Le texte, instaurant une obligation vaccinale pour soixante-dix professions et étendant le pass sanitaire aux lieux de culture et de loisirs, aux bars et restaurants…, est passé lundi 19 juillet en Conseil des ministres puis, la commission des lois de l’Assemblée a auditionné le ministre de la Santé ce mardi 20 juillet à 14h et commencé l’examen des articles de loi dans la foulée. Le débat en séance publique est pour mercredi 21. Ensuite le texte arrivera au Sénat le 22 juillet. Le débat débutera en soirée et se poursuivra le vendredi 23 juillet. Comme un désaccord entre députés et sénateurs est fort probable, une commission mixte paritaire est déjà prévue afin de trouver un projet de loi de compromis. Si tel est le cas, celui-ci pourrait être adopté les 24 ou 26 juillet. Le texte ne sera pas promulgué dans la foulée puisque les sénateurs de droite et centristes ont prévu de saisir le Conseil constitutionnel. L’entrée en vigueur de la loi devrait avoir lieu début août.
Pourtant, l’extension du pass sanitaire, aux lieux de loisirs et de culture (cinémas, théâtres, musées…), est prévue dès le milieu de la semaine prochaine. C’est possible alors que la loi n’est pas votée puisque cette mesure repose sur le texte voté au sénat le 27 mai dernier confirmant la sortie progressive de l’état d’urgence sanitaire et la prolongation de ses mesures jusqu’au 30 septembre.
Dans l’attente, il nous faut lutter contre le Pass Sanitaire, contre l’extrême droite, pas pour soutenir aux petits commerçants ou se ranger derrière Edouard Leclerc, mais contre la poursuite du projet néolibéral et sa réalisation dans la surveillance de masse numérisée, mais aussi contre la réforme du chomâge et celle des retraites que le gouvernement a l’air d’avoir envie de passer dans la foulée.
Rendre la vaccination obligatoire et interdire toute circulation à celles et ceux qui ne le seraient pas en les rendant responsables de l’épidémie, et de fait coupables du fait que certain.e.s meurent du coronavirus est un scandale.
Tomber dans le piège du Pass Sanitaire et du vaccin obligatoire pour sauver le monde c’est aussi oublier que si le Covid est aussi mortel c’est aussi parce que les gouvernements successifs ont mis sous pression l’hôpital, viré des infirmier.e.s, supprimé des lits, poussé des médecins, chirurgiens à la démission ou au suicide parce qu’il est devenu impossible de s’occuper correctement des patients dans l’hôpital du capitalisme néolibéral. Aussi parce-que les mesures prises depuis un an et demie sont contradictoires et guidées principalement par la nécéssité de limiter la casse de l’épidémie sans infléchir la courbe de l’économie. Parce-que ce que le pouvoir protège ce sont les dividendes, les homards de De Rugy, les restaus clandos de la haute dans les apparts du 16èeme et les soirées dansantes à l’Élysée.
Parce que les vaccins ne sont de toute façon pas produits en nombre suffisant et que de fait se crée une fracture entre celles et ceux qui y auront accès et celles et ceux qui n’y auront pas accès. A commencer par les ressortissant.e.s des pays du tiers monde dans lesquels on envoie des vaccins non homologués pour l’obtention du Pass Sanitaire. Le monde vaccinal est un monde coupé en deux. D’un côté les riches ayant accès au vaccins, à leur renouvellement, pouvant se payer les tests PCR au cas où et de l’autre les pauvres interdits d’accès, de travail, confinés et condamnés à gérer la crise par eux-même. En fait le monde d’après, celui du vaccin, ressemblera tristement à celui d’avant, mais en pire. Un monde violent, raciste, classiste et autoritaire.
Dans la rue les derniers jours, comme aux premières heures des Gilets-Jaunes, la fréquentation des cortèges est complexe, mais le fait que Gabriel Attal et tous ses petits camarades glosent sur ces quelques abrutis, fachos et négationistes ou juste à côté de la plaque est un bon signe du fait qu’il ne faut pas tomber dans le piège de jeter ces manifestations à poubelle à cause de ces étoiles jaunes, de ces références nauséabondes à la Shoah qui n’a évidemment rien à voir. Tout est bon pour que le mouvement ne prenne pas. Le fait que la confusion fasse invoquer une résistance mythifiée de quelques-uns, dont une bonne dose de nationalistes dans un océan de collabos est proprement ridicule, le fait que cette resistance soit invoquée pour attaquer des centres de vaccination craint enormément. Mais cela ne devrait pas masquer une réelle rage dans les cortèges contre l’établissement d’un état totalitaire.
Ce déplacement qui permet au gouvernement et à tous les réacs de cacher la responsabilité du pouvoir derrière celles des individus est un scandale. Il est inacceptable que la révolte contre le Pass Sanitaire soit eclipsée par la présence dans la rue des conspis et des anti-vax alors que le gouvernement prétend lutter contre le covid en interdisant aux infirmier.e.s non vacciné.e.s de bosser mais qu’il exempte les flics de l’être. Au cours du premier confinement, de nombreux discours pointant la responsabilité du capitalisme néolibéral et de l’industrie dans la production des épidémies avait vu le jour. On avait alors peur d’un exode vers les campagne de bobos voulant faire leur retour à la terre. On avait vu un salutaire appel à lutter contre la réintoxication du monde. La responsabilité de la crise est toujours sytémique, ce n’est pas parce que des gens refusent de se faire vacciner que le Covid est arrivé. N’oublions pas que la solidarité est notre arme, que les ennemis sont l’État et le Capital.
Que l’extrême droite institutionelle ou groupusculaire se fasse l’étendard de la liberté face au fascisme prêterait presque à sourire, ce sont en effet eux les meilleurs amis de l’État et du Capital, le Pass Sanitaire, banque de donnée potentielle de chacun des lieux visités d’une personne va dans la droite ligne portée par les ultras de la droite et de l’extrême-droite que sont les Waucquiez ou Muselier tous les deux à fond sur la vidéo surveillance et la reconnaissance faciale. Les élus d’extrême droite étaient au front pour protéger les brevets des vaccins et donc leur monopole par les géants du médicament.
Les Le Pen, Philippot, De Villiers, Asselineau qui tentent de s’approprier ces manifestations, eux les meilleurs amis des flics qui seront chargés de réprimer cette vague de colère, puis de faire appliquer cette mesure si nous échouons à la bloquer. Les mêmes flics qui ont arraché tant de mains, explosé tant d’yeux et de mâchoires seront chargés de venir vérifier le respect du placement à l’isolement des personnes testées positives au Covid19. Le discours et les mesures prises poursuivent le durcissement sécuritaire et la criminalisation de celles et ceux qui refuseront l’arbitraire policier. Nous ne devons nous faire aucune illusion, les flics ne poseront leurs casques au sol que quand ils auront écrasé tout possibilité de révolte contre le pouvoir.
Comme au début du mouvement des Gilets-Jaunes, il est impératif d’aller dans ces manifestations pour en expulser l’extrême droite purement et simplement. Parce que les fachos présents en ce moment sont ceux qu’un antifascisme actif avaient mis dehors au début des Gilets-Jaunes. Parce qu’il est inacceptable de leur laisser une tribune et parcequ’il est trop dangereux de leur laisser ce terrain.
Il y a un an la France se démarquait de nombre de pays Européens en refusant de participer à la mise en place de ce que l’on appelait à ce moment le Passeport Vaccinal. Aujourd’hui le vent a tourné mais la mise en place du Pass Sanitaire n’est pas une solution miracle contre le Covid. Elle poursuit le projet macronnien digital et sécuritaire très bien illustré par la loi sécurité globale ou l’accélération de la mise en place de la 5G, et du passe droit donné aux opérateurs pendant le premier confinement pour installer des antennes pour généraliser et accélérer le télétravail. Le tout numérique, avec ce qu’ils permet de surveillance et le fichage ont le vent en poupe, L’achat par la police de 500 Kiosk pour casser la sécurité des téléphones portables, la loi sécurité globale, ses drônes et ses peines de prison ont bien démontré la volonté de l’État de prendre toutes les données qu’il veut quand il le veut. Le scandale Pegasus en train de monter nous montre bien comment l’État a été incapable de protéger la sécurité notamment des journalistes. Alors la promesse de l’État que son Pass Sanitaire soit supposé ne pas amasser de données est plus que douteuse.
Alors non le vaccin ne contient pas de puce 5G, oui il a un effet sur l’épidémie, bien qu’on ne sache pas très bien à quel point il est dépassé par le nouveau variant. Mais le fait que la vaccination soit soudainement la seule option de lutte contre le Covid est un argumentaire dangereux et profondément réactionnaire en ce qu’il renverse la responsabilité de la catastrophe. Si tout doit être fait pour que personne ne meurre plus du virus, la fin de la gratuité des tests PCR est un scandale de sécurité publique. Les tests de dépistage sont la première barrière contre les épidémies, qu’il s’agisse du Covid ou du SIDA.
Le coronavirus est dangereux, il serait fou de dire le contraire. Les vaccins sont efficaces contre la maladie c’est un fait aussi. Mais cette politique vaccinale est non seulement une politique de classe, puisque la répartition des personnes vaccinées dans le monde mais aussi sur le territoire français suivent les fractures de classe. Mais la numérisation de chacun des déplacements est une formidable offensive sécuritaire digne des pires régimes dictatoriaux du monde. Le débat ne doit pas tourner autour du vaccin mais d’une politique autoritaire, d’un projet de loi éminement dangereux dans ce qu’il permet comme contrôle de la population.
Nous ne devons rien attendre de ce gouvernement, il nous faut le détruire à tout prix, miser sur notre solidarité mise en pratique dans la lutte contre le pouvoir en place et l’extrême droite qui guette le moment pour se jeter sur le trône. Parce que nous ne voulons pas d’un monde où l’on confie notre santé à l’arbitraire sécuritaire d’un numérique tout puissant. Parce que là où le Pass Sanitaire est un outil de coercition, le vaccin devrait être un outil de santé publique. Et par dessus tout parce-que la présence de l’extrême droite dans la rue à quelques mois des présidentielles est éminemment dangereuse et que leur opposition à cette loi est évidemment fantoche. Notre rage, elle, ne l’est pas. Faisons le valoir dans la rue.