Nous sommes un squat anarcha-féministe TransPdGouine (TPG) situé au 65bis rue Voltaire et au 7 rue de la République à Montreuil. Une vingtaine de personnes y vivent avec des parcours de vie multiples marqués par l’homophobie, le sexisme, le racisme et la transphobie, que ça soit dans le cercle familial, professionnel, scolaire ou simplement dans la rue. Ce lieu autogéré et autonome est pour nous un refuge. Il est aussi un espace d’accueil et d’accompagnement, d’hébergement pour des personnes à la rue, en galère...
La Baudrière est aussi un espace revendicatif et politique où se croisent plusieurs luttes. Des collectifs et individus s’y retrouvent chaque jour depuis plus d’un an, pour s’y organiser, s’y retrouver, échanger et créer du lien. Passant des écologies politiques aux luttes féministes, TransPdGouine, anti-impérialistes, aux luttes anti-racistes et contre les violences d’État... La vie du lieu est rythmée de cantines, festivals et rencontres internationales, réunions, actions, soirées de soutien à différents collectifs, aux mouvements sociaux...
Retrouvez-nous sur labaudriere.noblogs.org
contact : la-baudriere@riseup.net
Main dans la main, le commissariat et la mairie de Montreuil font pression pour nous expulser
Loline Bertin, adjointe au maire pour la tranquillité et la sécurité de Montreuil ainsi que l’adjointe au commissaire Mme Gramond ont organisé, avec un voisin, une réunion publique à notre sujet sans nous prévenir. Plusieurs voisinEs côtoyant la Baudrière nous ont apporté leur soutien, et nous ont fait parvenir l’invitation. Cette dernière indique qu’une plainte collective de voisinEs a été déposée pour agression sonore. Nous sommes très surprisEs de cette initiative, alors même que plusieurs mois auparavant nous avions organisé une réunion publique sans qu’aucunE des voisinEs plaignantEs ne vienne.
Tout débute avec des échanges de mails entre la mairie et 4 voisinEs=2 couples, que la mairie a transmis au juge comme témoignages à charge pour l’expulsion de la Baudrière. Iels se plaignent du squat mais aussi du bail précaire accordé à l’association les midis du mie, qui héberge et accompagne des jeunes mineurs isolés au 65 rue voltaire. Ce sont des échanges scandaleux où Loline Bertin répond comme si tout ce qui était écrit était normal et correct, en approuvant ainsi les propos racistes et classistes des voisinEs . En voici quelques extraits :
VoisinE : « depuis des mois des heurts dans la rue, et la venue de gens dégénérés qui bousillent nos rues »
VoisinE : « Cette organisation qui s’occupe des migrants est une honte [parlant du 65 rue Voltaire]. Je rêve comme ma voisine de quitter cette ville… les squatteurs sont comme tous les soirs dans la rue ! C’est désespérant. »
VoisinE : « Combien de temps allons-nous subir cette vie infernale ! De plus, nous avons appris que le 65 de la rue a été investi par une association qui aide les jeunes en situation difficile. Ces jeunes sont en fait de jeunes africains. Notre rue qui était calme devient invivable… je pense déposer une main courante à la Police »
MAIRIE - Loline Bertin : « Je comprends bien l’exaspération qui est la vôtre. »
Ces voisinEs confondent parfois le 65 rue Voltaire, où s’organise l’association des Midis du Mie, et le 65bis rue Voltaire, l’entrée publique de la Baudrière.
Le 18 avril, se déroule la réunion publique à notre sujet.
Quelques voisinEs soutenant la Baudrière se sont renduEs à la réunion publique organisée par Loline Bertin et nous ont fait un compte rendu. Nous sommes rassuréEs de voir que quelques 5-6 voisinEs se sont montréEs hostiles à notre présence sur une réunion composé d’une vingtaine de personnes et dans un quartier habité par des centaines de personnes. Voici donc notre réponse avec les quelques sujets abordés lors de celle-ci.
Ce n’est pas une surprise et on s’y attendait, la mairie, le commissariat et quelques voisinEs dressent un portrait à charge des habitantEs de la Baudrière visant à nous criminaliser. Ces tentatives de décrédibilisation et de répression, avec un vocabulaire employé tel que "groupuscule", mouvance", "contre tout" laissent la porte ouverte à l’extrême-droite. On pense ces derniers mois aux différentes attaques de centres d’accueil LGBTQ+ ou encore aux agressions transphobes, homophobes et racistes en France.
On voit bien que la répression des squats ne sort pas de nulle part, la mairie en est actrice et l’avoue publiquement en faisant "pression gentiment" sur les propriétaires pour que ceux-ci multiplient leurs dispositifs anti-squat, les accompagnent dans leurs démarches ou accélèrent les procédures d’expulsion. Elle parle même de "fibre sociale" du diocèse (propriétaire de la Baudrière), pour justifier que celui-ci n’ait pas agi contre la Baudrière assez vite à son goût. Un moyen de dire que l’église serait de gauche.
Ces politiques ne sont pas nouvelles à Montreuil. Nous pensons au Marbré, l’EIF... On observe depuis des années l’affaiblissement des réseaux de solidarité politique et des squats, ce qui laisse la place aux classes sociales qui profitent de la gentrification (entrepreneurs, promoteurs, proprios…).
La mairie nous accuse de ne pas être assez coopératifVEs. Les soi-disant "médiateurICEs" de la mairie qui viennent toquer à notre porte pour nous foutre des coups de pression, nous demander de retirer les bacs à fleurs ou nos banderoles ne nous font pas peur. Ils nous harcèlent pour enlever tout ce qui dépasse, qui déborde de leur idée ordonnée et lisse de la ville. On va pas coopérer avec une mairie qui nous intimide voire nous convoque au commissariat pour tout et n’importe quoi.
Aussi la mairie et des voisinEs qui prétendent soutenir les lieux "alternatifs" nous accusent d’être en contradiction avec les idées que l’on porte. Apparemment, nos discours ne seraient pas raccords avec les actions du lieu.
On ne prétend pas être parfaitEs ou safe, ni politiquement correctes. On se bat comme on peut, pour vivre, faire exister des idées, et créer des espaces sereins, accueillants et non-hiérarchiques. Vous cherchez à nous discréditer sur le terrain des idées et des actes ? À votre place, on se ferait petit.
Vous nous parlez d’irréprochabilité ? Commencez par soutenir ces initiatives au lieu de les réprimer et mépriser avant même qu’elles n’existent.
D’ailleurs la commissaire parle d’un dialogue entamé avec nous en 2021 qui se serait fini en gazage. Ce "dialogue" s’est avéré être en réalité une tentative d’expulsion par la force et illégale, avec des flics qui jouent aux cow-boys de la propriété privée.
Vous êtes à côté de la plaque sur la gestion qu’on fait des espaces politiques. On n’a jamais loué les lieux et on ne le fera jamais. On est pas là pour faire du profit. Les soirées elles sont à prix libre. Les thunes elles vont à des collectifs qui galèrent, à des caisses de grève, elles servent à financer des manifs, des maraudes, des caisses d’anti répression…
On n’est pas juste contestataires vis-à-vis de tout comme le dit Loline Bertin de la mairie, on crée aussi des espaces pour nous, pour vivre mieux dans ce monde de merde, parce que à ces espaces on n’y a pas accès d’habitude, parce qu’ils sont chers, aseptisés, cadrés, gentrifiés, dépolitisés, cis-hétéro-patriarcal, classistes.
Enfin, au sujet de l’écologie, le "combat" que prétend porté Loline Bertin, la nôtre part de là où on habite, laisse place au vivant non-humain, s’oppose à la propriété privée et à toutes les formes de domination. Communautaire et solidaire, notre écologie répond au ravage actuel que provoque vos politiques publiques. Votre écologie policière et bourgeoise des petits gestes et des flics à vélo n’est pas la nôtre. Votre acharnement et celui de quelques voisinEs sur la jardinière posée devant chez nous, nous fait doucement rire.
D’ailleurs, si vous cherchez les poubelles qui disparaissent, elles sont probablement rue Raspail, devant le collège Paul Eluard qui bloque depuis près d’un mois, on a autre chose à faire que les cacher/voler. Gros soutien aux collégienEs en lutte !
La politique que mène la mairie et la police est la même partout. Délégitimer les personnes marginalisées qui s’organisent contre ce système mortifère pour les écraser.
Sur ce, nous voulons un arrêté anti-expulsion.
Pour l’autonomie de nos luttes, défendons les squats ! Pour la liberté d’habiter et de s’organiser en ville, défendons la Baudrière et tous les autres espaces qui ne demandent pas d’autorisation pour exister.