Quelques notes sur la commémoration de l’attentat de l’Hypercacher

| JJR - Juives et Juifs Révolutionnaires

Quelques Juifs révolutionnaires sont allés à la commémoration de l’attentat de l’Hypercacher, le 9 janvier 2016.

Nous n’étions pas en capacité d’organiser un événement alternatif ni d’avoir une présence visible à celui-ci tout en assurant notre sécurité et de façon générale, se réunir à l’appel d’organisations dont certaines sont à l’antithèse des valeurs que nous défendons nous pose problème, ce qui nous a longuement fait hésiter. Néanmoins, ce massacre était trop important pour que nous renoncions à le commémorer. Nous en livrons ici un rapide compte-rendu, à chaud, non exhaustif bien sur. Le rassemblement était organisé par les principales organisations juives (CRIF, UEJF, FSJU, Consistoire, etc.). Plusieurs personnalités sont intervenues, dont Roger Cukierman, Joël Mergui, Nicolas Sarkozy, Anne Hidalgo, et Manuel Valls. Quelques centaines de personnes étaient présentes, en grande partie issues de la minorité juive.

Parmi les discours, celui de Valls nous répugne particulièrement. Comment peut-il mentir aussi effrontément en parlant de « deux siècles d’histoire d’amour entre la France et les Juifs ». Ceux et celles dont les grands parents ou les parents se cachaient durant la Seconde Guerre Mondiale mesurent assez bien cet amour, de même que tout.e.s ceux et celles qui ont été où sont victimes de l’antisémitisme encore aujourd’hui. Il y a d’autres choses à dire sur ce discours, comme cette idée réactionnaire que « expliquer c’est déjà chercher à justifier ». Comme si Marx justifiait le capitalisme dans Le Capital, comme si Milza justifiait le fascisme dans ses livres ...
En s’interdisant d’analyser les causes de la violences antisémites, on s’interdit de les combattre efficacement pour se contenter d’en condamner les manifestations les plus violentes. Quant à nous, nous pensons que le combat contre l’antisémitisme passe par le combat contre ses causes, pour l’éradiquer.

Autre aspect de son discours, celui qui consiste à amalgamer opposants anticolonialistes à la politique israélienne et antisémites avérés. Si ces derniers, tels Dieudonné, Soral et consort, avancent masqués en refourguant parfois leur antisémitisme sous le prétexte de la « solidarité avec la Palestine », les amalgamer avec les anticolonialistes est une manière de participer à la logique de confusion sur laquelle prospère précisément les antisémites en question.

Nous avons pu également constater la présence de l’organisation fasciste LDJ, qui a multiplié les démarches d’intimidations envers des organisations juives de gauche, en leur intimant de baisser leurs drapeaux, avec des menaces à peine voilées. Une stratégie qui s’inscrit dans leur volonté de faire taire toute voix dissonante au sein même de la minorité juive, pour pouvoir déverser tranquillement leur haine raciste. Les fascistes de ce type cherchent à faire taire toute voix alternative au sein de notre minorité nationale, et embrigader les juives et juifs derrière une idéologie raciste présentée frauduleusement comme de l’autodéfense, en instrumentalisant et détournant la peur, la révolte et l’émotion légitimes face aux violences antisémites. Ce faisant, il sabotent toute réelle perspective d’autodéfense efficace, que seule une stratégie antiraciste et progressiste peut porter.

Nous avons pu également constater la prégnance d’un sentiment de solidarité avec l’État israélien parmi les présent.e.s. Contrairement à ce que disent beaucoup, les attentats contre l’Hyper Casher ne relèvent pas d’une même logique que la résistance palestinienne à l’occupation et à la colonisation. Le combat des opprimé.e.s contre leur oppression est juste, en Palestine comme ailleurs. Celui des fanatiques pour construire une société fasciste religieuse ne l’est pas.

Cette commémoration nous a conforté dans l’idée qu’il faut, autant que faire se peut, organiser des initiatives spécifiquement progressistes contre l’antisémitisme, sans laisser la moindre place aux racisme ou aux entreprises de révisionnisme historique visant à évacuer les responsabilités de l’idéologie nationaliste dans l’antisémitisme structurel en France.

Contre l’antisémitisme, il faut construire une alternative radicale, nous défendre nous-même, unir ceux et celles qui sont opprimé.e.s pour aller vers la révolution sociale.

Note

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Localisation : Vincennes

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