Il s’agit de la plus grosse mobilisation à la RATP depuis 12 ans. Le service minimum, outil du pouvoir pour limiter l’impact des grèves, n’a pas eu l’effet espéré par la direction ! À l’origine de la grève, le projet de réforme des retraites qu’avance tout doucement le gouvernement. Ce dernier prévoyant entre autres la suppression des 42 régimes spéciaux, dont celui de la RATP. Ces régimes sont constamment présentés par les médias et politiciens comme des privilèges. C’est en réalité des acquis obtenus par des luttes et en contrepartie de conditions de travail particulières (travail le week-end, horaires décalés, etc.). Les présenter comme des privilèges, c’est tenter de diviser les salarié·e·s pour ensuite faire passer des réformes qui nivellent par le bas.
Les salarié·e·s de la RATP ont eu bien raison de répondre massivement à l’appel pour défendre leurs conquêtes sociales et tous les secteurs ont intérêt à faire de même. Ce projet est une attaque et une escroquerie pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses, du public ou du privé.
C’est toutes et tous ensemble qu’il faut frapper
Paris a tourné au ralenti ce vendredi, des bouchons monstres, des gares et stations désertes, des milliers de rendez-vous et réunions annulés… Les travailleuses et travailleurs de la RATP, en cessant massivement le travail, ont fait la démonstration que le meilleur moyen de paralyser l’économie, c’est la grève. Bien sûr, il ne s’agit pas de mettre en concurrence les différents modes d’action, mais alors que la question du blocage de l’économie se pose régulièrement, chez les Gilets jaunes ou dans les collectifs pour le climat, la grève de la RATP aura eu plus d’impact que bien des actions de blocages.
Certains diront, à juste titre, que si cette grève a un tel impact c’est qu’il s’agit là d’un secteur clé et que tou·te·s les salarié·e·s ne disposent pas d’une telle force. Il est vrai que des secteurs comme celui des transports, de la logistique ou de l’énergie ont une capacité particulièrement forte à bloquer l’économie. Mais la grève par procuration, en laissant seulement certains secteurs assumer le rapport de force, cela ne marche pas. Lorsque les grèves sont isolées, comme celle des cheminot·e·s en 2018, le pouvoir n’a qu’à jouer la montre. Mais lorsque les grèves s’étendent et se généralisent, notre force s’en trouve décuplée. Et puis la grève ce n’est pas que bloquer, c’est avant tout taper dans le portefeuille des patrons et c’est là où ça leur fait mal !
Et maintenant ? Le 24 septembre
Si le taux de grève a été si fort, c’est en partie dû au fait que l’ensemble des organisations syndicales appelaient, même la CFE-CGC, fait rarissime ! Beaucoup de petits chefs syndiqués là sont les mêmes qui, quand leur syndicat n’appelle pas, harcèlent leurs agents pour qu’ils ne fassent pas grève. La majorité des organisations syndicales ne souhaitent pas que les agents de la RATP s’auto-organisent via des assemblées générales. Ils pourraient ainsi perdre le contrôle de la grève. C’est le rôle des syndicalistes de luttes et révolutionnaires : tout faire pour que la grève soit contrôlée par la base.
Beaucoup regrettent que cette journée de grève réussie à la RATP ne se fasse pas en même temps que les autres secteurs. Plus largement, plusieurs dates de mobilisation sectorielles sont annoncées pour ce mois de septembre et on entend souvent parmi les militant·e·s, ou auprès des collègues, une critique de cette dispersion des dates. Il est clair que, pour faire reculer franchement le gouvernement, il va falloir s’y mettre ensemble et que quelques journées saute-moutons ne suffiront pas. Mais pour construire un tel mouvement, il ne suffit pas d’invoquer la grève générale, il faut des appuis solides. C’est-à-dire des secteurs capables de mettre des forces significatives dans la bataille.
Les actions professionnelles — lorsqu’elles correspondent à un réel processus de mobilisation, ancré sur des revendications largement partagées par les travailleurs et les travailleuses, portées par des initiatives unitaires qui se répercutent sur le terrain — ont leur légitimité et leur utilité.
Alors, comme à la RATP, réussissons ces journées sectorielles et mobilisons largement le 24 septembre pour nous donner les appuis nécessaires à un mouvement capable de faire reculer Macron.
Union communiste libertaire, le 13 septembre 2019