Né le 5 janvier 1883 à Béziers (Hérault), il est très tôt orphelin de son père. En 1898, il arrive à Paris pour tenter sa chance qui ne lui sourit guère ; apprenti photographe, il est complice d’un vol qui lui vaut 2 mois de prison. Révolté, il fréquente les anarchistes et écrit, en 1901, un premier article dans "Le Libertaire" dans lequel il revendique un attentat, mais la bombe de sa fabrication n’explose pas, ce qui ne l’empêche pas d’être condamné à un an de prison. Recueilli à sa sortie par Séverine, il entre ensuite comme secrétaire de rédaction au "Libertaire". Propagandiste pacifiste par la parole comme par l’écrit, il participe, à Amsterdam en juin 1904, au congrès constitutif de l’ "Association Internationale Antimilitariste", et devient avec Yvetot, co-secrétaire de la section française. Le 30 décembre 1905, vingt-huit membres de l’A.I.A (dont Miguel), sont lourdement condamnés (de 3 à 4 ans de prison) pour "l’affiche rouge" qui conseille de répondre par l’insurrection à tout ordre de mobilisation. Le 14 juillet 1906, ils sont amnistiés. Almereyda se lie alors avec Gustave Hervé et Eugène Merle avec qui il participe à la création du journal "La Guerre Sociale". En 1908, il est condamné à 2 ans de prison pour avoir fait l’apologie de la mutinerie des soldats du 17e [1]. Amnistié en août 1909, il se mobilise alors pour sauver Francisco Ferrer [2]. En 1910, retour en prison pour incitation au sabotage lors de la grande grève des cheminots. Libéré en mars 1911, il crée "Les Jeunes Gardes révolutionnaires", groupe de combat qui s’affronte dans la rue à l’extrême-droite et se fait une spécialité de démasquer les indicateurs au sein du mouvement ouvrier.
Anarchisme et antimilitarisme en 1914
Mais Miguel s’éloigne peu à peu des anarchistes qui le lui rendront bien. On se souvient en effet que l’éclatement de la Première Guerre mondiale provoque de vives tensions au sein du mouvement qui est divisé entre « défensistes » et « antimilitaristes ». En 1916, Kropotkine corédigera avec Jean Grave, le « Manifeste des Seize », prenant ainsi publiquement parti pour le camp des Alliés et contre l’agression allemande [3]. Un peu avant, en mars 1913, Miguel quitte avec Eugène Merle "La Guerre Sociale" pour fonder " Le Bonnet Rouge ". Rien à voir avec les actuels "bonnets rouges" bretons : se présentant comme "organe de la défense républicaine", ce journal satirique républicain et anarchiste, hebdomadaire (1913) puis quotidien (1914), fut justement une cible privilégiée de l’Action française, mouvement royaliste d’extrême-droite. "Le Bonnet rouge" fut impliqué dans divers scandales lors de la Première Guerre mondiale, étant accusé notamment de défaitisme : en 1914, au moment de la conscription militaire, il participe ainsi à l’appel à la désertion lancé par l’Action internationale Antimilitariste. Or, la censure mise en place lors de la première guerre mondiale limitait la liberté de la presse en interdisant la publication d’articles pouvant nuire à la sécurité nationale ou ébranler le moral des troupes et de la population. Miguel Almereyda est ainsi accusé de diffuser certaines informations confidentielles (il révèle dans un article sa négociation avec le ministre de l’intérieur concernant la non utilisation du fichier "Carnet B"). Egalement victime d’une machination politico-financière [4], il est arrêté le 4 (ou le 6) août 1917 et accusé d’intelligence avec l’ennemi, ce qui lui vaut de violentes fausses accusations de la part de Léon Daudet, l’une des principales figures politiques de l’Action française. Incarcéré à la Santé, puis à Fresnes, il est découvert mort, vraisemblablement assassiné dans sa cellule le 14 août (étranglé avec ses lacets de bottine). Il laisse un jeune fils orphelin, Nono, le futur cinéaste Jean Vigo.