Ils sont en grève depuis plus de 4 mois : soutenez les postiers du 92 !
AU FAIT, C’EST QUOI LA POSTE AUJOURD’HUI ?
La Poste, Société Anonyme sous tutelle de l’État et du ministre Montebourg, illustre à sa façon comment le patronat conçoit le « pacte de responsabilité » et les 30 milliards de cadeaux du gouvernement. Après avoir reçu 293 millions en 2013 au titre du « Crédit Impôt Compétitivité Emplois » et engrangé 627 millions de bénéfices, l’entreprise continue à supprimer des milliers de postes tous les ans : objectif – 50 000 postes à « l’horizon 2020. »
Dans les Hauts-de-Seine, en plus de toucher ces subventions, la direction a décidé de ne plus embaucher que par le biais de contrats précaires. En 2013, elle a ainsi utilisé 300 jeunes et moins jeunes pour pallier les effectifs défaillants, et n’en a embauché que 140. Le gros avantage pour elle : ces emplois ne sont pas assujettis aux cotisations sociales et le salaire net est en partie (entre 45 % et 80 % pour les Contrats d’Insertion) payé par l’État. Évidemment, La Poste ne rend de comptes à personne sur le bilan des mannes qui lui sont versées, elle continue à réduire les effectifs et trouve par cette méthode une main-d’œuvre flexible et disponible. Comme le disait le patron des Hauts-de-Seine :
« La Poste profite de l’effet d’aubaine lié aux dispositifs de formations, c’est normal. »
Cette situation ne plaît pas aux postiers, d’autant moins qu’elle est un des leviers qui permet à La Poste de supprimer le principe « un facteur, une tournée ».
A Rueil, les facteurs n’ont pas voulu continuer à regarder passer le train de la précarité.
RUEIL : DES FACTEURS SOLIDAIRES
Le bureau des facteurs de Rueil est un des rares (le seul si on excepte les Caraïbes) à ne pas être passé aux nouvelles organisations du travail, dites « facteur d’avenir », et à ne pas avoir subi de réorganisation depuis 1999. La résistance acharnée des facteurs de Rueil a crée une ambiance un peu particulière sur ce bureau et y a permis de tisser des liens de solidarité entre travailleurs.
Le 5 janvier, après l’éviction d’une collègue qui terminait sa troisième année de CDD, une délégation de masse contraignait la direction à promettre qu’une collègue en contrat d’insertion verrait son contrat pérennisé le 28 janvier, date de la fin de sa « mission ». Le 28, elle se retrouvait au chômage malgré les promesses du début du mois. Une grève illimitée (suivie à 87 %) s’engageait le 29 janvier pour exiger son embauche. Rapidement, trois autres camarades en contrats précaires rejoignaient la grève et se battaient avec les titulaires.
Le contexte du mouvement favorisant les discussions, on découvrait qu’un jeune qui était passé par les cases « insertion/CCD/contrat Pro » avant d’aller pointer au chômage ne connaissait pas sa tutrice, celle qui était censée l’avoir formé pendant 6 mois. Celle-ci, gréviste, se rendait compte, au comble de l’étonnement, qu’elle avait signé (sans le savoir) les évaluations du jeune.
Une semaine plus tard, toujours sans réponse de la direction - mise à part la sortie d’un notable : « Ce ne sont pas les grévistes qui embauchent » -, les facteurs de Rueil s’adressaient aux autres bureaux d’abord pour expliquer leur grève et ensuite pour tenter d’agréger les forces.
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ON LÂCHE RIEN !
Aujourd’hui, la grève est encore majoritaire à Rueil, La Garenne-Colombes et Gennevilliers, et se maintient à 30% à Courbevoie. Des liens on été créés avec des grévistes de Paris XV et d’Epinay s/Orge – qui viennent eux aussi d’entrer en lutte contre des « réorganisations ». Des visites sur les différents piquets ont été organisées et des actions communes commencent à avoir lieu. C’est une opportunité de faire reculer la direction. Le 21 mai, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le commissariat où nos quatre collègues étaient en garde à vue. Nous lançons aujourd’hui un appel à un rassemblement large des postiers, des usagers, des militants syndicaux et politiques pour dire STOP à la casse du service public postal et aux méthodes répressives employées par La Poste.