Depuis un mois et demi, le bâtiment A de Paris 8 est occupé par des exilé.es de plusieurs nationalités et des personnes solidaires. Pour se protéger des violences policières à chaque coin de rue, qui font des quartiers de La Chapelle et de la Villette le terrain d’une véritable chasse à l’homme. Pour se protéger du froid, de la neige, de la pluie. Pour ne pas mourir sur un bout de trottoir comme Karim, exilé soudanais, la semaine dernière à la porte de la Chapelle, sous le regard indifférent des passant.e.s et des travailleurs « sociaux » du camp Hidalgo. Pour contrer la violence des institutions, la prise d’empreintes à l’électricité, l’enfermement et la déportation. Pour résister à un projet de loi qui n’est rien d’autre que l’aggravation d’une situation de fait, créée par ce droit dérogatoire au droit commun qu’est le droit des étranger.es et par une pratique administrative et judiciaire raciste. Pour tout cela, il a fallu et il faut encore s’organiser.
S’organiser, à Paris 8, c’est occuper un bâtiment et lutter pour que ces questions ne soient pas appréhendées sous l’angle de la gestion de population, du maintien de l’ordre public ou de l’urgence humanitaire. Il ne s’agit pas d’une mise à l’abri, mais bien de construire un rapport de force avec ces autorités qui écrivent ou appliquent la loi. Des revendications et une parole politique propres aux exilé.es sont nées. Ici, tous les jours, nous construisons un lieu de vie commune. Ici, au quotidien, nous nous organisons. Nous manifestons à Paris 8, devant la préfecture, dans les rues, devant le CRA du Mesnil-Amelot pour libérer l’un des nôtres arrêté en préfecture alors qu’il allait renouveler son récépissé. Nous pratiquons l’auto-défense juridique et politique. Nous ne nous laisserons pas faire.
Par notre lutte, nous piétinons le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) et affrontons les préfectures. Face au racisme d’État, nous pouvons gagner, créer une brèche dans les politiques racistes de l’État français, redonner espoir aux 1300 personnes qui dorment dans la rue à Paris, aux enfermé.es en CRA en attente de déportation, aux réfugié.es statutaires sans logements, aux mineur.es rejeté.es au faciès par le DEMIE, aux débouté.es de l’asile.
C’est pourquoi nous appelons à manifester avec nous devant la préfecture de Bobigny le vendredi 23 mars à 14h.