Hier à Nanterre, le tribunal avait rangé les pancartes « Je suis Charlie » du week-end. Ou plutôt, l’heure était à la vengeance. Dans « le Parisien », on apprend qu’un jeune homme de 22 ans passait en comparution immédiate pour "apologie de terrorisme". Apparemment une vidéo de 29 secondes diffusée sur Facebook, dans laquelle il se moque de la mort d’un policier devant Charlie hebdo. Les flics du coin l’auraient reconnu sur la vidéo et placé en garde à vue.
Si la dureté de la peine est sidérante, le chambre des comparutions immédiates de Nanterre a en réalité juste appliqué la loi antiterroriste votée en novembre. Celle-ci prévoit désormais jusqu’à 7 ans de taule pour ces faits, nous explique Le Monde qui tente d’éclairer la limite entre ce qui ressortirait de la liberté d’expression et de l’apologie de crime ou de terrorisme.
Dernier cas particulier : l’apologie du terrorisme, plus durement sanctionné depuis la loi de novembre 2014 sur la lutte contre le terrorisme. Le texte, mis en application ces derniers jours, prévoit que des propos d’apologie du terrorisme puissent être condamnés en comparution immédiate, renforce les peines encourues, et considère comme un fait aggravant le fait que ces propos soient tenus sur Internet. La même loi introduisait également la possibilité d’un blocage administratif - c’est à dire sans validation a priori par un juge - des sites de propagande djihadiste, une mesure fortement dénoncée par les défenseurs de la liberté d’expression.
Et de conclure, ce qui n’est pas rassurant :
En clair, c’est aux juges qu’il revient d’apprécier ce qui relève de la liberté d’expression et de ce qu’elle ne peut justifier. Il n’y a donc pas de positionnement systématique, mais un avis de la justice au cas par cas.
Bref, une épée de Damoclès au-dessus de tout le monde et surtout de ceux qui n’ont ni les bons conseils juridiques ni les bons avocats et qui ne maîtrisent pas les méandres juridiques de l’expression publique. Qu’on en vienne à foutre de la taule pour des vidéos sur des réseaux sociaux, c’est clairement déclarer la guerre à une partie de la population ou la pousser dans les bras de ceux qui justement réclament de pouvoir tout dire, et surtout des saloperies antisémites ou racistes.
Pour la blague, on attend les grands défenseurs de la liberté d’expression qui se sont réveillés depuis une semaine qu’ils s’expriment haut et fort contre cette répression aussi massive qu’intolérable.