Val de Marne, Val de Révolte ?

Des affiches appelant au soulèvement et à l’organisation d’assemblées fleurissent dans le Val-de-Marne, et en particulier dans les communes d’Ivry-sur-Seine et de Vitry-sur-Seine. Retour sur l’Assemblée Générale qui a eu lieu dimanche dernier et réflexions sur les perspectives.

« Eh Manu on se plaint pas, on se révolte », « Acte 7, Val de Révolte », « La Révolution Française n’était pas déclarée en Préfecture » et d’autres slogans inhabituels ont essaimé dans les rues du Val de Marne depuis quelques semaines. À Ivry-sur-Seine en particulier, un appel à former une assemblée sur des sujets aussi divers que le logement, les salaires ou les taxes circule sur les réseaux sociaux [1] et agendas militants.

L’appel ne mentionne rien qui pourrait inspirer notre méfiance . Il n’y a rien sur les exilé-e-s ou sur la répression policière. Mais on attend donc de voir dimanche et on se décide à participer à cette curieuse "Chambre citoyenne" prévue sur l’esplanade de l’Hôtel-de-Ville le 30 décembre.

Opportunités...

Peu avant le rendez-vous de dimanche on n’y croit pas trop. Les fêtes, la météo, les vacances et la morosité ambiante laisse présager un échec de cette première assemblée. Pourtant rapidement une troupe se forme sur le parvis de l’Hôtel de Ville d’Ivry. On ne reconnaît dans un premier temps personne d’encarté dans les syndicats et partis locaux. S’il y a majoritairement des Vitrio-te-s et des Ivryien-ne-s, on apprend qu’Orly, Val-de-Fontenay ou Alfortvilles sont aussi représentées. Les interventions sans micro sont pénibles à suivre avec le vent permanent et la circulation des automobiles mais les tours de paroles sont respectés et il y a un semblant d’ordre du jour.

Les sujets sont multiples de la "répression policière" avec le cas des lycéen-ne-s placé-e-s en garde à vue pour des tags « Macron Démission » [2], de la sélection à l’Université avec ParcourSup, de la jeunesse et des "quartiers populaires", des politiques nationales et locales, du pouvoir bancaire ou des réflexions générales sur la démocratie. Mais aussi marginalement de sujets potentiellement tarte-à-la-crème comme la vaccination ou le Référendum d’Initiative Citoyenne.

On a aussi le droit au chapitre sur la violence des casseurs censés discréditer le mouvement. Un ancien militant chilien contre la dictature de Pinochet sort de ses gonds. « J’ai participé à tous les mouvements sociaux sur les « Lois Travail », le mouvement des « cheminots ». J’ai participé aux manifestations entre Nation et République, entre Bastille et Nation et nous n’avons rien obtenu ». L’assemblée aquiesce. "Ce gouvernement a peur des barricades" ajoute-t-il. L’assistance ne le contredit pas. Étonnant et rafraîchissant quand on connaît l’impact des éléments de langage dispensés par les chaînes de télévision pour mettre en accusation les éléments les plus combattifs des gilets jaunes.

Un Gilet Jaune apporte du café et une table s’improvise. Les tours de paroles généraux laissent place aux résolutions et appels à l’action. Un employé du maire reconverti en Gilet Jaune propose une salle municipale pour se réunir la semaine suivante, « Ça serait bien pour éviter le froid et la pluie ». Mais les refus sont majoritaires : « On risque de se faire récupérer ! », « Il faut rester visibles et occuper l’espace comme sur les rond-points ailleurs en France ».

La défiance est partout, même contre les élus locaux qui ont prospéré toutes ces années sur les politiques autoritaires et clientélistes du communisme municipal. L’assemblée s’achève sur un appel à s’organiser et à revenir tous les dimanches. Des groupes d’actions se forment et un appel implicite à l’autogestion horizontale est mené tout au long de la rencontre.

... et risques

Nous voyons toutefois une faiblesse majeure. Le communisme municipal du Val-de-Marne qui semble pour l’instant neutre vis-à-vis du mouvement des Gilets Jaunes pourrait demain se décider à investir ces assemblées qui nous semblent bien trop naïves quant aux manoeuvres éprouvées des professionnels de la récupération des mouvements sociaux. La présence de militant-e-s de nos rangs sera alors essentielle... sans condescendance, position experte, ni paternalisme (sic). Juste du respect des différentes formes de luttes, juste de la protection et de la bienveillance... comme dans les têtes de cortège.

Des Gilets Jaunes antifascistes

Localisation : Val-de-Marne

À lire également...