L’épisode (1 heure 10 minutes) comporte :
1’05 : Une présentation des deux auteurs et leurs œuvres : Andreas Malm (inventeur du concept de Capitalocène) et Jason Moore, dont l’ouvrage Capitalism in the web of life a été traduit en français en 2020 aux Editions l’Asymétrie ;
4’30 : Une présentation des filiations et approches disciplinaires historiques de Moore (histoire globale, théorie des systèmes mondes, utilisation de sources secondaires) et de Malm (histoire politique et environnementale notamment à partir d’un travail d’archives) ;
6’00 : Une analyse des perspectives politiques de Moore (prête attention aux mouvements contemporains, approche anthropologique de « changement de monde »), Malm (vision stratégique : lignes politiques et objectifs courts termes d’arrêt de l’économie fossile), liés à leur parcours militants respectifs (7’50) ;
8’48 : Une discussion de leur discorde autour du dualisme nature/société. Pour Moore, ce dernier est un fondement de la modernité capitaliste et devient une cible de l’action politique, tandis que Malm préserve certaines modalités du dualisme pour conserver les apports de sciences climatiques ;
12’50 : Une présentation de leurs approches épistémologiques, avec Moore plutôt poststructuraliste, et Malm proche à certains égards du marxisme classique ;
15’15 : Un approfondissement sur Jason Moore, de sa théorie de l’émergence du capitalisme, et de ses apports à l’histoire environnementale du « système monde » d’Immanuel Wallerstein ;
17’37 : Une présentation de la notion de crise socio-écologique au prisme 1) du féodalisme et 2) des cultures de plantation
23’50 : Un approfondissement de la notion de double internalité/dialectique de la nature et l’humanité, suivi d’un appel à une histoire environnementale post-dualiste et d’une discussion des conséquences politiques de cette approche (27’10) ;
32’30 : Une discussion de la notion de bifurcation, et de limite interne dans la crise écologique du féodalisme ;
34’14 : Une présentation de la théorie spécifique du capitalisme pour Moore, qui s’intéresse au rapport entre exploitation et appropriation (accaparement du travail des exclus pour permettre d’assigner une valeur à la force de travail), notamment à travers l’exemple des plantations et cultures d’hévéa (37’30), tout en affirmant que les êtres non-humains appropriés conservent un potentiel de devenir-propre / potentiel de rébellion / agency… (42′), ce qui est d’ailleurs un élément de discorde avec Malm (43’10) ;
49’45 : Un approfondissement d’Andreas Malm et de sa théorie de l’émergence du capitalisme, qui la situe classiquement en Angleterre mais sans déterminisme technologique, puisqu’il s’intéresse aux rapports de classes en lien avec l’utilisation de l’énergie hydraulique, et leur évolution qui pousse au passage au charbon et à la machine vapeur ;
57’18 : Une présentation de l’analyse de la situation actuelle par Malm comme un déni généralisé (refus actif de voir la masse cumulée des gaz à effets de serre) auquel il serait urgent de mettre fin afin de faire dévier le cours de l’économie fossile, car la nature n’est pas qu’une construction sociale (contre un relativisme/constructivisme) ;
1h01’18 : Une explication du conflit avec Moore, et notamment sur la conservation des acquis de la science climatique (nécessaire pour Malm), d’où l’appel de Malm à un dualisme spécifique (monisme de la substance, dualisme des propriétés) ;
1h04′ : Un retour sur la polémique entre Malm et Moore et sa postérité, entre divergences stratégiques et continuités ;
1h07′ : Malm, un léninisme écologique face à l’urgence climatique ? Moore, vers une révolution anthropologique totale ? Une conclusion qui appelle à une complémentarité plutôt qu’à une opposition de ces approches.