Quartier des coutures : des clôtures pour mieux cacher la pauvreté
Des nouvelles clôtures dans le quartier des Coutures ? Une réunion publique de « concertation » est organisée par la mairie de Bagnolet notamment pour que le petit square Eugène Varlin soit grillagé et gardienné. Mais n’y a-t-il pas déjà assez de grilles, de barrières, de frontières ? Et quels horizons, quelles perspectives donne-t-on aux enfants qu’on enferme derrière des grilles dès le plus jeune âge ? Est-ce une ville en barbelés que nous voulons dessiner ?
Une chose est sûre, c’est qu’ainsi, les sociétés vendeuses de caméras, de portes verrouillées et de systèmes de fermetures en tous genres s’engraissent... Elles font leur beurre sur un discours sécuritaire très relayé par les pouvoirs publics.C’est notamment aussi au nom de cette soi-disant « sécurité » que, plusieurs fois par semaine, les biffins se font harceler non loin de la Porte de Montreuil et de ce fameux square. Les biffins, ce sont des femmes et des hommes, âgés pour certains, des enfants parfois, qui vendent ce qu’ils peuvent à des prix modiques. C’est la galère, une lutte pour la survie, une manière de se débrouiller, de trouver quelques euros. Pas du tout une situation idéale, c’est sûr, mais c’est tout de même un marché où, pour une fois, il n’y a pas besoin de payer un emplacement ou une taxe (pas besoin donc d’avoir de l’argent pour essayer d’en gagner), et où ainsi les différentes personnes qui vendent ne sont pas fichées par les organisateurs du marché.
Par contre, sur ce marché aux puces, du contrôle, il y en a : les CRS sont sans cesse présents, et régulièrement, les flics forcent les biffins à évacuer précipitamment les lieux. Chaque jour de marché, les grilles de la passerelle piétonne reliant Bagnolet à Paris sont fermées.
Des riverains se plaignent parfois des différentes « nuisances » que provoqueraient les biffins. On peut deviner aussi que les patrons des hôtels alentour ne voient pas leur présence d’un très bon œil. Il y aurait de la saleté, du bazar... Mais tout cela n’est-il pas en partie organisé par les pouvoirs publics ? Quand les flics repoussent les biffins, c’est souvent de manière musclée : ils les contraignent à abandonner certaines de leurs marchandises, parfois aussi les flics détruisent tout simplement ces dernières et elles restent ensuite sur les trottoirs durant des jours.Plutôt que de se battre contre les biffins, pourquoi ne pas se battre contre les flics qui tentent de faire fuir toujours plus loin les personnes qui ne correspondent pas à certains critères ? contre les pouvoirs publics qui ne mettent quasiment pas à disposition de toilettes, de douches et de points d’eau, ne donnent presque jamais de logements et de papiers, et signent des accords pour accélérer la transformation du quartier au profit de populations plus aisées ? Heureusement les grilles, les frontières, n’empêchent pas toujours les gens de passer !
Heureusement des solidarités existent et se tissent, des petites luttes surgissent. Organisons-nous ensemble pour une ville où on pourrait décider de comment on veut vivre ! Luttons pour que chacun puisse décider de là où il veut vivre !
Suite à cette réunion, nous avons écrit un nouveau texte pour raconter ce qui s’est passé et ce qu’on en pense.
Constatant qu’il y a effectivement ces derniers temps une accélération dans la chasse aux biffins, on propose un rendez-vous ce samedi 18 octobre 2014 à 16h à Porte de Montreuil devant le centre commercial, pour faire une diffusion de tracts à ce sujet. (le tract n’est pas encore fini, il s’agira d’une adaptation mise à jour de celui qu’on a diffusé à l’occasion de la réunion du 30 septembre).
À propos de la réunion de concertation dans le quartier des Coutures sur la question des biffins et de la clôture du square Varlin
Ce mardi 30 septembre 2014 s’est tenue une réunion de concertation sur « les problèmes de nuisances et de sécurité que créent les vendeurs à la sauvette autour du square Eugène Varlin » selon les mots du maire de Bagnolet qui organisait cette rencontre avec les habitants du quartier des Coutures. Nous nous y sommes rendus à quelques-uns, non pas pour y écouter ce qui allait se dire mais bel et bien pour gueuler avant de les laisser déverser leur sempiternelle rengaine. Face à une salle comble, notre intervention a suscité beaucoup de haine et de violence de la part de certains des participants.
Une réunion de concertation ?
Parce que nous nous sommes déjà rendus à un certain nombre de réunions sur la question du PNRQAD (projet de transformation du quartier) ou sur le marché de la Biffe, nous sommes arrivés à la conclusion que cette pratique ne sert qu’à exposer des projets déjà ficelés avant même la réunion et en l’absence de toutes les personnes concernées. S’agissant du PNRQAD, les projets arrivent déjà montés par les urbanistes ; quant au marché de la Biffe, jamais un seul vendeur n’y est invité. L’idée que la parole de tous peut être entendue n’est qu’une illusion pour nous faire croire que nous sommes en « démocratie » et que nos paroles seront prises en compte.Prises en compte par qui ?
Ces projets sont faits pour satisfaire le marché de l’immobilier et pour endormir les habitants qui rencontreraient des « problèmes » dans l’espace public. Ces réunions de concertation ne sont qu’une sorte de plateforme démagogique où le plus puant et raciste des langages est possible et même légitime. Nous refusons de participer à cette mascarade.Leur proposition
Comme à leur habitude, l’idée reste d’en foutre plein les yeux en allant souvent dans le sens des riverains les plus virulents. Bétonner, grillager, contrôler… 20 ans qu’ils tentent de virer les Biffins du trottoir, plus de 20 ans qu’ils sont toujours là, avant nous et après nous. Parce que finalement le vrai « problème » c’est la pauvreté, et ça ne se règle pas à coup de CRS ou de grillage. Les gens qui biffent essayent de trouver de l’argent pour bouffer et pas pour se payer des mercos ou des restos. Les pouvoirs politiques et les spéculateurs ont tout intérêt à diviser les gens, à entretenir des haines, comme celle des « riverains » contre les « biffins ». Pour que celui qui galère tout seul dans son appart ne s’organise surtout pas avec celui qui galère tout seul dans la rue. Pour qu’on ait moins de force pour résister à ce qu’on nous inflige. Pour pouvoir bien continuer à nous utiliser pour bosser, payer les loyers et consommer...Le problème c’est pas les Biffins
Le problème c’est l’argent et ses conséquences. On est obligés d’en avoir sinon on crève la dalle, on dort dehors, on ne peut pas se soigner. Aujourd’hui à Bagnolet Montreuil, il y a des milliers de mètres carrés vides. Et eux, ils continuent à en construire d’autres. Pas besoin d’avoir fait sciences-po pour comprendre qu’ils nous prennent pour des cons.
Nous, on veut pouvoir habiter et utiliser ces espaces pour s’organiser. Pour pouvoir vivre ensemble en dehors de ces obligations qui finalement ne créent que de la misère. On veut reprendre la rue aux spéculateurs et aux flics.RV samedi 18 octobre à 16h à Porte de Montreuil, devant le centre commercial, pour diffuser des tracts et montrer notre opposition aux projets en cours.