Nous ne sommes rien, soyons tout !

Nous étions le 15 mai. Et Paris semblait en fête ! Quelle horreur.
Où sont-ils les insurgés du 14 juin ? où est passée la furie libératrice ? qui hurle « assez ! »

L’aveuglement général mutile nos consciences. La pensée est en berne. La révolution (concept bientôt imprononçable) est remise aux calendes grecques. Où sont passés les apaches de Belleville, les monte-en-l’air des Batignolles et les habits noirs ? Le monde bouge, mais la rage est statufiée. La hideuse allégresse printanière refait surface. Où sont les véritables malandrins de la commune ? Dans les grandes écoles ou sur les quais poisseux de Stalingrad ? Dans la cour du Lycée Henri IV ou tapis dans l’ombre des ruelles infréquentables du métro La Chapelle ?

Comme la Liberté, la révolte ne se divise pas ! Il est temps, grand temps de sortir de nos molles tanières, de renier Netflix (nouvel opium), de briser tous les fondements de nos bien pâles habitudes de confinés. Munissons-nous de barres de chantier et cette fois-ci attaquons par surprise, donc : chut ! pas de date écrite ! Faites circuler par la voix du « peuple des mendiants ». Le confinement sécuritaire nous a bien « baisé » (j’ai bien dit « baiser ») quel est d’ailleurs le problème ? Depuis quand la sexualité n’est-elle autre chose qu’une forme vide ? À l’instar des pouvoirs successifs ? Lorsqu’en 1938 les SA durant la nuit de cristal firent leur atroce pogrom et envoyèrent 25 000 juifs en déportation, nul n’aurait songé à stigmatiser leurs partouzes homosexuelles, en revanche lorsqu’en 1972 fut assassiné Pierre Overney ce sont les travestis du front homosexuel d’action révolutionnaire qui courageusement et en talon aiguille renversèrent un car de CRS, ils firent merveilleusement scandale ! Le sexe est une forme vide et tout est affaire de praxis et de « situation historique ». Mort aux essentialistes ! Conclusion : pas de barrière de classe, de sexe, de race ou de genre, fini le racialisme, place aux mutants ! (tout le monde est le bienvenu sauf, bien entendu, l’outrance banquière, pour eux : pas de quartier !)

Franchissons MAINTENANT le cap de toutes les tempêtes, descendons de toute l’Europe, brisons les vitres des porcs de la scientologie (rue Legendre), fracassons les bagnoles de luxe, les sylphes ont choisi la bombe artisanale, que chacun choisisse son sortilège, libre à elle ou à lui. Les autres si vous flippez, n’ayez pas peur, je vous déclare innocents, reprenez vos siestes dans vos fauteuils IKEA. Nul ne vous en portera préjudice (nous ne sommes pas marxistes autoritaires, mais anarchoautonomes horizontaux, « l’ordre sans le pouvoir ! ») Bref, il est temps de quitter cette grégarité, avez-vous observé cette journée atroce ? Ce 15 mai moelleux, ensoleillé, comme si Paris se libérait de ses vampires, des ses délocalisateurs, de ses expropriateurs, de ses licenciements de masse ! Fini nos timides allez-retours entre la BAC et les manifestants, le jaune a un peu trop duré, place à nouveau au pavillon noir… désormais plus offensif que jamais ! Il est grand temps d’attaquer, à toute force sans reculer surtout ! Car nous sommes nombreux aussi ! Vous verrez, ils reculeront aussi, la peur existe dans les deux sens ! D’ailleurs, c’est une aubaine que les masques soient obligatoires dans le métro ! Une aubaine comme celle-ci ne se reproduira pas de si tôt. Tous devenus Fantomas ! Descendez maintenant, demain, la semaine prochaine, le mois prochain, brisons la paix sociale sur un autre air ignoble que La Marseillaise (beurk !), choisissez La canaille (1865), elle convient mieux ! Jaspinons le jars ! Les cognes n’y entraveront que du feu réapprenez l’argot des fortif’ de 1900 ! Au besoin, relisez Émile Pouget, un pote à la Vierge Rouge.

La colonne Vendôme est une insulte ! Reviens Courbet briser l’échine des monuments napoléoniens, triomphes à la romaine, Arc de Triomphe et tous ses défilés nazis passés et (qui sait) à venir ! Et si un perdreau vous interpelle en vous demandant vos fafs (papiers), répondez-lui en lexique rimbaldien « Je est un autre »…
Vaillance, intrépidité et même une dose de folie sont nécessaires !
En 1877, Carlo Cafiero et Errico Malatesta ont libéré les montagnes du Matèse ! Clément Duval le fondateur de la « Panthères des Batignolles » s’est évadé du bagne, il a réussi ! Ravachol est mort guillotiné en hurlant « Vive la révolution sociale ».
Alors quoi ? Ce sont les schmidts qui vous font peur ? Arrêtez de trembler. Ils s’en foutent de nous, pour eux nous sommes des clowns ! Jusqu’à ce que le rire mélancolique du Joker fasse entendre sa clameur comme l’ange Gabriel fera sonner l’apocalypse !
Effet de surprise, tout est là, et tant pis si le Covid-19 nous repasse tous ! Faut bien crever un jour et bien mieux sur une barricade que dans un lit d’hôpital ! nous n’avons pas d’armes ? Nous avons nos métaphores, nos pelles à tarte, nos cyclotrons, nos accélérateurs de particules !
Boum boum badaboum !
Et si le Grand Marxiste éclairé nous réplique : « et après le grand instant maniaque que ferez-vous ? »
On lui répondra, après ? On verra.

right now, signé : Jules Bonnot spectral

Note

Vive la sociale

Mots-clefs : anarchisme
Localisation : Paris

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