Appel du procès NoTav pour les journées de lutte du 28 juin et 3 juillet 2011 : 80 ans de prison pour 38 inculpé.e.s

Le 28 juin et le 3 juillet 2011 furent deux dates historiques pour le mouvement NoTav. Le 28 juin, 2500 policiers expulsaient la « Libre République de la Maddalena », un espace d’autogestion et de résistance installé sur les terrains où devaient commencer les premiers travaux pour le tunnel de la ligne TGV Turin-Lyon. Une semaine plus tard, le 3 juillet, une manifestation nationale était organisée pour chasser la police et l’armée. 60 000 personnes se déversaient dans les bois, c’était la bataille de la Maddalena. Malgré la très forte participation et la volonté de reprendre par tous les moyens ce bout de territoire, la police réussissait à en garder le contrôle. Puis, dans les mois qui suivirent, elle clôturait cet espace pour en faire un chantier-fortin qui est aujourd’hui encore sous haute protection (et toujours attaqué par les No Tav !). Après ces journées, 53 personnes subirent des poursuites judiciaires dans ce qui fut appelé le « maxi-procès » No Tav. La seconde instance de cette procédure vient de se terminer.

Ce jeudi 17 novembre s’est clôturé le procès en appel qui condamne 38 No Tav à 80 ans de prison avec des peines qui vont de 6 mois, à 4 ans et 6 mois, et des amendes qui ne sont pas encore définies.

Une fois de plus, les procureurs ont essayé de réécrire le sens de ces journées historiques de résistance.
Dans leurs réquisitoires, ils ont renoué avec le mythe d’un mouvement No Tav composé de braves gens et de quelques délinquants prompts à la violence, d’un mouvement avec de bonnes raisons mais de mauvaises pratiques.
En bref, ce fut un procès politique dans la droite lignée du procureur Giancarlo Caselli, célèbre magistrat de l’antiterrorisme animé par la haine des No Tav. Bien que celui-ci soit parti à la retraite il y a peu, il a laissé ses chiens de garde au tribunal de Turin pour compléter son œuvre.

Ainsi, l’un des procureurs a même affirmé que : «  si l’on ne punissait pas sévèrement les auteurs de ces violences […] au-delà des faits spécifiques » qui leurs sont reprochés, cela «  ferait approcher dangereusement l’Italie au niveau des FARC  ».
Une comparaison quelque peu désespérée, pour couvrir la légèreté des dossiers d’accusation et les nombreuses irrégularités judiciaires : des imputé.e.s sont reconnu.e.s à des endroits différents au même moment, les preuves sont souvent fragmentaires, et le tout est couvert par l’accusation d’un méga-concours moral.
Le concours moral est une spécificité du droit italien qui offre la possibilité de condamner des gens non pour avoir participé à des faits, mais parce qu’ils auraient été au courant et en accord avec des faits considérés comme illégaux... Les procureurs s’en donnent à cœur joie.

Les juges ont suivi en partie les réquisitoires en condamnant 38 No Tav à 80 ans de prison.
C’est moins que les 140 ans de prison ferme auxquels avait été condamné 47 No Tav lors du procès en première instance de janvier 2015, mais cela restent des condamnations très lourdes pour un procès on ne peut plus politique.

En sortant du tribunal, les No Tav ont traversé la ville en cortège.
La manifestation improvisée était animée par des slogans, des chants et ponctuée par plusieurs interventions, dont celle de Nicoletta Dosio, évadée de son domicile où elle est assignée par solidarité avec les inculpé.e.s.

L’histoire ne s’écrit pas dans les tribunaux !
Pas de remords ! On se voit au chantier !
Valsusa libera ! tutte libere ! tutti liberi !

Repris et adapté de Notav.info
Mots-clefs : no-TAV | Méditerranée | procès | Italie | prison

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