Des membres du collectif dont certains ayant décliné leur identité à l’huissier de justice, s’étant rendu sur les lieux occupés le 9 janvier 2025, se sont présentés au tribunal après un rassemblement place Baudoyer où le soutien à ces jeunes s’est fait entendre. Leurs revendications sont simples, elles font écho à la devise nationale « Liberté, égalité, fraternité ». Ils demandent : « un logement ici et maintenant » ainsi que, dans un second temps l’accès à l’école.
Le théâtre de la Gaïté Lyrique, lieu de culture, d’éducation et d’échanges sur les enjeux contemporains est ainsi devenu le théâtre de ce rassemblement inouï de jeunes qui refusent l’inhumanité de dormir à la rue et qui plus est, durant l’hiver, à la suite de leur exil. La juge a rappelé que les jeunes du collectif occupent « sans droit ni titre » la Gaïté Lyrique depuis plus d’un mois.
Aujourd’hui, en février 2025 alors que les températures chutent la nuit autour de zéro degré, la ville de Paris demande à la justice de statuer sur l’expulsion de ces jeunes. Le problème, la ville de Paris, sur qui la responsabilité de ces mineurs.es repose (relativement à l’accès aux soins et au logement) ne leur offre aucune solution de repli. Elle revendique seulement la nécessité d’expulser ces jeunes de la Gaïté lyrique sans statuer sur sa responsabilité juridique vis-à-vis de ces jeunes. L’avocat de la ville argumente ainsi : le préfet ne traitera pas la question de l’hébergement de ces jeunes tant qu’il n’y aura pas eu d’expulsion actée.
Quand l’avocat de la ville de Paris relève l’urgence de la situation, il mentionne le risque incendie, la reprise des activités culturelles du théâtre et enfin seulement le risque sanitaire. Car en effet, certains des jeunes sont malades (grippes, tuberculose) et l’association médecin du monde est sur place de façon hebdomadaire pour assurer les premiers soins.
En face, les avocats du collectif soutiennent que l’urgence relève de la vulnérabilité de ces mineurs.es qui, sans cette organisation commune, seraient tous et toutes contraints.es à dormir dehors sous les ponts dans la misère face à l’inaction des pouvoirs publics. Les avocats rappellent que la prise en compte et la prise à charge de la vulnérabilité des personnes est une obligation reconnue par le Conseil d’État.
Avant toute expulsion l’urgence, selon la défense et la loi, c’est donc d’apporter des solutions à ces jeunes. Cela a été rappelé lors de cet comparution. L’affaire est mise en délibéré et la réponse de la justice viendra en milieu de semaine prochaine, celle du 10 février 2025.
Cette mobilisation soulève le manque de moyens et de financement des pouvoirs publics pour encadrer et protéger les personnes isolées et mineures qui plus est. Ces jeunes issus.es de l’immigration ne demandent qu’une chose : un logement et les conditions pour s’intégrer. Inutile de rappeler que les personnes issues de l’immigration travaillent sur les chantiers, aux services essentiels comme l’entretien de nos structures, la culture des champs en Europe et dans bien d’autres domaines qui assurent le fonctionnement de nos économies nationales et européennes.
Dans ce contexte de défaillance de la ville et de l’État, la mobilisation des jeunes en appelle à la justice pour soutenir le droit à l’accès au logement et à l’école des mineurs.es isolés.es mais aussi de toutes les personnes qui connaissent l’isolement. Notre économie y a tout à gagner, des travailleurs.euses et des personnes vivant sur le territoire en bonne santé.
Il est à souhaiter que grâce à l’organisation et à la persévérance du collectif des jeunes mineurs isolés, la ville et l’État prennent des mesures qui garantissent le respect des droits et de l’humanité de tous et toutes.
Vous pouvez suivre les suites de la mobilisation du collectif sur leur page instagram : @belleville.mobilisation où vous trouverez l’actualité de la lutte, le lien vers une cagnotte pour les soutenir et une pétition ; et sur Paris-lutte-info.