Un 1er mai agité et confrontationnel

Récit de la manifestation anarchiste de 11h30 (Place des Fêtes-Bastille), de la manif « unitaire » de 15h (Bastille-Nation) et des affrontements place de la Nation (jusqu’à 20h).

En fin de matinée, à place des Fêtes, manif anarchiste à l’appel de plusieurs organisations libertaires. Pas grand monde au début (genre 500), puis de plus en plus au fil de la manif (grasse mat’ générale ?). On devait être entre 1 000 et 3 000 au final.

Pas mal de slogans dans l’air du temps (« À bas l’État, les flics et les patrons » et autres slogans anti-keufs), une plutôt bonne ambiance, ça colle des affiches, ça tague tout du long : des slogans contre l’État et le capitalisme, mais aussi contre le travail et la police. « Travaillons à détruire le monde du travail », « Si Dieu existait, il faudrait le caillasser », « Flics, juges, hors de nos vies ! », etc.

Aussi, toutes les banques ont eu leurs vitres pétées (et leurs distributeurs de billets), ainsi que plusieurs agences immobilières, d’assurances, d’intérim et d’experts comptables, ainsi qu’une boutique SNCF No TAV ») et une boutique Bouygues. Des actions bien reçues par les manifestant-e-s, qui ont applaudi et/ou relayé ces moments en criant des slogans anticapitalistes.

Des flics en civil qui suivaient la manif sur le trottoir se sont fait téj’ à un moment donné, ce qui a permis aux manifestant-e-s de continuer leur chemin dans la bonne humeur jusqu’à Bastille, une heure avant le départ de la manif « unitaire ».

A 14h à Bastille, il y a déjà plein de monde. Plein de stands commerciaux (merguez et frites à gogo) et politiques (surtout des trucs de vieilleries bolchéviques). La manif commence avant même 15h et l’habituel cortège autonome de tête se forme très vite, encore plus mélangé que d’habitude, et beaucoup plus fourni (plusieurs milliers de personnes devancent la tête du cortège officiel intersyndical).

En tout, 16 000 personnes selon la police, 70 000 selon la CGT. C’est difficile à dire tellement il y avait de monde, mais c’est évident qu’on était beaucoup plus proches des 70 000 que des 16 000.

Le début de manif a été un peu poussif, beaucoup plus calme que d’habitude. Assez vite, on s’est crispé sur la présence de quelques rangées de flics anti-émeute, ça a commencé à gueuler des slogans pour qu’ils se cassent, puis c’est monté en tension, quelques caillassages puis quelques jets de grenades lacrymogènes. Malheureusement, on n’a pas réussi à les dégager, ou à les dépasser suffisamment, et les flics ont finalement à réussi à couper la tête de manif en deux. Là, ça a complètement bloqué l’avancée de la manif puisque tout le monde refusait de continuer en étant séparé-e-s. Il y a eu quelques tentatives de forcer les lignes de flics, mais en vain. Des projectiles, des lacrymos, aujourd’hui encore c’était mieux d’être bien équipé contre les gaz lacrymogènes... Dans la partie de tête de manif, des manifestant-e-s ont réussi à quitter la nasse et à doubler la ligne de keufs pour se retrouver tout devant. D’autres sont sorti-e-s par une cour d’immeuble pour rejoindre la suite du cortège et aider à l’élan de « réunification ». De tous les côtés de la manif il y a eu des frictions avec les CRS, ce qui a chauffé un peu tout le monde, dans une ambiance assez chouette puisque ça gueulait des slogans anti-flics partout et il y avait une belle entraide dès que les keufs balançaient des lacrymos.

Sur le boulevard Diderot, après de multiples tentatives pour les faire dégager, les flics ont finalement lâché et la manif s’est réunie sous les hourras. Pas loin de Reuilly-Diderot, tout un tas de CRS ont été mis en fuite dans une rue adjacente, sous les projectiles et les cris des manifestant-e-s (bon, les ordres étaient probablement de reculer à se moment-là, histoire de calmer les esprits - mais c’était peine perdue). Quelques trucs ont été cassés sur la fin de parcours (des panneaux de pub surtout), et d’un coup tout le monde s’est mis à gueuler « Nous sommes tous des casseurs ». Énervé-e-s ou pas, habitué-e-s ou pas, masqué-e-s ou pas, casseur-euse-s ou pas, (presque) tout le monde le chantait, c’était trop bien, ça allait complètement à l’encontre des discours politico-médiatiques actuels, et à l’encontre aussi des discours conspirationnistes qui disent « casseurs=flics ». On était des milliers à avoir tenu pour manifester ensemble, on voyait bien que les « casseur-euse-s » étaient des manifestant-e-s comme les autres, qu’on avait tou-te-s été solidaires les un-e-s des autres face à l’oppression policière. Parmi tous les tags qui sont apparus sur les murs du boulevard, un bien senti « Je pense donc je casse » a été aperçu.

Pendant que tout le monde arrivait sur la place de la Nation (fin de manif), des affrontements désormais habituels y ont eu lieu avec la police. Ça pète le bitume pour faire des caillasses à balancer, ça se tient pour aller ensemble attaquer les rangées de CRS, ça shoote dans les palets de lacrymo pour les éloigner des manifestant-e-s, ça aide les blessé-e-s à sortir de la place, ça refile du sérum phy’ à celles et ceux qui sont en galère à cause des lacrymos, bref c’est bonne ambiance. Et il y a plein de monde sur la place, c’est impressionnant. Alors même si tout ça ne donnera, une fois de plus, pas grand-chose : on restera québlo sur la place, ça déploie quand même un climat de lutte, avec ces odeurs de lacrymo qui se répandent dans tout le quartier.

Un peu avant 20h, les keufs tirent des lacrymos depuis toutes les rues autour de la place, et on est rapidement inondé-e-s. Un gros mouvement de foule se dirige alors vers l’entrée du métro (bloquée avec des rubalises…) et on rentre à 500 dans les couloirs, ça casse les cams et déchire les pubs, le métro arrive et on le remplit intégralement. On chante, on rit, on hurle et on sort à Oberkampf, non sans avoir jeté un dernier regard complice au chauffeur, hilare. Exalté-e-s, on arrive à la Nuit Debout en braillant des slogans contre ce monde et ses flics.

Alors quoi, on se voit mardi du côté de l’Assemblée nationale pour faire détaler les député-e-s ?
 ;)

Localisation : Paris

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