L’été, c’est vraiment la saison de tous les dangers : entre la chaleur, tout le monde dehors, les sorties ou le rien à faire... Surtout, c’est les vacances. L’été, c’est la saison du silence : moins de personnes présentes sur place, moins de possibilité de réagir quand il y a un problème, pas ou peu d’avocats, les vacances judiciaires...
Et la possibilité de tomber dans son quartier, sur une bande armée de taré-es, archi vénèrs de pas être en train de griller au camping de Saint Brévin Les Pins.
Bref, nous, nous comptons nos blessé-es, nos mort-es. Pas les serviettes de plage.
En plus, avec difficulté, parce que les infos ne sont jamais très claires.
Et dans cet exercice douloureux, à chaque fois on est précautionneux·ses : y aura-t-il « pire » cette année ?
Grande nouveauté, les tentatives de meurtre dont nous allons parler sont presque toutes à balles réelles suite à ce que les flics appellent « un refus d’obtempérer » de la part de conducteurs.rices, c’est à dire de se soumettre à un contrôle. Oui, oui, vous avez bien lu. Il est même plus que possible que vous l’ayez lu dans la presse ou vu sur Snap cet été : des tirs à balles réelles en bas de chez vous.
La stratégie médiatique, elle, a l’air d’être de ne surtout pas relever cet insignifiant élément : comme si c’était banal, que des flics tirent sur des « délinquant.es ». Comme si c’était normal de tirer quand on ne se soumet pas à un contrôle : à noter, que dans au moins une de ces situations, les flics ont tiré avant que les voitures ne manquent de les toucher.
Pour en savoir plus sur les différentes stratégies médiatiques (induites sciemment ou bien simplement reproduites par habitude), vous pouvez consulter cet article :
Le 23 juin, un homme est mort suite à l’intervention de la police. En procédure d’expulsion, l’huissier est accompagné d’un flic. La personne aurait tenté de poignarder le flic, qui l’aurait abattu d’une balle puis tasé.
Le 4 août, une personne meurt d’une balle en plein thorax à Marseille dans le quartier de la Belle de Mai : refus d’obtempérer, marche arrière, policier renversé, et c’est fini. Un récit glaçant a été fait par les habitant-es du quartier sur Marseille Infos Autonome
Stains
Le 15 août, vers 1h30 du mat, les flics de la BAC, sans brassards, sans insignes, décident de contrôler une bagnole. Un flic essaie de rentrer dans la voiture vu que le conducteur ne comprend pas (logique !). Pris de panique, le conducteur recule, renverse le flic. Une vidéo tournée par une personne dans sa bagnole, est devenue virale sur Snapchat puis Twitter. D’une très grande violence, elle montre les flics tirer une grosse dizaine de fois sur la voiture. Le conducteur a été blessé 5 fois, pour un total de 45 jours d’ITT ; son amie gravement blessée dans le dos pour un total de 100 jours d’ITT. Les flics ne leur ont pas porté secours, ont simplement appelé l’hôpital, où les deux victimes sont arrivées sous X sans que leur famille ne soit prévenue.
Le seul article à laisser la parole aux victimes est ici
Au vu de la diffusion de la vidéo, la Préfecture panique un peu, met deux des flics en garde à vue, sort surtout une « contre vidéo » mensongère qui vaut son pesant de cacahuètes : https://twitter.com/prefpolice/status/1427213468831264773
Il est édifiant de constater que deux jours après, les flics ont été relâchés, et qu’un mois après, le parquet n’a ouvert qu’une simple information judiciaire pour « violences volontaires avec armes par personne dépositaire de l’autorité publique » tandis que le conducteur est sous contrôle judiciaire avec interdiction de sortir du 93 et de conduire un véhicule – son métier est chauffeur de bus – pour tentative d’homicide.
Rosny sous Bois
Même scénario à Rosny sous Bois, le 17 août.
Un conducteur, en refus d’obtempérer, poursuivi par les motards de la police depuis Champigny, cette fois-ci en fin d’après-midi, finit par arriver en centre-ville de Rosny. Les motards descendent donc de leurs motos, flingue à la main, et tirent sur la caisse en pleine rue, dans un embouteillage, en plus. Normal.
La vidéo filmée par une personne dans le bus 116, est complètement barge. Elle aussi a énormément circulé. Le conducteur leur a échappé, puis s’est rendu à l’Hôpital de Montreuil, lui aussi blessé par balle au cou (!!!).
Face au tollé et à la shistorm sur twitter, la Pref s’explique moins d’une heure et demie après :
"À Nogent, refus d’obtempérer d’un véhicule qui s’enfuit vers Rosny pris en charge par les policiers. Le véhicule fait demi-tour et percute la moto de l’un des policiers qui chute au sol. les policiers font usage de leur arme administrative ; le véhicule a pris la fuite".
Incroyable cette précision... Ah mais en fait le conducteur s’est fait tirer dessus deux fois : à Nogent (ou Champigny, de toutes façons, la banlieue, c’est tout pareil non) puis à Rosny. Et au fait, la course-poursuite sur l’autoroute (parce qu’à priori c’est la seule route pour aller de Nogent à Rosny) c’était sympa ? Pas dangereux pour un sou ?
Une procédure a été lancée par le parquet de Bobigny pour "refus d’obtempérer aggravé et violences volontaires avec arme" (la voiture) et l’IGPN aussi a été saisie pour "violences volontaires avec arme".
La Courneuve
Laissez-nous vous narrer ce qui est un des récits les plus alambiqués de cette rentrée policière.
À la Courneuve, dans la nuit du 20 au 21 septembre, un ado de 15 ans au volant d’une bagnole percute en pleine nuit des voitures garées à Drancy. A priori, un bon citoyen appelle les flics pour les prévenir.
Sur la question de l’âge, il faut noter que les premiers articles appellent le conducteur "le chauffard", puis mettent en doute son âge "il aurait 16 ans mais des vérifications sont en cours" pour finir par rétablir la vérité : "un adolescent de 15 ans".
On ne sait pas s’il s’amuse (mais oui, ces jeunes des cités s’amusent avec un rien !!!) ou s’il a pris des trucs, parce qu’en fait, taper dans des voitures, ou bien on apprend à conduire ou c’est quand même un passe-temps chelou. Les journalistes, ça ne les gêne pas, insistent sur le fait ou que le jeune serait débile, ou défoncé, ou alcoolisé. Jeune et con, tout ça.
Les flics arrivent à moto. On ne comprend pas bien si la course-poursuite a lieu avant ou après les voitures percutées, mais c’est pas grave, hop, de Drancy, on arrive à La Courneuve ! C’est sûrement pour tester la conduite du mineur qui n’a pas encore passé son permis.
Là encore, le jeune aurait refusé de se soumettre au contrôle. Les flics sont très discrets sur la manière dont ils ont annoncé ce contrôle. La caisse se plante dans un poteau, puis le jeune aurait foncé en marche arrière sur un des flics (ah oui, mais la caisse elle est pas plantée dans le poteau ?), flic dont la moto aurait percuté un arbre. On vous laisse regarder la photo explicative publiée par Alliance. Si vous comprenez mieux que nous ce qui s’est passé, particulièrement si vous parvenez à trouver l’arbre qui est un témoin d’importance, merci de contacter l’IGPN 93.
Et comme si tout ça ne suffisait pas, hop ! Comme par magie, les pistolets étaient de sortie, et après avoir joué aux auto-tamponneuses, puis aux gendarmes et au voleurs, y a eu un petit tir de ball-trap...
Résultat : un flic s’est foulé la cheville, le flic "gravement blessé" aurait des côtes fêlées puisqu’il s’est pris un arbre. Le jeune "grièvement blessé" a été "touché au cou" ou "à l’arrière du crâne" selon les journalistes, et embarqué à l’hôpital. Le lendemain, il était dans l’incapacité de répondre aux questions de la maison poulaga en raison de ses blessures.
Devinez qui a été accusé de "tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique" ?
Les violences "ordinaires"
Le 21 février, une personne à moto poursuivie par les flics de la Bac à Rennes trouve la mort sur le trottoir. Son travail, chauffeur, était lié au maintien de son permis.
Le 14 mars, à l’angle de la rue des Poissonniers, Paris, 18e, un homme qui menace un flic au couteau est abattu par la police.
29 janvier, à Cormeilles en Parisis, les flics d’Argenteuil éclatent la gueule d’un jeune qui a des photos de l’un d’entre eux qu’ils jugent compromettantes (short de cuir et bas résille), pendant plus de 40 minutes : l’examen du Taser a révélé qu’il avait été déclenché près de 30 fois en dix minutes. Ils sont aujourd’hui mis en examen.
17 septembre : voir la tactique des flics de Noisy-le-Grand qui savent utiliser les angles morts des caméras de vidéo-surveillance pour tabasser les gens en toute tranquillité...
A signaler que le flic sait très bien ce qu’il fait et insiste sur le fait qu’il n’utilise pas une technique précise : "au vu des nombreux dangers entourant [cette pratique]". Si les
Le 24 août, au commissariat de Noailles, à Marseille, une personne embarquée en Garde à vue n’en ressortira pas vivante. Les flics l’ont a priori laissé se faire tabasser par une autre personne dans la cellule.
A Meudon, le 31 août, cette fois-ci c’est une personne en situation irrégulière qui aurait été en train de cambrioler une déchetterie, qui, suite au contrôle, meurt percutée par une voiture (pas celle des flics).
On se demande bien ce que c’est que ce délit : cambrioler une déchetterie...
Actu17, le site des flics, aura beau dire que les flics sauvent des vies, que les brebis galeuses sont légions, on a quand même du mal à avaler la pilule.
Le 6 août, la famille de Cédric Chouviat, qui avait été assassiné suite à un contrôle début 2020, a été déboutée : "Les premiers éléments d’enquête n’ont pas pu permettre d’établir que les fonctionnaires avaient commis un manquement à leurs obligations", les flics ne seront donc pas suspendus.
Racisme systémique de la police
On n’a qu’un conseil à donner, comme dirait Rémy, "On va essayer de faire plus propre, laisser un temps mort entre chaque bavure [...] cogner du singe, c’est un passe temps exceptionnel" (source)
Arme et légitime défense
Loi du 28 février 2017 dite aussi loi du « permis de tuer ». En effet l’article L. 435-1 du code de la sécurité intérieure a permis l’extension d’une loi très répressive sur l’usage des armes à feu qui auparavant s’appliquait aux militaires de la gendarmerie aux agents de police. Cet article permet aux policiers d’user de leurs armes à feu, si la personne, ou le véhicule de la personne représente un danger pour eux, or comme le soulignait le Syndicat de la magistrature, à l’époque du vote de la loi, les forces de l’ordre « se considèreront légitimes à user de leurs armes – et potentiellement de tuer – dans des conditions absolument disproportionnées »
Port d’arme
Guide pratique face à l’IGPN
Petit guide pratique de la Police des Polices, fait par le collectif Désarmons-les.