La municipalité de Tixtla, où est située l’école normale rurale d’Ayotzinapa, est en effervescence depuis le 30 mai dernier.
Dans cette région d’où sont originaires 14 des étudiants disparus d’Ayotzinapa, le palais municipal du chef-lieu avait été fermé par le mouvement de lutte le 21 octobre dernier et les autorités locales, liées au narco, expulsées des bâtiments officiels (le frère du président municipal de Tixtla, Jorge Vargas Alcaraz – Parti de la Révolution Démocratique était le chef local du cartel criminel “Los Rojos”).
Fatigués de la corruption et de l’impunité de la classe politique, les parents d’Ayotzinapa, qui promeuvent depuis des mois le boycott des prochaines élections, travaillent depuis un moment à la formation d’un conseil populaire municipal anti-partidaire á Tixtla, cette bourgade où, en 1732, est né Vincente Guerrero, héros de l’indépendance mexicaine.
Le samedi 30 mai 2015, les parents et les étudiants d’Ayotzinapa, ainsi que diverses organisations sociales, décidèrent de mettre en place une “Assemblée Permanente pour le boycott des élections” afin de coordonner les différentes actions de rejet des élections dans l’État du Guerrero. Cela, dans un contexte de répression croissante et de militarisation généralisée. (…)
Extrait du communiqué du conseil populaire de Tixtla (31 mai) :
Forts du soutien du peuple organisé et du ras-le-bol devant le saccage de nos biens, nous décidons de nous prononcer en faveur de processus alternatifs par lesquels le peuple puisse décider de sa forme de gouvernement, pour le bien de nos communautés et contre l’écrasement des droits humains. Nous portons a votre connaissance le fait que depuis le mois d’avril de cette année des assemblées populaires se sont mises en place en faveur de la construction du Conseil Municipal Populaire en tant que forme de gouvernement ; nous avons réalisé une diffusion constante au sein des communautés et des quartiers afin de dénoncer la farce électorale, avec l’intention de construire un gouvernement légitime du peuple, sans l’intervention du système électoral et des partis politiques, sans l’intromission d’aucun politicien, en ne comptant que sur la voix des femmes et des hommes travailleurs ; un gouvernement dans lequel nos représentants seraient élus durant des assemblées populaires, organe de décision suprême de nos communautés et de nos quartiers, a main levée et sans carte d’électeur, afin d’éviter le gaspillage économique des campagnes électorales, qui ne font que laisser le peuple dans la misère. Sans doute aucun, ces espaces autonomes représentent une menace pour les intérêts privés, partidaires et gouvernementaux qui, au travers de la répression, prétendent faire disparaitre les tentatives d’organisation de la population en chemin vers l’autonomie.
Lire tout l’article sur le site du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL).