Le spécisme cagoulé

Réaction et réponse à l’article “Le désespoir antispéciste” publié sur Paris-lutes.info.
Par le collectif Graine de libération.

Suite à la lecture de l’article “Le désespoir antispéciste” publié le 20 juin sur Paris-lutes.info, nous avons pensé qu’il était temps de rétablir quelques vérités. Puisque personne ne l’a fait jusqu’ici, on s’y colle.
Quand on veut évoquer un sujet, la moindre des choses est de savoir de quoi on parle.

Commençons gentiment par établir ce qu’est le spécisme. Le spécisme est à l’espèce ce que le racisme est à la race ou le sexisme au sexe c’est à dire un préjugé ou une attitude de parti-pris en faveur des intérêts des membres de sa propre espèce.
Les racistes violent le principe d’égalité en donnant un plus grand poids aux intérêts des membres de leur propre race quand un conflit existe entre ces intérêts et ceux de membres d’une autre race.
Les sexistes violent le principe d’égalité en privilégiant les intérêts des membres de leur propre sexe.
De la même façon, les spécistes permettent aux intérêts des membres de leur propre espèce de prévaloir sur des intérêts supérieurs des membres des autres espèces. Le schéma de domination est le même dans chaque cas.

L’antispéciste pense qu’un intérêt est un intérêt, quel que soit la personne dont il est l’intérêt. L’antispécisme est de ce fait une posture politique anti-autoritaire incompatible avec le sexisme, le racisme, la Lgbtqphobie et toutes autres postures fascistes.
En effet, l’antispécisme pense qu’on ne peut pas à la fois dénoncer toutes les combinaisons incohérentes et absurdes qui sont évoquées dans la discrimination arbitraire d’un groupe et discriminer en parallèle un autre groupe avec les mêmes combinaisons.

Le véganisme est le rejet moral de l’exploitation des animaux non humains. Les vegan·e·s ne consomment aucun produit d’origine animale, ni ne portent de cuir, plume, laine, etc.
Les antispécistes sont bien-entendu végan·e·s mais le contraire n’est pas automatiquement vrai.
Pas mal de monde autour de la fondation Brigitte Bardot par exemple sont végan·e·s et crachent contre l’immigration, les roms et tout ce qui est bronzé en général. Il suffit de prendre l’exemple de Nathalie Krier, membre de Troisième Voie, qui a monté un groupe « section défense animale » dont faisait partie l’assassin de l’antispéciste Clément Méric, Esteban Morillo.

Mettre dans la balance les intérêts de notre espèce qui pourrait tomber dans les pommes à la vue d’images sur les conditions d’esclavage et d’abattage des animaux face à la souffrance et la mort de 1 milliards d’animaux terrestres sacrifiés chaque années en France [1] pour nos papilles (les poissons ne sont pas comptabilisés dans ces chiffres) ; mettre dans la balance la vitrine du boucher face aux cadavres de son commerce, résultat de l’oppression des animaux, sont les reflets de la normalisation de l’oppression.
Cela remet sur le tapis l’anthropocentrisme qui donne priorité à un.e individu.e parce qu’ielle est de notre espèce.

Pourquoi devrions-nous justifier et valider l’oppression quand celui qui opprime est aussi un opprimé ?

Justifions-nous les emplois de flics ou matons sous prétexte qu’ielles n’avaient pas d’autres choix ?

La normalisation de l’oppression est présente dans la société et l’a historiquement été avec des exemples tout aussi macabres les uns que les autres : esclavage des noir.e.s, misogynie, dépouillement et extermination des natif.ve.s, destruction de la terre, etc.

Note

PS : notre collectif « Graine de libération » produit des fanzines antispécistes.
Vous pouvez vous les procurer à la demande à cette adresse : grainedeliberation@riseup.net.

De l’aide pour notre site ne serait pas mal venu. Tous les textes sont prêts mais quelques petits problèmes techniques surgissent...

Notes

[1Chiffre de 2013 du ministère de l’agriculture.

Mots-clefs : abattoir | antispécisme

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