Voilà quelques semaines que la mobilisation des lycéens contre la loi travail a commencé avec le blocage des lycées de Paris et alentours le mercredi 9 mars. A la suite de cet événement plusieurs assemblées générales lycéennes et inter-lycéennes ont eu lieu au fil de la mobilisation. Or il se trouve que ces réunions censées organiser le mouvement lycéen sous le signe de la démocratie directe se sont révélées pour nous, un groupe de lycéens, une véritable illusion révélant à la fois des manipulations opérées par des organisations politiciennes mais aussi un véritable dispositif d’exclusion d’une partie des lycéens.
Le nom des organisations politiques impliquées nous semble inutile d’être révélé, tant leur volonté de contrôler le mouvement est connue par tout le monde mais aussi du fait que cette situation est généralisable à tout mouvement social utilisant le principe des assemblées générales tel qu’il est induit aujourd’hui.
Venons en aux faits, il se trouve qu’encore maintenant les AG inter-lycéennes sont avant tout, bien loin de l’image idyllique de lycéens s’auto-organisant, un rassemblement de jeunes ayant une certaine culture politique donc de capital culturel, nous laissant deviner l’origine sociale de la majorité de ces personnes. Il n’est nullement question ici de considérer des personnes « illégitimes » du fait de leur origine sociale mais de pointer le grand problème des AG en général : toute une fraction des lycéens s’étant mobilisés (et qui sont loin d’être une minorité) n’est jamais visible dans les AG, cette fraction se trouve d’ailleurs caractérisée par sa provenance des « quartiers populaires » (bien loin de nous d’émettre une analyse sociologique mais il suffit juste de voir à quelle point les AG inter-lycéennes sont « blanches » pour remarquer ce phénomène). Nous estimons que cela s’explique par la distance sociale qui sépare ces jeunes du dispositif de l’assemblée générale, demandant un savoir parler, une connaissance de la mobilisation politique ou encore une goût pour le débat politique.
Cela a pour conséquence une reproduction des vieux schémas pseudos démocratiques où ceux qui savent dirigent et ceux qui ne savent pas obéissent, quand bien même ces dernier seraient présents aux assemblées générales.
Si cela ne suffisait pas, nous nous sommes aperçus que des organisations politiques, désireuses d’avoir une main mise sur le mouvement et étant composées de la fameuse frange politisée des AGs, se sont mis comme objectif d’imposer au mouvement des décisions en noyautant ces assemblées générales, dont le principe démocratique était déjà bancale comme nous l’avons vu plus haut. Ainsi nous avons vu défiler prises de paroles interminables et successives pour monopoliser le débat, votes en fin d’AG lorsque la moitié de la salle était partie, imposition d’une tribune empêchant la spontanéité du débat, tout pour faire d’une AG une mini assemblée nationale.
Et bien sûr le spectacle ne se limite pas aux AG, des lycéens mobilisés dans leur établissement ont vu des membres de ces organisations les contacter afin de « coordonner la mobilisation », toujours en y imposant leur méthodes. Ils ont d’ailleurs réussi à réunir une AG avec leurs membres et des lycéens acquis à leur cause afin de décider des ordres du jour des prochaines AG inter-lycéennes, de prêter leur matériel et de toujours faire passer leurs idées.
Au-delà de la critique sociologisante de l’Assemblée générale et des agissements des organisations politiques, nous pensons tout comme la majorité des lycéens que les AG ne sont que des rendez vous des plus ennuyants possibles, avançant au rythme des plus pitoyables réglages de compte et d’interminables discours politiciens.
A cet ennui nous y opposons la spontanéité des jeunes, plus sincère expression de leur rejet de l’État, des flics et des patrons.
Nous sommes donc une majorité des lycéens, confrontés à la fois au principe de l’AG comme institution para-politicienne et à l’ennui qu’elle engendre. Considérant la situation, nous appelons donc tout lycéen voulant en finir avec les schémas classiques de la politique à fuir tout contact avec les syndicats et partis politiques s’impliquant dans le mouvement lycéen contre la loi travail et d’affirmer son autonomie politique.
Une bande de lycéens.
"Papa nous reniera jamais, j’suis ni flic ni encarté"