Opération place nette : le terrorisme d’État assumé

Le gouvernement a lancé des descentes de police, au nom de la lutte antidrogue, à grand renfort de communication. Une opération de terreur qui vise tou-te-s les habitant-e-s de quartiers populaires et qui rappelle que derrière la lutte contre la drogue se cache surtout des politiques racistes. Article de La Bogue

Des centaines de descentes de police partout dans les quartiers populaires, Macron qui se met en scène, un directeur de journal mis à pied pour un titre qui ne suit pas la ligne du parti [1], des saisies ridicules au vu des moyens déployés et comme toujours des arrestations. La répression du trafic de drogue, un business capitaliste qui prospère, est toujours un bon moyen de communiquer sur la puissance de l’État et son autoritarisme.
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Envoyer l’armée boucler un quartier et fouiller des bâtiments d’habitations au nom de la lutte contre la drogue, tout en sachant qu’il n’y a même pas de revente à cet endroit ? L’objectif est ailleurs : communiquer et faire peur.

L’histoire de la lutte antidrogue : une politique raciste

Au début des années 1970, aux États-Unis, c’est Nixon qui lance les premiers grands plans « antidrogue ». Il s’agit d’une période de mouvements d’afro-descendant-e-s très forts et d’un mouvement antiguerre du Vietnam puissant. Selon un ancien conseiller de Nixon, John Ehrlichman, la stratégie politique de Nixon de mener des grandes campagnes contre les drogues, était une manière de s’attaquer aux communautés africaines-américaines en même temps qu’aux militant-e-s pacifistes de manière détournée.

Envoyer des militant-e-s noir-e-s en prison ou des pacifistes (ou les deux) était trop compliqué alors qu’en plaçant la lutte contre la drogue comme la lutte morale par excellence permettait d’ouvrir les portes de toutes les législations et opérations exceptionnelles. Ainsi, le crack, consommé principalement par des personnes noires, faisait risquer une peine 100 fois plus importante que la cocaïne, drogue principalement consommée par les blanc-he-s et les riches.

Les personnes noires ont écopé aux États-Unis d’un traitement médiatique diabolisant qui les a associées à la consommation et à la vente de drogue alors que tous les chiffres montrent qu’ils ne consomment ni ne vendent plus que les blanc-he-s.

En France, c’est au même moment, et dans une logique que l’on peut penser similaire que la lutte contre les drogues prend son envol. Sûrement inspiré des politiques de Nixon, dans les années 1970 les premières lois antidrogues arrivent et annonce la couleur : augmentation des moyens pour la police, peines et dispositifs (para)judiciaires exceptionnels... Dans la France post-68 avec des mouvements étudiants d’extrême gauche très forts et la montée de l’organisation antiraciste et des émeutes dans les quartiers populaires, ces nouvelles lois font des ravages sécuritaires autant que sanitaires. De la même manière que l’imaginaire de la consommation et la vente de drogue se lie durablement aux populations racisées, les descentes de police se multiplient et la drogue est vue comme le mal absolu contre quoi tout est permis. En France, comme aux USA, la vente et la consommation de drogue sont loin d’être l’apanage des jeunes pauvres racisés mais ceux-ci se font plus arrêtés car sont plus surveillés, fouillés, ...

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