Le 12 mai prochain, l’école des Beaux-arts de Paris est ouverte toute la nuit, pour y accueillir un événement public : la « Nuit de la philosophie ». Est-ce le même ton apocalyptique qui fit, à l’école normale supérieure, annoncer la « Mort de l’université » ? On se souvient de ce colloque « intempestif » du 2 mai, où G. Agamben notamment fut invité (lui-même, semble-t-il, par F. Worms, numéro 2 de la direction de l’école) et de l’occupation qui s’en suivit (occupation autorisée par le même F. Worms jusqu’au lendemain 8h30, si l’on en croit ce que les élèves occupant.e.s ont rapporté au cours de l’assemblée du 2 au soir).
Pendant que l’AG durait, certain.e.s proposaient la rédaction d’un communiqué [1] annonçaient la création d’une page fb et en appelaient à « l’intelligence collective ». Mais d’autres préféraient les couloirs. Et les halls, avec ses monuments aux morts. Sur l’un des marbres, une personne écrit les noms des individus récemment assassinés par la police française, produisant un effet de liste dans la marge laissée par la grande liste des morts pour la France. Et, elle ajoute : « tués par votre police ».
Eh bien, une heure passée tout au plus, quelqu’un annonce en AG, l’air grave, que le monument aux morts a été souillé et que cela signe sans doute la mort de l’occupation (décidément, que de « mort » !). Et, en effet, des élèves de l’école normale supérieure effacent l’inscription des noms sur le marbre et puis celle, mais avec moins de succès, posée sur l’autre marbre qui lui fait face (« nik la bac », avec le sigle de la marque à la place de « nik »).
On s’est alors rappelé, justement, l’occupation de l’école des Beaux-arts en 2016... Elle avait également tourné court, et pour les mêmes motifs. Des élèves s’étaient plaints que l’on dégrade leurs murs.
Alors, on se dit que cette nuit du 12 mai est l’occasion rêvée de se glisser dans la foule et de recommencer. On propose une chasse aux marbres ! On commence bien sûr par les monuments aux morts, mais d’autres marbres doivent aussi s’y trouver !