Samedi, tous dans la rue pour Steve, pour Zineb.

Appel à rassemblement Samedi 3 Août 2019 à 12h, Place de Clichy.

Les Gilets jaunes comptent leurs mutilés et autres blessés graves. Il n’y a cependant pas besoin de manifester pour se faire assassiner par la police comme en témoignent les morts de Zineb Redouane à Marseille et Steve Maia Caniço lors de la fête de la musique à Nantes. Les bavures ne sont pas des incidents isolés, elles sont structurelles et se reproduisent inlassablement. La thématique des violences policières, autrefois cantonnée à la sphère militante et aux quartiers populaires, s’est imposée dans toutes les discussions.

Rien que pour ce début d’été 2019 :

  • les flics responsables de violences ont été récompensés par Castaner.
  • le procureur de Nice avoue avoir menti à propos de Geneviève Legay pour ne pas contredire Macron.
  • toutes les fausses enquêtes de l’IGPN n’ont logiquement pas abouti.
  • Édouard Philippe, le jour de la découverte du corps de Steve, conclue : « Il ne peut être établi de lien entre l’intervention de police et la disparition de Steve Maia Caniço »
  • des comptes Twitter et Facebook de flics se sont ouvertement moqués de Steve

Il n’y a plus aucune limite dans l’indécence. Le pouvoir et ses chiens de garde sont en roue libre et testent notre résignation.

Mais cette fois, c’est la goutte d’eau de trop, et des appels à rassemblement se multiplient dans toute la France. Le pouvoir sent qu’il perd l’opinion. Devant le risque d’une juste vengeance populaire, le préfet de Nantes interdit les rassemblements, les « appels au calme » affluent de partout, « ce n’est pas le moment de polémiquer », « les proches de Steve se sentent trahis par les appels à la violence ». Bref, le théâtre habituel... Mais le chantage est trop grossier et nous ne nous ferons pas avoir.

À Paris, le Samedi 3 Août 2019, à 12h, nous irons au rassemblement Place de Clichy.

puis à la manifestation des Gilets Jaunes

Nous répondons ainsi à l’appel de nombreux groupes qui se sont organisés sur Facebook, Demosphere et en particulier celui paru sur Cerveaux Non Disponibles que nous reproduisons ci dessous.

Des Gilets Jaunes

Il peut paraitre parfois vain de sortir dans la rue crier sa colère et son indignation face à un drame, face à une injustice. Mais nous n’avons pas d’autres choix. Car ne pas sortir, ne pas manifester, ce serait laisser s’installer un peu plus l’inacceptable dans nos vies. Laisser la mort s’installer partout. Laisser l’injustice devenir la norme.

Steve Maia Caniço est mort noyé dans la Loire le soir de la fête de la musique. Son crime ? Avoir dansé au delà de l’horaire “autorisé” par la préfecture.
Zineb Redouane est morte dans son salon le 02 décembre dernier. Son crime ? Avoir eu sa fenêtre ouverte pendant une manifestation de Gilets Jaunes.

Ces morts sont une honte pour la République. Une tâche qui ne s’effacera jamais dans l’histoire de notre pays. Car au delà des morts qu’ils ont causées, ce qui rend la chose encore plus affreuse et intolérable, c’est l’attitude du pouvoir et de toutes les structures capables à un moment donné d’offrir justice aux proches des victimes.

Aujourd’hui, l’État persiste à dédouaner totalement et sans aucune mesure l’ensemble des forces de police, des chaînes de commandement, de la préfecture et du ministère de l’intérieur pour ces deux drames. L’affaire Legay nous a montré qu’un procureur a volontairement menti pour “protéger” le président de la République. l’IGPN enchaîne les rapports totalement ubuesques dignes de régimes totalitaires n’acceptant pas la moindre remise en cause. 14 personnes sont tombées dans la Loire suite à la charge policière du 21 juin à Nantes. Comment accepter qu’un rapport de l’IGPN puisse conclure qu’aucun lien ne peut être établi entre cette charge policière et la mort de Steve ?

Aujourd’hui, la police des polices n’est qu’une coquille vide. La séparation des pouvoirs, un lointain souvenir. Ce qui se passe actuellement en France est particulièrement dangereux pour nous tous, et pourrait se révéler totalement mortifère à moyen et long terme. Si nous acceptons aujourd’hui que la pouvoir musèle la justice et les instances censées contrôler/punir les corps de l’État, que se passera-t-il quand ce pouvoir sera aux mains de personnes encore plus dangereuses ?

C’est pour cela qu’il ne peut y avoir qu’une réponse samedi face à cette situation : la mobilisation, la colère et la résistance. Pour honorer la mémoire de Steve mais aussi pour refuser cette nouvelle démocratie qui n’a plus rien de démocratique. Si nous ne nous levons pas aujourd’hui, nous courrons le risque de rester à genoux pendant des décennies.

Les Gilets Jaune ont soutenu depuis le lendemain de la fête de la musique les recherches autour de Steve. Ils se sont mobilisés pour maintenir la pression. Aujourd’hui, ils appellent à manifester pour que la vérité soit faite sur les conditions de la mort de Steve. Et que justice soit rendue.

Certains pourraient trouver que cette attitude relève de la récupération puisque Steve n’était pas GJ et qu’il participait “simplement” à la fête de la musique. Sauf que les GJ sont parmi ceux qui comprennent le mieux ce qui est en train de se jouer depuis plusieurs mois en France : le glissement totalitaire et ultra sécuritaire. L’attitude ultra offensive des forces de l’ordre, qui attaquent pour mieux se défendre. Le principe du présumé coupable par simple présence sur un lieu.

Alors oui, les Gilets Jaunes sont révoltés par le drame de Steve. Et c’est tout à fait normal. Non, ce qui pose question, ce qui n’est pas normal, c’est que si peu d’autres citoyens (non GJ), ne descendent dans la rue et s’opposent à cette nouvelle France où l’on peut mourir pour avoir été à la fête de la musique. Où l’on peut mourir pour avoir ouvert sa fenêtre.

C’est toute la société qui devrait être mobilisée et révoltée : les syndicats, les partis politiques, les ONG, les associations, le monde de la culture. Et tout un chacun.

Alors samedi, plus que jamais, soyons tous dans la rue, à Nantes, à Paris et partout ailleurs. Pour Steve, pour Zineb, pour la vie.

Localisation : Paris 18e

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