Face à l’exacerbation du fondamentalisme islamique obscurantiste et régressif, au fondamentalisme néo libéral usurpateur et colonialiste et au fondamentalisme d’une gauche sociale et ( ou ) nationaliste centralisatrice et substitutive, le processus révolutionnaire déclenché en Tunisie ( 2010-2011 ), et propagé dans toute la région arabe s’est heurté à une entreprise infranchissable de manœuvres de récupération qui a trouvé, d’abord, aux syndicats et dans les partis ouvriers, puis dans les ONG dites de la société civile, un pilier solide qui a tout fait pour court-circuiter ce processus et le remplacer par un soi-disant « processus démocratique » qui limite les tâches révolutionnaires en une restauration des régimes en place.
Le courage des jeunes révoltés, des citoyens des régions et des secteurs populaires marginalisés n’a pas suffi à démanteler les vieilles structures et à émanciper le peuple du joug de l’État et du système capitaliste pilleur. L’absence d’une stratégie révolutionnaire réfléchie, d’un programme d’action déterminé et d’une capacité organisationnelle efficace et tranchante en est la cause principale.
Néanmoins elle a ouvert une perspective réelle de débats, d’études et de remise en cause des stéréotypes du 20e siècle qui continuent à infecter les mouvements révolutionnaires depuis la catastrophe de l’instauration puis du délitement du modèle soviétique monolithique et totalitaire, principal entrave au développement d’autres horizons révolutionnaires depuis presque un siècle.
Ce livre souhaite contribuer à ce débat et à ce dépassement de l’ère de stagnation et de désarroi. Il essaie de capter les inventions populaires inédites pour penser le processus révolutionnaire du 21e siècle.