Pour faire barrage aux travailleuses et aux travailleurs, le gouvernement attaque la manif du 1er mai

Une journée de lutte, comme d’habitude bien remplie et comme l’an dernier, les flics ont attaqué le cortège parisien. Pour protéger une banque, une publicité ou nous empêcher de nous déplacer, la police a montré qu’elle n’avait pas de limite dans la violence. Si les médias traditionels chouinent sur les flics blessés (dont un avec sa propre grenade de désencerclement) nos pensées vont aux dizaines de manifestant-es blessé-es et aux dizaines de milliers de personnes qui ont osé défier le dispositif répressif.

Pas mal de monde place de la République à 14h. Plusieurs dizaines de milliers à coup sûr. Plus tôt un rassemblement avait eu lieu au pont du Carroussel à la mémoire de Brahim Bouarram, et une manif libertaire au départ de la Place des Fêtes. Celle-ci a regroupé plusieurs milliers de personnes qui ont convergé à travers Belleville jusqu’à la Place de la République. A 14h30 environ, la manif’ s’est élancée avec un cortège de tête de plusieurs milliers de personnes. Lunettes de piscine, foulards et maalox, les bons réflexes du printemps dernier sont bien là. L’ensemble de la manif a regroupé 80 000 personnes selon les organisations syndicales. Ce qui est sur c’est que ce n’était pas ridicule et plus qu’un 1er mai classique.

Manifestation, Paris 1er mai 2017

Dès le début, une stratégie des flics ultra-violente

Arrivé.e.s à mi-chemin, sur le boulevard Beaumarchais, les flics réussissent à scinder le cortège « syndical » [1] du cortège de tête avec la complicité active du service d’ordre de la CGT. Celui ci s’est arrêté pour regarder l’intervention de Mélenchon dans le cortège pendant que nous courrons devant. L’occasion pour les flics de couper la manifestation en deux est trop belle, ils ne se sont pas gênés.
Il y a eu également quelques échanges de coups entre les membres du SO de la CGT et certains manifestants.

Alors que le cortège de tête se recompose assez tranquillement, les flics attaquent direct, un genou à terre, ils tirent au niveau du visage des grenades lacrymogènes, mais aussi déjà des grenades de désencerclements. On comprend que l’après-midi va être long... et repressif.

Sur le boulevard Beaumarchais, Paris 1er mai 2017

Les camarades répliquent avec pas mal de feux d’artifice et là, les flics utilisent une technique récurrente : les rafales de grenades de désencerclement.
Ils arrosent toute la manif de grenades de lacrymos quand le cortège se replie, et envoient une dizaine de grenades de désencerclement. Outre l’aspect très impressionnant et la trouille qui va avec, de très nombreuses personnes sont blessées... On voit des gens en première ligne s’effrondrer, d’autres clopiner. Ça tire dans le tas. Heureusement qu’il y a les banderoles renforcées. Des manifestant-es trouvent refuge dans les cages d’escaliers et les cours des immeubles.
Les flics cherchent à séparer le cortège en deux, avec « les pacifistes » d’un côté et les « violents » de l’autre. Dénominations bien évidement trop restrictivent.

Manifestation, Paris 1er mai 2017

La manif coupée en deux, une nasse à Daumesnil

À l’angle du Boulevard Beaumarchais et de la place de la Bastille, pendant de longues minutes, les deux côtés de la manifestation coupée en deux tentent de faire céder le cordon de CRS mais celui ci tient. Les manifestant.e.s de tête scandent « Libérez la CGT ! » Les flics réussissent à pousser le groupe de tête sur Bastille.

Place de la Bastille, Paris 1er mai 2017

On se retrouve sur la place, sous les gaz à environ 2000. En face, le cortège « syndical » est aussi la cible de lacrymogènes et de tirs policiers. Le groupe essaie de se rapprocher mais c’est sans compter sur les multiples tirs de lacrymos. On étouffe, la presssion devient trop grande et on est obligé de se barrer vers la rue de Lyon, comme le veulent les condés. À l’entrée de la rue de Lyon c’est la purge. Des grenades de desencerclements en rafale, des tirs de LBD40 en masse, des flics qui chargent et des nuages de lacrymos. Le groupe fond à vue d’oeil et là c’est vraiment très chaud. Les flics se lâchent. Ils font preuve d’un sadisme assez décomplexé. On est tous tassé par eux contre un mur quasiment nassés et ils envoient des grenades dans nos pieds. C’est plutôt la panique. Les 300 personnes qui restent se font nasser sur l’avenue Daumesnil. Une porte s’ouvre et des gens réussissent à se casser par la coulée verte. Bonne chance à eux !

Dans la confusion, se sont formées deux nasses, une sur l’avenue Daumesnil, sous la coulée verte qui regroupe plusieurs centaines de personnes, c’est difficile à estimer. Celle-ci sera liberée au bout d’une demi-heure. À la libération de cette nasse, 3 personnes choisies par les flics se feront arréter de manière très violente. Toutes les arrestations seront d’ailleurs extrêmement violentes.
Une autre nasse de 50 personnes rue Moreau avec plusieurs blessé.e.s et médics a duré, elle aussi, une demi-heure. Là encore des arrestations sont à déplorer. La pref’ parle de 5 arrestations pour l’ensemble de la journée.

Le cortège se reforme, les affrontements continuent

Alors que le cortège syndical dépasse enfin la place de la Bastille, un énorme cortège de tête se reforme. Si la violence des flics continue (avec son lot de blessé.e.s), cette fois le rapport de force semble tourner en notre faveur. Malgré le canon à eau les rangs se serrent, les flics sont davantage sur la défensive et essuient de nombreux tirs de projectiles divers. L’ensemble du cortège de tête fait bloc et les flics ont désormais beaucoup plus de mal à le couper, la situation semble parfois leur échapper sous l’offensive des plus énervé.e.s. Les précedentes nasses se font absorber par le reste du cortège. Cette tête de cortège est, à ce moment là, plus hétérogène et plus efficace à la fois. Comme si notre diversité nous rendait plus fort.

Si les SO restent tendus face au cortège de tête notamment parce qu’ils ont peur de se faire déborder par un reflux, les manifestant.e.s du cortège syndical sont bien plus mitigé.e.s, les gens tiennent à avancer et à ne pas se laisser couper de la tête de la manif et à aller jusqu’au bout à Nation malgré les nuages de gaz et les bruits incessants de grenades assourdissantes, de désencerclements, les pétards et la fumée.

Manifestation, Paris 1er mai 2017

Sur le boulevard Diderot, en tête de cortège ça continue. À chaque intersections, les flics sont là. Les affontrements ont lieu à l’angle de la rue de Citeaux, les gens s’affrontent à grand coups de cocktails molotov et les flics noient régulièrement la manif sous les gazs. Une colonne de police remonte le cortège en latéral. Ils tirent à coup de LBD40 à hauteur de visage.
Les affrontements sont particulièrement durs rue Pierre Bourdan où une arrestation très violente a lieu. Un mec en sang se fait molester au sol. Les attaques contre les flics sont en conséquence particulièrement vives.

Manifestation, Paris 1er mai 2017

La foule est massivement hostile aux forces de l’ordre qui semblent souvent débordées et parfois apeurées. Ils répondent donc vivement, notamment par un usage massif de LBD40.
Des affrontements très sérieux auront lieu aussi à l’angle de la rue Picpus et du boulevard où les manifestants videront leur stock de feu d’artifice. Une station autolib prend feu.

Rue Pierre Bourdan, Paris 1er mai 2017

Arrivée sur la place, la dispersion s’est faite dans le calme et une relative sérénité. À noter tout de même plusieurs arrestations (souvent violentes) suite à des fouilles ciblées

On note donc que la manif du 1er mai, immense et tendue, maintient la même conflictualité que pendant la loi travail. La défaite qu’a constitué ce mouvement, son amertume face aux institutions de droite et de gauche, s’est rejouée lors du 1er mai. Le mouvement social, désormais largement asbentionniste, se maintient dans la colère en dépit de ses défaites.

Note

Les photos ont été prise par le collectif de photographes LaMeute. Merci à elleux.

Notes

[1Cette dénomination est fausse, du moins à relativiser au vu du nombre important de syndicalistes composant le cortège de tête

Localisation : Paris

À lire également...