Ça fait plus de deux mois que je suis en prison. J’ai été arrêté avec d’autres ami.e.s parce qu’on faisait partie de Straight Edge Madrid. Le gouvernement nous considère comme un groupe terroriste. La raison ? Avoir participé à une manifestation contre le gouvernement, ici en Espagne. Parce qu’on fait partie de ces gens qui ne laissent pas seul.e.s celleux qui ont perdu leur maison. Moi, comme mes ami.e.s, faisions parti du mouvement contre les expulsions, et du mouvement de libération animale.
Ils nous appellent des terroristes. Ils disent que je suis un terroriste. Mais nous étions un groupe d’ami.e.s qui voulions créer un espace sans drogue au sein de la scène hardcore anarchiste et antifasciste de Madrid. Nous voulions montrer qu’être Straight Edge, c’est plus que des chaussures super chères, mosher et faire du stage dancing. C’est montrer autre chose, avoir un impact. J’utilise ma sobriété pour aider celleux qui veulent combattre leurs addictions. Je l’utilise pour combattre l’injustice et l’oppression, et revendiquer la libération animale et humaine. C’est mon crime, être un dissident.
Je suis un prisonnier en FIES-3, un prisonnier en quartier de haute sécurité considéré comme terroriste. Je peux seulement envoyer deux lettres par semaine, tous mes appels sont écoutés et je suis toujours surveillé. Je ne veux pas parler de ma tristesse ou de ma souffrance, si vous voulez savoir ce qu’est le FIES vous pouvez lire le livre « Huye, hombre huye » de Xosé Tarrio, un autre prisonnier en FIES. Je crois qu’en allemand c’est « hay ab, mensch ». Je me sens brisé, mais j’ai le soutien de mes ami.e.s, des gens que j’aime, de ma mère. Elle m’a dit : « Si tu tombes, c’est pas grave. Je serais là pour te relever. ». Donc résister est la seule chose à laquelle je pense maintenant.
Lettre de Nahuel, compagnon anarchiste arrêté lors « l’opération Ice »
Le collectif Free Joel a reçu cette lettre de Nahuel, compagnon anarchiste arrêté le 4 novembre 2015 lors de l’opération Ice. Prenez 5 minutes pour la lire.