Marche des Libertés : Ne nous laissons pas voler ce grand succès populaire

Réflexions, à chaud, sur le mouvement pour les Libertés qui déferle ces derniers jours

➡️ Un immense succès populaire. 500 000 manifestants dans toute la France. 200 000 manifestants à Paris. 10 000 à Nantes. Des milliers à Rennes, Strasbourg, Toulouse ou Bordeaux. Et des fortes mobilisations y compris dans les villes moyennes et des petites villes. Par exemple, plusieurs centaines à Lannion ou à Guinguamp, avec de la musique bretonne. C’est un mouvement puissant qui monte pour les Libertés, contre l’État policier. Un mouvement que l’on n’espérait plus. Un mouvement rare. Un demi million dans les rues contre l’autoritarisme, cela n’est pas arrivé depuis bien longtemps. Plus encourageante encore : la diversité dans les cortèges. Collectifs de victimes de violences policières, comités de quartiers, journalistes indépendants, Gilets Jaunes, anonymes, syndicalistes … La mobilisation de ce weekend est un grand succès qui en appelle d’autres. Ne laissons surtout pas les discours des médias dominants imposer leur récit abject sur nos luttes. Soyons fiers et fières, racontons ce qui se passe.

➡️ Qui sont les Casseurs ? Ceux qui tabassent un producteur dans son studio. Ceux qui mettent les hôpitaux en faillite, et laissent mourir les anciens en EHPAD. Ceux qui laissent la misère exploser, et des centaines de milliers de personnes sans logement, ou qui ne mangent pas à leur faim. Ceux qui brisent des vies, crèvent des yeux, arrachent des mains, agressent des réfugiés. Ceux qui tuent une grand-mère chez elle à coups de grenades. Ceux qui saccagent la nature. Ceux qui imposent des lois liberticides dignes de dictatures et des mesures néolibérales ultra-violentes. Les casseurs sont au pouvoir, au gouvernement, en costards ou en uniformes. Ce ne sont pas celles et ceux qui manifestent leur colère en cassent une banque ou en renvoyant la violence à l’envoyeur. Dans le sombre contexte actuel, il est normal et même sain que la colère s’exprime !

➡️ Éviter le piège de la désolidarisation. Quand le pouvoir est acculé, il joue toujours la même partition : la division. Depuis hier, pour masquer le raz-de-marée pour les libertés, gouvernement et médias ne parlent que des « violences » et des « casseurs ». C’est une tentative de diviser, de créer deux catégories de manifestants : d’un côté les protestataires bien « sages » qui ne dérangent personne, et de l’autre les « violents » qui seraient des indésirables à éliminer. Ces stratégies sont très fréquentes : à Notre-Dame-des-Landes, lors de la Loi Travail, lors des Gilets Jaunes. A chaque fois la même tentative de diviser, de salir. Et devinez quoi ? Les seules luttes qui gagnent, ce sont celles qui refusent cette division. Celles qui ne reprennent pas le discours du pouvoir, et qui assument toutes les formes de colères, y compris violentes. C’est ce qui a eu lieu à Notre-Dame-des-Landes, c’est ce qui a fait plier le pouvoir. C’est aussi l’absence de désolidarisation et les nombreuses actions insurrectionnelles, au début des Gilets Jaunes, qui ont tant effrayé le gouvernement.

➡️ Construire la victoire. Et maintenant ? Le pouvoir Macronien est essoré. Il ne tient plus que par la police et l’État d’urgence. Son quinquennat n’a été que révoltes entrecoupées de moments de confinements, d’antiterrorisme, et de surenchère répressive. Avec 500 000 personnes dans les rues aussi vite, il est possible de construire un mouvement victorieux. D’abord contre la « loi de sécurité globale » puis sur tout le reste. Mais il faut assumer un rapport de force clair avec le pouvoir, qui ne comprend malheureusement que le conflit. Pluralité des actions, créativité, solidarités : pour faire payer, enfin, au gouvernement ces années de reculs, d’humiliations, de violences et de mensonges.

Texte déjà paru sur Nantes Révoltée

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