Nous ne sommes cependant pas dupes, cette loi ne fait qu’avaliser des pratiques déjà largement répandues. La version des faits de la Police est déjà systématiquement considérée comme seule vraie version par la justice dans la quasi-totalité des affaires de violences policières. Entre 2005 et 2015, 127 personnes ont été tué par la Police en France, soit environ une par mois. Nous ne pouvons même pas comptabiliser les blessé.e.s, mutilé.e.s, violé.e.s par la police pendant la même période. Pour les rares condamnations, elles sont souvent symboliques se limitant à quelques mois de prisons avec sursit.
Néanmoins nous dénonçons cette loi criminelle. L’État se déclare officiellement complice des meurtres de la police. Ce texte de loi est un message envoyé aux forces de l’ordre dans une période ou la tension sociale est forte, l’État leur dit « on vous couvre » ; « feu à volonté ».
Encore une fois l’anti-terrorisme a bon dos. Ce serait pour répondre à la menace Daesh que les policiers auraient besoin d’un statut juridique différent concernant l’usage des armes à feu. Or, il n’y a jamais eu d’imbroglio judiciaire impliquant un policier ayant abattu un terroriste. Non, ce texte est une réponse faite aux syndicats d’extrême droite de la police (Synergie Officiers et Alliance) qui n’ont de cesse de réclamer une plus forte répression juridique pour la population civile et en même temps une impunité vis à vis de leurs propres violences. Comme ils l’avaient fait lors de leurs manifestations en cagoule et en arme il y a quelques mois de cela. C’est aussi une promesse électorale du FN de longue date. Ils ont obtenu gain de cause.
On notera également que les peines pour « outrage et rébellion » ainsi qu’outrage en réunion sont doublées pour être alignées sur le régime de l’outrage a magistrat.
Ainsi qu’un curieux chapitre IV sur les « dispositions relatives aux outre-mer » (dernier chapitre de la loi). Dans ce chapitre on constate une modification des textes du code de la sécurité intérieure concernant les articles encadrant les dispositions de L’État d’Urgence en outre mer.
Aux premiers alinéas de ces articles les mots : « loi n° 2016-987 du 21 juillet 2016 prorogeant l’application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence et portant mesures de renforcement de la lutte antiterroriste » sont remplacés par les mots : « loi n° X relative à la sécurité publique ».
Les dispositions exceptionnelles de l’État d’Urgence sont donc transvasées au code de la sécurité publique pour ce qui concerne les Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Nouvelle Calédonie, Wallis-et-Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Réunion, la Guyane). Les perquisitions administratives, les assignations a résidences, etc. feront désormais partis du droit commun sur ces territoires.
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