Début tranquille
On arrive à 19 heure et il y a déjà pas mal de monde. Enfin on s’aperçoit vite que c’est une nuée de journaux qui sont présents… Petit journal, RMC… le parvis de Bobigny n’a que rarement l’occasion de voir du si beau monde… Les militants sont là tout de même malgré les micros et les caméras qui gâchent la vue. Le ciel est lourd et nous promet une bonne averse mais il y a quand même pas mal de monde. Rapidement c’est plus de 300 personnes qui sont rassemblées devant le TGI. L’ambiance est plutôt bonne, même si globalement les gens sont dégoûtés par ce qui s’est passé durant l’après midi. Une bouffe à prix libre a été préparée par des camarades. Une première embrouille a lieu avec la civile qui décrète que ce n’est pas possible de mettre le barnum qui a été utilisé par les gens de la cantine. Négociation sans fin… et au final le barnum n’est pas installé.
Des interventions politiques
Interviennent ensuite au micro les personnes qui organisent le rassemblement puis ce sont les familles de victimes qui parlent. Amal Bentounsi du collectif « Notre police assassine » d’abord. Elle rappelle l’impunité policière dont jouissent les flics depuis des années, le fonctionnement de la justice face aux familles, du racisme latent dans la police, de la prison qui broie les vies… L’intervention est largement applaudie. Le collectif Stop au contrôle au faciès, qui a organisé les compte rendus vidéo du procès s’exprime.
C’est ensuite des collectifs que je connais pas ou bien qui ne se présentent pas. Il faut dire qu’on entend de moins en moins la sono du fait des capuches, parce qu’il commence à sérieusement pleuvoir. Les interventions s’articulent souvent autour de l’aspect raciste des contrôles policiers.
Petites frictions avec les keufs
Du coup il commence vraiment à flotter sévère. Certains choisissent de s’abriter juste devant le tribunal où il y a un abri. Les plus courageux restent à écouter les interventions mais ça devient vite trop humide. Le barnum est finalement déplié au grand dam de la flic en civile qui emmerde encore les organisateurs. Les gens se massent de plus en plus devant le TGI. Les CRS sont rentrés dedans. Des gens commencent à taper sur les vitres en rythme en chantant des slogans. « La police assassine, la justice acquitte », Pas de Justice pas de Paix« , »Police partout justice nulle part" ! Un fumigène est installé. Ni une ni deux les CRS décident de sortir du TGI on ne sait trop pourquoi. Quelques vagues projectiles sont lancés contre eux (notamment un pétard et un gobelet plastique particulièrement redoutable). Du coup il y a un petit reflux. Vu qu’un bonheur ne vient jamais seul la pluie redouble. Tout le monde commence à aider les organisateurs à plier le matos cantine parce que ça commence à sentir le roussi. Surtout que des membre d’une Compagnies Départementales d’Intervention accompagnent désormais les CRS.
Les robocops gèrent parfaitement, il poussent un peu les gens avec les bouclier, lâchent quelques bouffées de poivre. Ça pleure un peu. Certains jettent des trucs mais c’est pas très intelligent puisque ça se fait exactement sous le regard d’une caméra 360° qui va pouvoir servir de base aux flics pour une éventuelle enquête. Les plus chanceux d’entre nous auront droit à des coups de matraques complètement gratuits. Un copain se fait exploser le poignet par un coup de tonfa. Un autre se fait bien arracher l’oreille. Les flics maîtrisent parfaitement leur violence et la distribuent avec parcimonie et détermination. Ils tapent pour faire mal. C’est assez effrayant à voir. Du coup on recule. De toute façon il ne reste qu’une grosse centaine de personnes. Certains d’entre nous essaient de calmer les camarades qui s’énervent. On se retrouve dans les escaliers du tribunal. Ils ont réussi à disloquer le rassemblement, ce qui était leur but.
Tout le monde se retrouve au métro et se disperse. Il n y a pas eu d’arrestation ce qui est important. Reste à savoir quelles seront les suites. On a entendu parler d’une marche. Il semble vraiment nécessaire de continuer à nouer des liens avec les différents collectifs afin de créer une dynamique pour ne plus être isolé face à la police et la justice.