Depuis plus de 120 jours maintenant des postières et des postiers des Hauts-de-Seine sont en grève. Démarré le 29 janvier pour réclamer le renouvellement du contrat de certains de leurs collègues les grévistes font face, à un silence médiatique et politique assourdissant, mais surtout à une répression féroce de la part de leur employeur.
Face à la ténacité des grévistes qui résistent depuis trois mois, la Poste vient en effet de lancer des procédures disciplinaires pour une dizaine de grévistes, ce qui risque pour plusieurs d’entre eux de se traduire par le licenciement pur et simple.
Au delà de la simple solidarité de classe envers des travailleurs, cette lutte se distingue sur différents points :
Sa durée et sa détermination :
dans cette époque où l’abattement est désormais la norme prêchée partout, la durée et l’ampleur de cette grève sont un démenti cinglant à la résignation quotidienne. Elle est également la démonstration que l’affrontement entre exploiteurs et exploités reste le quotidien de millions de personnes dans cette société, que ce que l’on nomme lutte de classe est une réalité concrète et tangible, malgré ce que l’on voudrait nous faire croire. Enfin elle redonne de l’éclat au joli mot de solidarité, à l’opposé d’un chacun pour soi (et tout le monde dans la merde !) tellement profitable, pour ceux qui nous dirigent.
Ses revendications :
Lancée dans une course folle à la compétitivité depuis qu’elle gère une « société anonyme » la Poste a non seulement réduit la qualité de ses services (tout en augmentant ses tarifs, évidemment), mais aussi supprimé des centaines de bureaux et d’agences sur le territoires et aligné ses offres financières et ses méthodes sur celles des banques. Cette restructuration, s’est traduite depuis quinze ans par une forte intensification du travail et un management particulièrement cruel dont la vague de suicides ces dernières années à démontré le caractère criminel.
Elle a aussi changé la nature des cadres du contrat de travail. Le recours systématique aux contrats précaires (recours a des CDD multiples) , aux contrats aidés (CAE/CUI) ou même à des salariés en formation (les contrats FORMAPOST) qui effectuent de fait des tâches identiques à celles des salariés titulaires mais en moins cher, dans une entreprise qui assure un service stable et quasiment sans concurrence qui n’est motivée que par la recherche du fric (la Poste annoncé 600 millions de bénef’ l’année dernière). La légitimité de cette grève contre la précarité et le mépris de la hiérarchie est donc totale. Comment ne pas se reconnaître ses revendications ?
Sa composition :
Les grévistes issus majoritairement du prolétariat des banlieues démontrent, par leur ténacité et la solidarité qu’ils se témoignent que, pour ceux qui l’auraient oublié « la classe » aussi diverse et variée soit elle, est encore une réalité opérante et agissante. A contre courant des poncifs médiatiques et du mépris journalistique, présentant ces dernières comme des « territoires perdus », renouant par là même avec la vieille rengaine classe laborieuse/classe dangereuse. Les banlieusards ce sont d’abord des travailleurs.
Sa dynamique et ses perspectives :
Devant le silence médiatique et l’absence de solidarité syndicale globale, et bien conscients des enjeux qu’ils incarnent les postiers des Hauts de Seine ont œuvré à construire cette fameuse convergence dont tout le monde parle mais que fort peu mettent en pratique. En occupant avec les intermittents du spectacle le siège du PS rue de Solferino, en proposant des discussions pour la constitution d’une coordination pour les postiers de toute l’Ile-de-France, les grévistes ouvrent des possibilités qui pourraient s’avérer prometteuses pour l’avenir.
Ce qui se déroule à la Poste est donc à l’image de toute la société. Et pour tout ceux qui bossent dans un boulot de merde payé des miettes avec en plus l’angoisse de ne pas savoir de quoi sera fait demain comme pour ceux qui chôment avec la culpabilisation et le contrôle permanent, le combat des grévistes du 92 est un bol d’air frais. Il est donc primordial de tout faire pour que celui-ci soit gagnant, car leur victoire sera aussi quelque part la notre.
Nous discuterons de tout cela en avec les grévistes de la poste le vendredi 20 juin a la Cantine des Pyrénées, non seulement pour récolter du fric et alimenter leur caisse de solidarité, mais aussi pour comprendre comment nous pourrions nous aussi (en tant qu’usager de la Poste par exemple) renforcer cette lutte car si notre solidarité doit être matérielle elle doit aussi être effective et ne peut se résumer à la simple assistance financière, pour transformer cette solidarité en arme.
Vendredi 20 juin, 18h30
à la Cantine des Pyrénées,
331 rue des Pyrénées, métro Jourdain