Projection « Drôle de Drame - N’avoue jamais jamais jamais » - Ciné-club Archives Getaway

Autrefois, l’homme ne savait pas lire. Ou bien, s’il savait lire, il lisait la Bible. De toutes façons, il vivait en dehors du péché ! Mais aujourd’hui, l’homme sait lire...
Vous lisez les mauvais livres, écrits avec la mauvaise encre du mauvais esprit !

Monseigneur Soper, évèque de Bedford.

Drôle d’époque... Drôle de film... Drôle de Drame,

Film de 1937, réalisé par Marcel Carné, dialogues et adaptation de Jacques Prévert.

Suivi d’un court montage in progress de scènes d’interrogatoires : N’avoue jamais, jamais, jamais... ou La fiction cinématographique fournit-elle de bons alibis ?

Autrefois, l’homme ne savait pas lire. Ou bien, s’il savait lire, il lisait la Bible. De toutes façons, il vivait en dehors du péché ! Mais aujourd’hui, l’homme sait lire...
Vous lisez les mauvais livres, écrits avec la mauvaise encre du mauvais esprit !

Monseigneur Soper, évèque de Bedford.

Alors, c’est un système, un système systématique.
Vous refusez de répondre, systématiquement ?

Inspecteur Bray, fin limier de Scotland Yard.

Entrée Libre.

Il y aura du pain, amenez donc de quoi le garnir...

A propos du film

S’il faut donner quelques raisons de projeter ce film, ce n’est pas tant pour justifier la programmation du jour, mais plutôt pour proposer quelques perspectives et pistes de réflexions, à rediscuter ou pas après la projection, et ainsi dérouler quelques unes des raisons de venir même si : le 15e c’est loin, il fait froid, on l’a peut-être déjà vu et on s’en souvient vaguement, « bizarre, vous avez dit bizarre » on connait, c’est un vieux film en noir et blanc et on l’a regardé il y a longtemps à la télé en famille. Bref, autant de mauvaises raisons de ne pas se déplacer.

D’abord, par ces projections dans le cadre du ciné-club, il ne s’agit pas tant de voir les films que de les voir ensemble, d’en penser quelque chose, et de proposer à l’adoption les regards subversifs qu’on peut leur porter.

Et puis, dans le millefeuille formidable de ce film, on trouvera entre autres, pêle-mêle mais bien agencés : une critique de la morale religieuse, des logiques et pratiques policières, du sens commun de la saloperie toujours prêt à lyncher le premier coupable qu’on lui fabrique, des attaques acides contre la tartufferie qui consiste à se considérer l’auteur de quelque chose, un tueur de tueur bien serviable, des mimosas, un journaliste qui travaille en dormant, dialectisant ainsi une des contradictions du mouvement ouvrier, entre stakhanovisme et droit à la paresse, et le tout, justement en noir et blanc, alors que c’est bien la couleur qui est aujourd’hui banale et dont le tapageur imitatif est lassant.

Dans une époque plus que maussade, étouffés entre la défense du drapeau et celle du religieux, alors que certains pensent qu’on y gagne à prendre parti imaginairement pour l’une de ces deux bannières au lieu d’ouvrir des perspectives révolutionnaires, le 15 janvier, venez donc plutôt voir Drôle de drame, un film tellement d’avant garde qu’il est sans doute encore en avance sur aujourd’hui et invite à déserter l’époque autant qu’il le faudra. Et puis c’est pas si souvent qu’un drame est drôle et qu’on peut en rire franchement, et en bonne compagnie.

Ciné-club ?

Un rendez-vous régulier pour regarder et écouter des éléments collectés ou rencontrés, des films, des images ou des sons, peut-être aussi d’autres supports, dans des lieux variés.

Il est important pour nous que cette initiative soit gratuite, pas seulement pour qu’elle soit ouverte à tous, mais aussi parce qu’il n’y a pas toujours besoin de payer même pour voir des films, parce que ce qui est gratuit ça fait plaisir, c’est un cadeau qu’on se fait collectivement et avec un peu de chance cela permet aussi de participer à critiquer cette « projection publique payante » qui sert majoritairement à définir le cinéma.

En novembre 2013 ont eu lieu 3 jours de rencontres et de projections autour du « cinéma militant » et de l’intervention par l’image. Pour continuer et enrichir cette dynamique de réflexion ouverte et collective, on mêlerait des films ou sons issus de la collecte, et d’autres moins rares, mais dont la projection semble intéressante et utile, prolongeant ou initiant des pistes de travail.

Archives Getaway ?

Les Archives Getaway collectent des tracts, brochures, affiches, livres, objets, sons, images, films liés aux luttes sociales et groupes révolutionnaires sur la période qui s’est ouverte depuis la guerre d’Algérie jusqu’à nos jours. Notre intérêt se porte particulièrement sur ce qui s’est produit au plus près des luttes, qui émane principalement de collectifs éphémères et de mouvements tendant à dépasser le cadre des partis et syndicats, ces matériaux sont peu conservés, négligés, et souvent détruits, ils sont donc, bien plus que les livres édités, amenés à disparaître si on n’en organise pas la conservation. Tracts, brochures, journaux, mais aussi images et sons se trouvent donc au centre de notre collecte.

À partir de ces matériaux nous proposons d’organiser du travail collectif, public quand cela s’y prête, que cela soit pour enquêter à partir de documents, vérifier ou invalider une hypothèse, élaborer l’édition ou la réédition d’un texte, écrire un fragment de l’histoire des luttes.

Pour plus de détails sur le projet, pour se tenir au courant de la date de la prochaine permanence et des chantiers en cours, pour nous contacter :
http://getaway.eu.org

Localisation : Paris

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