Brochure : Un héritage brûlant contre les J.O. de Londres

Initialement paru dans Return Fire, Volume I, Chapitre II, printemps 2013. No copyright.

Le 4 août 2011, les flics tuent Mark Duggan, donnant lieu à une rage émeutière pendant plusieurs jours. Une personne racisée de plus dans les mémoires des assassinats policiers et, si elle habitait Tottenham, un quartier pauvre de la capitale, c’est dans plusieurs autres villes du Royaume-Uni que se propagent des révoltes qui iront attaquer la police, incendier des voitures, piller des magasins, détruire des bâtiments. Peu de temps avant les J.O. de Londres 2012, un texte publié sur le blog Dark Nights "The Bosses Grand Idea – The Olympic Spectacle of Money and Power", et consultable sur la même source qui a servi de traduction à la chronologie qui suit, se termine ainsi : « Ce qui les terrifie est la perspective d’une frange incontrôlable qui n’achète pas l’image amicale, ceux qui ne se laissent pas intimider dans une soumission totale par la démonstration de force, ceux qui voient à quel point ces bâtards nous éloignent d’une vie pleine de sens et qui peuvent trouver les failles dans le mur qui sépare ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien. En août 2011, une explosion de colère a secoué les cœurs de la pauvreté et de l’exploitation, et les émeutes ont laissé un héritage brûlant qui dévoile à quel point ce mur peut être fin. Retournons-y encore une fois, plus fort que jamais, jusqu’à ce que toute la mascarade pourrie s’effondre ! Pour un deuxième été de feu – mort à leur rêve de misère ordonnée / Cramez les J.O. »

CHRONOLOGIE ANTI-2012
[incomplète]

17.02.10, Bristol, U.K. : Manif à “The Matthew” (réplique du célèbre navire sur lequel John Cabot a navigué depuis Bristol, aidant à lancer la colonisation génocidaire de 500 ans des Amériques) en solidarité avec la résistance militante aux Jeux d’hiver au Canada. « Les Jeux de Londres 2012 sont juste au coin de la rue et il n’y a pas de meilleur moment pour démarrer ton entraînement d’athlète anti-olympique ! »

26.03.11, Londres, U.K. : Suite à une manifestation émeutière ostensiblement contre les coupes des dépenses du gouvernement qui a vu de larges quantités de dégâts de symboles de richesse et du pouvoir et d’affrontements avec la police, des membres de la foule attaquent l’horloge olympique à la place de Trafalgar.

31.12.11, Londres, U.K. : Extrait d’une intervention à propos d’une manifestation anti-carcérale à Brixton : « concernant les prochains jeux olympique$… la police et l’armée travailleront à assurer le doux déroulement des j€ux. Il est important qu’on se rappelle de la répression de chaque jour que ça va apporter aussi bien que cet héritage pérenne d’intensification de la militarisation de la police, d’intrusion de la surveillance et d’augmentation des pouvoirs de la police en général. »

17.02.12, Londres, U.K. : 60 personnes bloquent la route s’alignent sur les toits durant une tentative d’expulsion attendue de maisons squattées à Dalston Lane proche de la Zone Olympique, dissuadant flics et huissiers, brandissant une banderole : “Fuck the Olympics”.

26.02.12, Londres, U.K. : Des centaines de panneaux aux stations-service du « fournisseur officiel de fuel et de gaz » British Petroleum (BP), d’affichages publicitaires et d’institutions culturelles sponsorisées BP ont été défigurés.

13.04.12, Londres, U.K. : Leyton Marsh, une zone environnementale censée être sous “protection spéciale”, a été désignée pour un centre d’entraînement olympique de basket-ball sécurisé. Après une mainlevée de plus de deux semaines due à une occupation du chantier, les militants sont expulsés, mais continuent à perturber la construction en grimpant sur les engins de chantier.

21.04.12, Londres, U.K. : Tracts distribués à Peckham [quartier du Sud-Est de Londres Ndt.] durant une grève de la faim dans les prisons grecques. « Nous vivons la militarisation de Londres en préparation des JO, quelque chose que les habitants d’Athènes ont traversé en 2004. Il y a eu beaucoup d’actes de sabotage, manifs, etc. exprimant la rage contre la dépense absurde pour la gigantesque opération sécuritaire qui a laissé tant de dettes qui affectent la vie de tous aujourd’hui. C’est juste une autre excuse pour une société carcérale encore plus confinée, déplaçant les gens hors de leurs maisons à Londres pour faire place aux affaires et aux yuppies. […] Notre solidarité n’a rien à voir avec la fausse communauté nationale célébrée par le drapeau UK agité autour des JO, perpétuant la sale histoire du racisme impérialiste… »

17.05.12, Athènes, Grèce : Banderole accrochée en solidarité avec les déplacés par les préparatifs des Jeux 2016 (et la Coupe du Monde 2014) au Brésil : « le même jour où la flamme olympique était transmise depuis le stade Kallimarmaro d’Athènes au Royaume-Unis pour les JO d’été 2012 à Londres, nous avons dit NIQUE LES COUPES DU MONDE ET LES JEUX. »

22.05.12, Bristol, U.K. : Le “Groupe 22 mai” de la Fédération Anarchiste Informelle (F.A.I.) sabote simultanément deux principales routes ferroviaires à travers la ville en incendiant les câbles de signalisation aux premières heures, empêchant le trafic de reprendre des services réguliers jusqu’au jour suivant. Les objectifs étaient la perturbation de la chaîne d’approvisionnement, le travail salarié et la normalité en général, et plus spécifiquement pour affecter les lignes de train à la fois du centre des affaires de la ville et de la zone industrielle Nord qui abrite le Ministère de la Défense et diverses entreprises impliquées dans le complexe militaire. « Dans le Royaume-Uni du contrôle réglé comme une horloge et de la domestication, nous sommes parmi les “antipatriotiques” qui trouvent les JO 2012, avec le spectacle de richesse qui s’ensuit (quand tant de gens ici luttent pour se nourrir eux-mêmes et leurs familles), les développements néfastes et l’escalade d’un état policier, franchement offensants. Mais aucun syndicat ou mouvement n’appelle nos actes, et nous n’avons aucune inhibition pour recourir à l’activité de guérilla pour blesser l’image nationale et paralyser l’économie comme nous le pouvons… »

Juin 2012, Goole, U.K. : Les anneaux olympiques installés sur la tour d’horloge dans le quartier Boothferry sont attaqués deux fois par des vandales, la première fois juste avant la passage de la Flamme Olympique en ville le 19 juin, puis de nouveau une semaine plus tard, les rendant irréparables, et des tags anti-sociaux est écrit sur le centre sportif de West Park et sur les murs des vestiaires.

25.06.12, Bristol, U.K. : De nombreuses fenêtres sur deux étages cassées et recouvertes de slogans par des vandales anonymes des bureaux de GDF, l’entreprise mondiale d’énergie et de services publics qui construit le Centre d’énergie du Parc Olympique pour “compenser les émissions”, que la revendication écrite décrit comme « une tentative ridicule de greenwasher un des joyaux de la couronne de la domination capitaliste mondiale, qui est en réalité un désastre pour l’environnement et les exploités partout où il va. Le but de toutes ces solutions technologiques n’est pas de réparer les énormes dégâts que la Civilisation a causé à la planète et notre propre nature sauvage, mais de perpétuer indéfiniment le même système qui dévore la terre. »

27.06.12, Londres, U.K. : Durant la cérémonie d’ouverture des Jeux, une manifestation à vélo traverse une ligne de police pour atteindre le nord du fleuve – menant à l’arrestation massive de 182 cyclistes.

Fin juillet – début août 2012, Bristol, U.K. : Pour la semaine d’ouverture des JO, une “Cellule de Sabotage Autonome” met le feu à deux véhicules de British Telecom (BT) comme « une petite réponse à la hausse de la répression à Londres » (BT était un des plus grands sponsors des JO, fournit les prisons et investit dans le commerce des armes), avant de procéder la semaine suivante à l’incendie d’une antenne-relais de O2 (une compagnie de téléphonie mobile, fortement impliquée à servir les flics, aux services de probation, les centres de détention pour migrants, etc.) pour leur connexion supposée à BT (qui a créé et géré O2 jusqu’en 2005, mais en fait l’a ensuite vendue) et parce que « les attaques contre les structures de la communication sont une part nécessaire de la lutte multiforme ». « Derrière les scènes de la grandeur olympique, notre expérience quotidienne est que la vie moderne devient de plus en plus comme une cage. La Bretagne emprisonne plus d’adultes qu’aucun autre pays européen, et arrive 3e pour l’enfermement des jeunes, mais sa médaille d’or est dans son extension de la gestion autoritaire de “l’intérieur” vers “l’extérieur” […] Cette société est déjà une prison géante pour tous sauf une minorité privilégiée et le citoyen moderne est déjà entraîné à être le prisonnier modèle. »

Début août 2012, Tenerife, Îles Canaries : Tag dans les rues : « JO = Répression ».

Début août 2012, Athènes, Grèce : Lâcher de banderole : « À bas les Jeux OlymPIGS [porcs en anglais Ndt.] et les branleurs capitalistes – Incendie et feu de forêt aux idéaux olympiques – Brûle, Londres, brûle » Les auteurs ont diffusé une revendication en ligne : « Nous n’oublions pas les compagnons qui, malgré le super-spectacle créé par les flics, militaires et médias de masse, font un pas en avant et crachent au visage de la société de la soumission. »

08.08.12, Pontevedra, Espagne : Tag peint sur le Ministère du Travail et de l’Immigration. « Cela vaut pour toutes les personnes qui ont souffert du fléau répressif en Angleterre [avant les JO…] pour que cette ville paraisse “propre et bien rangée” et corresponde à l’intérêt bourgeois pour cet évènement sportif, utilisé comme excuse au racisme, à la gentrification et à la brutalité policière. Pendant que leurs journaux merdiques travaillent à fabriquer de l’intégration et de la coopération internationale, les migrants sont expulsés de leurs maisons et torturés dans la rue et les centres de détention… »

10.08.12, Londres, U.K. :
Manifestation à vélo en solidarité avec le cycliste tué le 1er août par un bus olympique, qui était ignoré par les médias qui se concentraient sur les médailles d’or – particulièrement celle remportée par un cycliste Britannique.

13.08.12, Athènes, Grèce : F.A.I.“Feu aux ateliers textiles” a enclenché un engin incendiaire à un bureau d’investissement immobilier. « Nous sommes témoins des contradictions les plus extrêmes qui sont nées et meurent dans ce monde de merde. Tandis que les calculateurs des statistiques économiques comptent 23 000 morts en Syrie, des milliards de gens regardent les Jeux Olympiques de Londres abrutis ; la distance entre les JO et le coup “pratique” dans le champ des opérations est juste un simple bouton à pousser sur la télécommande. »

13.08.12, Bristol, U.K. :
« Le “plus grand spectacle sur terre” est partout, avec une implacable hype médiatique de plusieurs millions, qui tourne en boucle, destiné à nous faire croire que “les jeux” sont vraiment les nôtres. Des milliards de personnes sont conquises par les récits émotionnels de triomphe humain et de succès réconfortants. “Soutenez votre équipe”. Tenez-vous derrière le drapeau. Adoptez le logo. Restez sous contrôle (ou sinon !…). Appartenez. Croyez. Et soudainement, comme par magie, “Nous y sommes tous ensemble”… » Des publications sur des sites web de contre-information revendiquent plusieurs attaques contre les sponsors olympiques : une façade d’une boutique Thomas Cook (qui « vend un paradis pauvre aux touristes riches pendant qu’il détruit des cultures et écosystèmes dans le monde entier ») et à la fois une filiale bancaire et une unité de dépôt de Lloyds TSB sont défoncées, et un van Virgin Media est tagé et barbouillé avec un décapant. « Nous continuons une histoire longue et fière de lutte anti-olympique. […] Nous portons cette action le jour suivant la cérémonie de clôture pour montrer que notre combat n’est pas fini. »

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