Bilan de la répression suite à la manif du 19 janvier contre la réforme des retraites

Régulièrement présenté comme l’anti-Lallement par la presse bourgeoise, le nouveau préfet de police de Paris a démontré jeudi 19 janvier toute la violence qu’il comptait utiliser contre les manifestant.e.s.

Depuis son arrivée en poste, le nouveau préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, est encensé, une opération de com’ clairement réussie.
Pourtant, si on regarde de près les détails de la gestion de la manif du 19 janvier : « plus de 2000 contrôles préventifs » « 3500 policiers et gendarmes » mobilisés « 39 unités de forces mobiles renforcées par des fonctionnaires des CSI, de la BAC et des BRAV » [1] c’est pas la rupture avec Lallement, c’est plutôt la continuité, on a juste remplacé la tête de gondole !
On rappellera à celleux qui en doutent ces bons mots du cher préfet en juin 2019, en plein mouvement des gilets jaunes - il était alors secrétaire d’État à l’intérieur :
« Les choses se sont quand même globalement bien passées en matière d’ordre public, ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné, que la violence est illégale » [2]

Comme d’hab, à chaque histoire, correspond une contre histoire, qui se construit en écoutant les concerné.e.s.
Si le petit fonctionnaire de la préf de police et ses sous-fifres ont pu se féliciter de la bonne gestion de la manif les jours suivants le 19 janvier, les manifestant.e.s, leurs proches et les collectifs antirépression ont d’autres voix à faire entendre.
Car ce 19 janvier, on a vu une violence policière extrême à l’œuvre non seulement dans la rue mais aussi dans les comicos après les interpellations, très loin de « la doctrine éprouvée faite de mise à distance des FDO » vantée par le même grand torchon quotidien [3].

Peu d’interpellations, 8 fois moins que le 1er mai 2019 [4], mais quasi systématiquement des personnes matraquées durement alors qu’elles étaient au sol, incapables du moindre geste.
Le sort du journaliste « émasculé » a su se faire sa place dans les colonnes de la presse mainstream mais il a aussi permis d’occulter l’étendue de la violence policière ce jour-là : les charges ciblées des FDO ont fait de nombreux.ses blessé.e.s parmi les manifestant.e.s, et parmi les interpellé.e.s, la majorité des personnes sont sorties des commissariats avec des fractures et des ITT. Tous.te.s auront des trauma liés à ces blessures.

Côté judiciaire, la plupart des personnes interpellées sont ressorties sans poursuites solides, avec des hématomes et des classements sans suite, écopant par ci d’avertissements (pour ne plus dire "rappel à la loi"), par là d’ordonnances pénales (des amendes déguisées, qu’on vous incite à refuser ou au moins à prendre les 10 jours de réflexion qui sont de droit quand les flics ou le proc vous collent cette ordonnance [5] ) et pour quelqu’un.e.s plus malchanceux.ses d’audiences lointaines assorties d’un controle judiciaire.
Tout ça, la presse grand-public ne l’a pas donné à voir, fidèle à la botte du maître : circulez, il n’y a rien à voir.
Le bilan est donc très lourd et annonce bien la couleur : ce gouvernement est prêt à tout pour casser une mobilisation qualifiée d’ « historique » et qui est loin de s’essouffler, la preuve en étant la reprise des occupations étudiantes.

L’État a-t-il peur de voir ressurgir le nombre, la spontanéité et la détermination qui avaient fait le succès des Gilets Jaunes ? Hé bien, donnons-lui raison dès mardi !

Nous savons toustes que face à lui, c’est notre solidarité qui fera notre force. Relayons massivement les conseils anti-répression avant les manifs, organisons-nous, ne laissons personne partir en manif ou en occupation sans un nom d’avocat.e de confiance, soyons présent.e.s dans les tribunaux si des interpellé.e.s passent en jugement, soutenons les caisses de grèves et d’antirépression.
La violence policière est le dernier rempart de l’État vacillant.

Localisation : Paris

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