Le 18 février, la ZAD s’invite à Nanterre
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que le tournant écologique annoncé par la COP21 se révèle pour ce qu’il est : une fumisterie. La France, non contente d’être en tête des pays les plus nucléarisés, est également championne en terme d’aéroport par habitant. Un aéroport ne semble pas satisfaire la ville de Nantes, aussi le gouvernement fomente de déloger les paysans de Notre-Dame-des-Landes, pour remplacer cette belle zone humide par un deuxième aéroport. Allons, encore un effort si vous voulez être écolos.
Mais c’est sans compter sur la détermination de la résistance qui s’est installé sur la zone : depuis 2010, la Zone d’Aménagement Différé s’est transformée en Zone A Défendre, et c’est aujourd’hui près de 200 personnes qui habitent le territoire, qui construisent des cabanes et des barricades, qui expérimentent une vie collective et horizontale au sein même de la nature qu’ils défendent. La ZAD est un territoire d’expérimentation politique qui, à l’instar de la Commune de Paris, montre qu’il est possible de s’organiser localement, sans police, sans pouvoir et au delà de toutes perspectives marchandes.
En 2012, 1000 gendarmes sont envoyés pour déloger ces zadistes, après un mois de guérilla bocagère, l’Opération César échoue face aux irréductibles de la ZAD. Mais là encore, le pouvoir semble monter à la tête de ceux qui le détiennent, et le gouvernement de Valls s’entête à vouloir déloger cette zone libérée de son emprise, pour les bons comptes de Vinci, constructeur de l’aéroport. Le tribunal de Nantes a donné fin janvier son feu vert pour expulser les résidants historiques de la ZAD, les familles et les paysans qui y habitaient avant même que le projet d’aéroport n’apparaisse. À partir de maintenant et à tout moment, la police peut revenir sur la ZAD pour l’expulser, quitte à faire de nouveaux blessés, quitte à tuer comme ce fut le cas de Rémi Fraisse en 2014 sur une autre ZAD.
Le 9 janvier, 20 000 personnes et 400 tracteurs bloquent le périphérique de Nantes comme avertissement au gouvernement en cas d’expulsion. Le 30 et 31 janvier, 1000 personnes se retrouvent sur la ZAD pour y faire joyeusement des chantiers de construction durables, c’est qu’expulsion ou pas, tout le monde compte bien y rester ! Le prochain rendez vous est donné pour le 27 février lors d’une grande manifestation pour l’abandon du projet aux alentours de la ZAD. Face à la menace d’expulsion, il est important de faire connaître cette lutte, cette résistance, la joie qui en découle et les formes de vies qui s’y inventent. A l’heure de l’état d’urgence et de la catastrophe écologique, la ZAD est devenue un symbole d’espoir et de résistance face au monde capitaliste et policier qui se déploie, aujourd’hui plus que jamais.
Le 18 février à 18h30 dans l’amphi D1 sera diffusé No Ouestern, film de 30 minutes tourné en Super 8 sur la ZAD par le collectif des Scotcheuses, puis ce sera l’occasion de discuter de cette lutte, de la découvrir pour ceux qui ne la connaissent pas, et d’échanger avec deux habitants de la ZAD présents pour l’occasion. Dès 18h, nous nous retrouverons devant l’amphi pour discuter autour d’une boisson chaude, une petite cantine est prévue, n’hésitez pas à ramenez de la nourriture à partager.