Pour commencer, tu dis souvent que rien n’est neutre, rien n’est politique.
Christophe F. Ennajoui : Si on pense dans une logique constructiviste, tout est politique. C’est à dire que chaque geste que l’on pose se rapporte à l’organisation globale de la société ou autrement dit, à la gestion de la cité.
À l’opposé, certain·e·s pensent pouvoir être neutres et agir de façon transparente sans que leurs gestes ou leur propos n’aient d’incidence sur le cours des choses.
Je pense que les deux options sont fausses et que rien n’est neutre, rien n’est politique.
Pourquoi ?
C.F.E. : Connais-tu la petite histoire du papillon qui battait des ailes à New York, ce qui de réactions en réactions en chaîne à fini par déclencher une tempête à Paris ? C’est une petite parabole que l’on raconte habituellement pour expliquer rapidement la théorie du chaos. Le pauvre papillon pensait sûrement qu’il battait des ailes pour une raison ou pour une autre, peut-être plus ou moins politique selon ses convictions et ses intentions, mais il ne souhaitait certainement pas déclencher une tempête à Paris.
En clair, ce que tu fais ou ce que tu dis n’est jamais neutre car cela à toujours une conséquence, mais ce n’est pas non plus politique parce que tu ne peux pas prévoir avec certitude quelles seront les conséquences globales et même souvent tu n’as qu’un choix très limité qui échappe à ta volonté pour exécuter une action plutôt qu’une autre (que ce soit pour des raisons financières, juridiques, sociales, culturelles, etc.).