes de la presse écrite seront aussi désagréables toute la séance. Ces imbéciles sont comme au spectacle. Ils se permettent des petites remarques sympas, du genre « ah bah aujourd’hui vu le nombre d’arrêtés y aura pas de mal à faire un papier » ou alors «  ils ont vraiment arrêté tous les cassos  ». Superbes de professionnalisme et d’humanité, ces pisse-froids de scribouillards.

A 14h le juge rentre dans la salle et on est obligé de s’humilier à se lever.
Les accusés commencent à arriver.

Petit point d’abord. Il paraît très vite clair que les PV d’interpellations ont été écrits avant toute interpellation et défiant toute logique. La totalité des inculpés n’aura pas participé à la manifestation. Il s’agit d’arrestations menées au préalable à la manifestation à partir de fouilles.
Il s’agissait visiblement d’une stratégie policière menée en lien avec le parquet. Tous les inculpés ont été arrêtés entre 8h et 10h le samedi matin en se rendant sur les lieux de la manifestation.
Ils sont tous accusés du même délit :
"Le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende."

Accusation floue, mais pratique pour faire du chiffre.

Début de la loterie

Les débuts des comparutions immédiates s’ouvrent par les demandes de délais.

Le premier à passer a 31 ans, chauffeur poids lourd en CDI, il habite en Seine et Marne. Jamais condamné, il s’est fait pincer en allant à la manif avec un masque à gaz, des lunettes et un couteau. Comme dans la plupart des cas, les flics n’ont pas pu donner de retour d’enquête au tribunal (« trop d’affaires » selon le juge). Il n’a donc pas de garanties de représentation (des papiers qui prouvent qu’il est socialement inséré comme son contrat de travail, son contrat de location, etc.) et le juge doit statuer en fonction de son simple témoignage. « Inséré socialement » (comme la totalité des prévenus on le verra) et père d’une gamine de 15 mois, il demande un délai avec contrôle judiciaire. Le débat porte sur le fait qu’il faille lui interdire de visiter Paris ou non. En effet, en tant que routier, il est amené à des missions sur Paris. La procureure plaide pour la première fois et c’est tout de suite désagréable, car sa voix traduit une excitation sadique assez peu conforme à son prétendu statut. Elle demande un contrôle judiciaire avec interdiction de Paris. Le prévenu sera interdit de Paris juste le dimanche jusqu’à son procès.

Le deuxième est un routier de 29 ans, déjà condamné pour des violences à un mois avec sursis. Il est accusé d’avoir eu dans son sac une pierre, des protège-tibias et un masque. Lui aussi travaille en tant que cadre dans une boîte de transports, il est père de deux enfants. Il gagne quand même 4000 euros par mois en CDD (ce qui va beaucoup plaire à la procureure) et on ne s’étonne donc pas qu’il soit le seul à ne pas avoir d’avocat commis d’office. La procureure demande un contrôle judiciaire avec interdiction de Paris, mais insiste vraiment sur le fait qu’il soit « bien intégré ». Entre gens qui gagnent 4000 balles par mois, on se reconnaît. Le juge suivra le procureur.

Le hall de ce charmant bâtiment

« Il n’y a pas eu de manifestation pacifiste »

Le premier à accepter de se faire juger est J, intérimaire de 27 ans dans la Nièvre. Lui aussi est accusé d’attroupement pour avoir eu un casque de vélo, un lance-pierre et un masque de ski dans son sac. Il sort de prison puisqu’il s’est fait prendre samedi matin très tôt et qu’un prolongement de garde à vue n’était pas nécessaire. Le JLD (Juge des libertés et de la détention) a donc demandé à ce qu’il passe la nuit à Fresnes avant de se faire juger.
S’il avoue la présence d’un lance-pierre dans son sac, il nie toute volonté de violence (rappelons qu’il n’a jamais vu la couleur de la manifestation) et qu’il n’explique pas pourquoi il a pris cette fronde. Il tente d’argumenter qu’il était contre la politique du gouvernement et qu’il galère en intérim, qu’il est obligé de vivre chez sa mère…
Évidemment, le juge en fait des tonnes sur la présence de ce lance-pierre, qui est donc une arme par destination. Malheureusement pour lui, les PV étant remplis à l’avance, le monsieur n’est pas jugé pour port d’armes, mais pour ce fameux « fait de participer sciemment à un groupement, même temporaire, blablabla ». Par contre, la présence de masque à gaz et de lunettes, il dit « la comprendre ». Nous, on comprend rien pour le coup. L’accusé ne trouve pas de réponse et on craint la réquisition du procureur.
Celle-ci est étonnamment douce. Elle insiste quand même sur le contexte, « qu’il n’y a pas eu de manifestation pacifiste » et donc qu’on peut douter de la véracité des déclaration du monsieur. Elle demande des jours amendes (210 jours amendes à 5 euros ce qui fait une amende de 1000 euros). Vient l’avocat de l’homme, très offensif : il commence à attaquer notamment la procureure sur l’indépendance de la justice. Sous-entendu, « On sait que les déclarations de Macron, vous allez les appliquer à la lettre ».

Il plaide le fait que la fronde était au fond du sac et qu’elle « interroge, mais ne caractérise pas ». L’avocat cible les violences économiques dont on ne parle jamais et les conditions d’interpellations floues. Il est vrai qu’on ne saura jamais où la personne a été interpellée, quand et dans quelles conditions.
Cette intervention de l’avocat aura comme conséquence que la procureure, pour l’instant assez endormie et relativement clémente, va se ressaisir et comprendre les vrais sens de sa mission : punir. Désormais toutes les réquisitions vont être plus lourdes. Et ça pèsera sur tout le monde. Ce prévenu sera par exemple condamné à 3 mois de prison avec sursis, allant beaucoup plus loin que les réquisitions de la procureure du fait des multiples charges de la procureure lors des affaires suivantes.

Au tour d’un autre accusé, 27 ans, cadre dans une société de sous-traitance de la SNCF, habitant Villeurbanne dans la banlieue lyonnaise. Toujours accusé du même délit, celui-ci a moins de chance face à la justice : il est noir et la procureure a été échaudée par le discours de l’avocat. Il s’est fait toper avec une quinzaine de pétards et de fumigènes en se rendant à la manifestation. Il a tout avoué en garde à vue, même les choses qu’il n’a pas faites.
Sa défense n’est pas très heureuse, car il joue l’honnêteté devant le tribunal. Grave erreur ! Le tribunal est le territoire du mensonge ! Il avoue avoir ainsi ramené les pétards pour « se défendre » contre la violence des flics. Il explique qu’il s’est retrouvé le samedi 24 sur les champs Élysée avec sa maman et qu’il n’a pas supporté de subir des gazages gratuits de la part des forces de l’ordre.
Le juge lui rappelle qu’il n’y a pas de gazage gratuit et que la force de l’ordre est légitime dans tous les cas (bah voyons). Et en plus, on ne peut pas avoir foi dans son témoignage, car on ne sait pas ce qui s’est passé le 24 et qu’il s’agit probablement d’un bobard. Ce témoignage est évidemment vrai pour en avoir parlé avec la maman avant d’entrer dans la salle. En tous cas, il regrette et « doute qu’il aurait eu le courage de faire ça ».

La procureure est aux anges : elle va enfin pouvoir exercer son pouvoir. Elle rappelle les 3 condamnations précédentes de la personne pour conduite sous l’emprise de stupéfiant. Le mec a visiblement eu des problèmes d’addiction au cannabis. C’est un angle d’attaque nouveau qui va être particulièrement dégueulasse.
Elle développe un discours hygiéniste social digne des bourgeois dans Zola, expliquant qu’une addiction est un phénomène aggravant et que quand on est addict on se soigne, on ne va pas en manifestation. En gros, si t’es toxicomane, tu arrêtes de vivre et puis c’est tout. Elle rappelle que les pétards c’est interdit et qu’il a le « manuel du petit artilleur » et « qu’il y a pas de défense acceptable face à la police ». Elle invente également des problèmes d’alcool au prévenu, chose qui ne sera pas contredite par l’avocate commise d’office particulièrement nulle. 3 mois de prison avec mandat de dépôt requis. Le juge le condamnera à 6 mois de prison ferme sans mandat de dépôt.

« J’étais un peu l’infirmière »

Passe ensuite un mec manœuvre dans la Nièvre encore. Il est possible qu’ils soient venus en groupe. Il avait un masque à gaz, des gants de protection et un poing américain dans son sac. Mais il avait aussi du sparadrap, des compresses et du sérum physiologique. Interrogé par les flics, il répondra qu’il « était un peu l’infirmière » et qu’il avait fait ça pour protéger les manifestants en cas de blessures. Nice !
Plutôt souriant et détendu, ce manœuvre en usine à Nevers gagne 1400 euros par mois et a un enfant à charge. Le juge le cuisine sur le poing américain, évidemment, il réplique qu’il voulait « se défendre contre d’éventuels casseurs (sic) ou pilleurs durant la manifestation, mais aussi dans le métro ». Hé oui, on ne peut pas promouvoir l’autodéfense cheloue sur BFM et derrière s’étonner que des gens deviennent paranos !

Et là, coup de théâtre : un avocat gâteux se réveille dans l’assemblée, pour dire que la mairie de Paris se constitue partie civile dans les cas de dégradations. Bon ici, il n’est question d’aucune dégradation, du coup tout le monde rigole dans la salle et le juge renvoie le mec à ses pénates.
De retour sur l’affaire, la procureur dit qu’il n’avait pas de papier d’identité, ce qui est aggravant, visiblement, et surtout « indicateur de son état d’esprit ». C’est n’importe quoi. Elle insiste beaucoup sur le port d’arme, mais là encore, c’est con pour elle, le port d’arme n’est pas retenu comme une charge. Dommage hein.
Comme « élément de contexte », elle ajoute que le côté infirmier de l’individu « part d’une intention louable, mais dénote une bonne connaissance du terrain ». Bravo Einstein, il suffit d’avoir vu BFM 10 minutes cette semaine pour comprendre qu’on risque de se faire ravager la gueule en allant en manif. Elle n’est pas très fine, mais requiert quand même deux mois ferme. L’avocat répond coup pour coup : l’inculpé avait une pièce d’identité, la procureure a donc menti. Il n’est pas accusé de port d’arme, donc ne peut logiquement pas être condamné sur cette base, ce qui revêt une certaine logique. Il plaide donc la relaxe. La procureure est en PLS, mais de toute façon elle était sur son smartphone toute la plaidoirie de l’avocat et elle n’a pas entendu. Après tout, qu’est-ce que ça peut foutre d’envoyer des gens en taule, hein ? On s’attend à ce que le juge soit clément avec celui-ci. Nous sommes naïfs : il sera quand même condamné à 3 mois avec sursis.

160 mètres de haut pour montrer la puissance de la Justice

« Ils étaient froids alors j’ai voulu les réchauffer »

C’est au tour d’un autre prévenu d’apparaître avec un énorme œil au beurre noir. Il s’est visiblement fait casser la gueule pendant sa GAV, ou durant son interpellation. Il est ouvrier dans un abattoir, a 45 ans et une gamine de 16 ans qu’il élève divorcé. Il a été interpellé, car il « fonçait sur une ligne de CRS en espérant être suivi par la foule ». Il était 8h50 samedi matin, au moment où la foule de gilets jaunes tentait de rentrer sur les Champs. C’était sa première manifestation de cette ampleur. Il explique ne « pas avoir pu se retenir ». « J’ai parlé pendant 45 minutes aux CRS. Ils me répondaient pas, ils étaient froids alors j’ai voulu les réchauffer et j’ai foncé dans le tas  ». Les flics dans le PV lui demandent : pourquoi il a fait ça ? « parce que je suis con » a-t-il répondu. Évidemment, les rires fusent dans la salle, mais il y a rien de drôle. On sait tout de suite que cette personne va être condamnée.
Mais paradoxalement, et c’est une des absurdités de la journée, il ne sera pas jugé pour violence sur agent (tant mieux pour lui), mais toujours pour cette connerie d’attroupement. Il est donc poursuivi pour avoir sur lui un couteau, une lampe torche (???) et un casque (qu’il ne portait pas sur lui au moment de l’interpellation). On le questionne sur le pourquoi d’avoir un couteau. Il répond avec sagesse « pour couper le saucisson et le fromage. Je suis d’un milieu agricole ou on a toujours un couteau sur soi.  ». Cette réponse, quand même pleine de bon sens, ne satisfait pas le juge qui ne voit la vie qu’à travers son Code Pénal.
Le prévenu se lance ensuite dans une charge politique contre le gouvernement. Il a visiblement des problèmes d’argent et les taxes lui pèsent très lourd. Il appelle tout le monde à la révolte. Un peu paniqué le juge lui rappelle qu’il ne s’agit pas d’une tribune politique et que les fonctionnaires on un droit de réserve. Bien sûr, quand le juge se permet de dire les pires infamies de la bourgeoisie, là ça va, c’est pas politique.
Le prévenu confie être au bord du suicide. Les journalistes rigolent dans la salle. Il n’y a pourtant rien de drôle.
La bourgeoise de procureure va encore étaler son hygiénisme social lors d’une séance de questions a l’accusé :
-Monsieur, vous avez l’habitude de manger du saucisson et du fromage, c’est bien, (on note le ton paternaliste affreux), mais est-ce que pour le petit déjeuner vous aviez bu ?

  • Oui.
  • Ah oui, car c’est mentionné. Vous avez l’habitude de boire ?
  • Oui.
  • Au petit-déjeuner aussi ?
  • Non, pas quand je vais travailler.
    Rumeur dans la salle, tout le monde se rend bien compte que la proc dépasse les bornes en se permettant de juger les problèmes d’alcool de monsieur. Ces problèmes d’alcool qui ont amené à un surendettement également. On a en face de nous un prolo qui n’arrive pas joindre les deux bouts qui est en train de plonger et se fait humilier par une bourge de 30 ans bien propre sur elle. C’est dégueulasse.
    Elle continue en insistant sur le fait qu’il a des problèmes d’alcool. Visiblement, c’est important pour elle que les pauvres soient sobres et vivent dans l’hygiène. La bienfaitrice des pauvres. Elle insiste encore sur le port d’arme, même si ce n’est pas le délit indiqué. Elle demande 6 mois ferme avec mandat de dépôt.
    Le juge, lui, se cure le nez.
    L’avocat plaide la difficulté financière : elle explique que la politique a tout à voir avec les affaires de l’après-midi, et plaide les difficultés financières. On a le droit au discours habituel qu’on entend à la télé : « ce n’est pas un casseur, et je vous pose la question : où sont les casseurs ? ». Visiblement, elle n’était pas dans la rue samedi, car même les journalistes sont perplexes.
    Il est condamné à 4 mois ferme sans mandat de dépôt. Il lui faudra voir avec le juge d’application des peines.

La DGSI rentre en jeu

Passe ensuite M. Dreadeux avec un style teufeur : il dénote un peu des accusés. Il est SDF, mais n’a pas l’air dans la galère. Lui, c’est un nomade, son trip c’est d’aller de communauté en communauté dans le Sud et de vivre de petits chantiers ou des retapages de camion. Il s’agit visiblement d’un choix de vie qui le rend assez sympathique. Ses parents sont médecins et patron d’agence immobilière, mais il semble en rupture avec sa famille.
C’est celui qui va durer le plus longtemps. Il faut dire que son cas est un peu particulier.

Il s’est en effet fait arrêter sur réquisition du procureur le vendredi matin à la gare de Lyon alors qu’il venait de Chambéry. Les réquisitions portaient sur un signalement des renseignements (très probablement la DGSI) concernant un message envoyé par l’accusé sur une page FB se revendiquant du black bloc. Probablement une page de ce type ou ce genre. On peut remercier les connards qui s’organisent sur Facebook de manière aussi explicite, et servent d’appâts pour la répression d’État. Vous vous sentez à l’aise d’alimenter les fiches des renseignements ? Je vous jure, y a des claques qui se perdent.

Parce que du coup, M., 2 jours avant sa venue, envoie un message sur messenger qui est évidemment intercepté par les flics du genre «  comment c’est chez vous ? Moi et les copains on va monter et on est déter comme jamais ! C’était bien la guerre samedi ». Et c’est normal que des gens fassent ça avec des pages comme ça.
Du coup, M. s’est fait pister via son téléphone puis a été intercepté gare de Lyon à son arrivée. Circonstance aggravante, M. a la totalité de son Facebook visible. Cela permet de voir ses selfies, où il pose cagoulé avec un tee-shirt ACAB. La procureur se fera un plaisir de le rappeler.
Donc oui les flics sont très présents sur Facebook : visiblement, voir les messages privés ne les dérangent pas. On ne le répétera jamais assez : Facebook n’est pas un espace d’organisation et c’est une grosse poukave.

Donc M. est accusé "d’attroupement en vue de…" Mais aussi de port d’armes. Les flics ont trouvé sur lui un lance-pierre et 250 billes de fonte, en plus d’un casque et d’un foulard. L’enquête est mieux ficelée que les autres. Il y a eu une vraie recherche, notamment autour des téléphones. Le juge précise qu’il est en lien téléphonique avec des individus de la mouvance black block et qu’il a le « parfait attirail du black bloc ».
En face, le mec se défend bec et ongles. Il parle bien et essaie vraiment de mettre en difficulté l’accusation.
Il rappelle qu’il est nomade, et n’a donc pas de maison. Il porte donc toute sa maison sur le dos. Rien d’étonnant alors, à ce qu’il ait un lance-pierre avec lequel il joue avec les gamins de ses potes. D’ailleurs ce lance-pierre, il ne voulait pas l’emmener à la manif, mais le laisser chez la copine qui l’hébergeait sur Paris. Dans sa défense, tout se tient. Il faut dire que l’accusation particulièrement foireuse comme quoi on veut participer à une manifestation alors qu’on est ni sur le lieu ni le jour de la manif ne tient pas la route.
Sur la conversation Facebook : il voulait faire le malin, mais franchement il ne fait pas partie des blacks bloc et d’ailleurs c’est plutôt « un hippie ». « Vous verriez mes potes ils ont tous des fleurs dans les cheveux ». Il dit comprendre que le faisceau de preuve est en sa défaveur, mais il explique vraiment qu’il y a pas de preuves ! Il rappelle qu’il est malade, qu’il a des besoins d’intervention.

La procureur, fidèle à elle-même, l’attaque sur sa prétendue toxicomanie (il a le look et elle a le nez). Il a dit qu’il était sobre « même de cannabis » depuis un an.
Sa condamnation pour trafic de stupéfiants en 2009 : « J’ai payé pour ça et je n’ai eu aucun souci avec la justice depuis ».
Alors forcément, le juge est obligé de dévoiler ses valeurs de merde. Un mec qui traîne, un zonard, un zadiste, il ne comprend pas. Ça l’excède. Il le fait sentir :

  •  « Mais là il faut vous fixer, monsieur » « À trente ans, c’est le moment de se construire une vie, un projet hein  ». Heureusement que papa le juge est là pour rappeler ce qui est bien ou pas dans la norme. C’est clair que lui et son pavillon de banlieue, son taf ou il met des gens en prison, ça fait rêver. Elles sont belles, tes valeurs, hein !

Pour la procureure, c’est du tout bon. Un marginal ! On n’avait pas ce profil-là ! Il va payer, ce crasseux !
Pour elle, c’est un « vrai casseur ». Il s’agissait d’un contrôle préventif et « heureusement qu’on a des contrôles préventifs, c’est là pour éviter des débordements graves  ». La salle rigole. Elle a réalisé que Paris avait été ravagé sans l’aide de ce mec samedi dernier, ou pas ?
Elle demande 8 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

L’avocate fait une défense presque aussi affreuse que le réquisitoire de la procureure. Elle est dégoulinante de paternalisme. Pour elle, c’est un nomade perdu. Il est « immature », une brebis égarée d’une famille bourgeoise. Il faut que la justice le fasse rentrer dans le droit chemin, mais pas par la répression. Elle promet qu’il va rentrer chez ses parents. Il est sans défense. C’est vraiment dégueu à entendre, même si c’est probablement une technique de défense qui se tient devant un tribunal.
Mais c’est de toute façon une technique qui va être peu payante, puisque le prévenu va être condamné très lourdement : 3 mois ferme avec mandat de dépôt assortis d’une mise à l’épreuve de deux ans. En cas de problème, il se tapera 3 mois supplémentaires. Il a également obligation de se trouver un logement, 150 euros d’amende et l’obligation de trouver une formation. Clou du spectacle et de l’ignominie, tous les scellés (autant dire son sac avec toute sa vie dedans) seront confisqués et détruits.

En bilan, on peut donc dire que la justice reste égale à elle-même. Le SDF et le mec noir sont ceux qui ont pris le plus cher et globalement, les peines ont été immensément lourdes comparativement à la faiblesse des dossiers.
Les comparutions immédiates restent des parodies de justice.
Enfin, il ne s’agissait ici que d’une partie des dossiers qui reflétaient les arrestations préventives. Il n’y a pas eu ici d’arrestations pour dégradation ou violence.
Il y a donc fort à parier que les peines les plus lourdes vont tomber le mardi 4 décembre où seront jugés les faits datant de samedi après-midi et en soirée.

Courage aux inculpés !

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