Depuis quelques années, les plateformes de livraison de repas (Deliveroo, UberEats, Frichti,...) prospèrent et s’engraissent sur le travail précaire de personnes, notamment sans-papiers, soumises au statut d’autoentrepreneur. Au printemps, avec le confinement, Frichti a ainsi recruté à tour de bras, pour faire face à l’augmentation des demandes de livraisons et augmenter son bénéfice.
Les personnes de Frichti ont toujours été au courant qu’une grande partie des livreurEs étaient sans papiers : le statut hyper précaire de ce travail, l’absence de droit au chômage/au congés/... et les conditions physiques très dures font que c’est un des seuls emplois accessibles aux personnes qui sont en France sans vrai droit au travail, et d’ailleurs les plateformes auraient bien du mal à recruter autrement. Mais depuis le déconfinement, la pression médiatique (enquête de Libé du 1er juin) et de l’administration poussent Frichti à chercher à identifier et à se séparer de celles et ceux d’entre nous qui ne sont pas en situation régulière.
Au mois de mai, une première vague de suppressions de comptes de livreurEs par les personnes des bureaux de Frichti a donné naissance à un premier mouvement de manifestation et de blocages des centres de livraisons (hubs). Après quelques semaines d’action, et plusieurs interventions de la police, la CGT qui accompagnait ces livreurEs avait négocié un accord avec le ministère pour la régularisation d’une liste de manifestants. Mais Frichti a proposé à certains d’entre eux, identifiés comme les leaders du mouvement, un accord à part : ceux-ci ont été régularisés et embauchés comme salariés en CDI, les autres manifestantEs ont dû signer un accord les forçant à renoncer à leur compte et au travail chez Frichti en échange de 1400€. Frichti pensait comme ça choisir celles et ceux d’entre nous qu’ils pouvaient régulariser et se débarrasser des autres qui avaient participé aux manifestations.
Devant l’injustice de cette situation, depuis la semaine dernière un deuxième mouvement de grève et de manifestation s’est lancé, qui rassemble les personnes qui n’ont pas été régularisées pendant les premières manifs et d’autres livreurEs sans-papiers. Nous voulons tous le respect de notre travail et des conditions dignes, et nous réclamons l’égalité avec les livreurEs qui ont été régulariséEs pour la première vague de manifestations. Des papiers et une embauche pour toustes !
Nous appelons donc à une manifestation devant le hub de Lamartine (2 rue Lamartine 75009 PARIS) lundi 3 août à partir de 10h, et vous appelons à venir nombreuxses nous soutenir dans notre action !
Le collectif des livreurEs sans papiers de Frichti