Communiqué du 21 août 2017
Jeudi 17 août à 6h du matin, 31 boulevard Marcel Sembat, à Saint-Denis.
On a entendu un grand coup dans la porte en bas, puis la police est montée dans les étages. Les flics se préparaient depuis un moment dans le quartier. Ils ont demandé aux gens qui dormaient là de sortir avec leurs affaires. Ils ont cassé les portes des étages quand on proposait de les leur ouvrir.
Il y avait 12 fourgons de CRS autour de l’Attiéké (quelques autres plus loin dans la ville, devant la mairie), quelques policiers de la BAC et des Renseignements généraux, accompagnés du commissaire de Saint-Denis. La police municipale les a rejoints vers 8h et a pris le relais.
Deux représentants de la Fédération française de triathlon (le propriétaire) étaient présents, visiblement contents (dont un a demandé à l’un d’entre nous s’il connaissait une entreprise pour faire les futurs travaux à l’intérieur…).
Un huissier a recensé les affaires encore présentes dans le lieu en en oubliant la moitié. Elles ont été emmenées dans un garde-meubles à Saint-Gratien, où il faudra les récupérer cette semaine. Personne n’a été arrêté.
Deux portes anti-squat ont été installées. Un vigile a été posté devant le bâtiment.
Environ 20 personnes dormaient encore là, dont quelques-unes n’ont pour l’instant pas de solution d’hébergement stable. La majorité des habitant.e.s était déjà partie se loger ailleurs ces derniers mois, notamment dans des maisons vides ouvertes en prévision de l’expulsion.
Le centre social Attiéké a été ouvert à Saint-Denis en octobre 2013, au 31 bld Marcel Sembat, dans la foulée de la lutte des collectifs du 50 (« Guantanamo ») et du 103 de la rue Gabriel Péri, expulsés cinq mois plus tôt parce qu’intégrés dans le plan de rénovation du centre-ville.
Nous avons occupé illégalement ce bâtiment vide pour en faire un lieu d’habitation et d’activités, de solidarité directe.
Face à la transformation des villes populaires sur le dos des plus pauvres, souvent immigré.e.s, le collectif de l’Attiéké a cherché l’indépendance et l’autonomie, appelant à occuper les logements vides, tout en se confrontant aux institutions, tentant de leur arracher quelques trucs et de leur mettre le nez dans leur merde.
L’Attiéké, c’était des personnes qui y habitaient et d’autres non, aux parcours très différents, dans des situations matérielles très différentes, parlant bien ou peu ou à peine français (au début), avec ou sans papiers français, logement, boulot… C’était une tentative de s’organiser ensemble, de partager des outils de lutte, de se tirer mutuellement vers le haut. Il y a eu des moments très durs, de la folie dans toutes ses nuances, des moments de joie, et quelques victoires pour le lieu (3 ans et 10 mois d’occupation ! merci à notre camarade avocate !), pour des individus et familles venues aux permanences d’entraide, et pour d’autres luttes que l’Attiéké soutenait.
On ne sait pas si le collectif renaîtra, et si oui, comment et avec quelle énergie. Il faudra être inventif. Espérons au moins que cette expérience fasse grandir tout le monde, d’une façon ou d’une autre.
PROGRAMME
- Les dimanches à 18h, place du Caquet à St-Denis, à côté du tribunal d’instance : l’assemblée hebdomadaire continue pour le moment.
- Le 10 septembre à 12h devant la mairie de St-Denis : grand pique-nique de fin d’Attiéké et discussion sur la suite. Tout le monde est bienvenu.
- Le 11 septembre (heure à préciser) : RDV au tribunal de Bobigny pour soutenir des camarades ex-habitants de l’Attiéké, en procès pour l’occupation d’une maison vide.
Même si l’Attiéké n’est plus là physiquement comme lieu occupé, cela continuera d’une manière ou d’une autre, car de nombreuses personnes et collectifs se sont rencontré.e.s au fil de ces quatre années. Papiers, logement, pain et liberté pour tou.te.s !
A luta contina ! amenour adh yenarni fe Izlfane nagh ! la lotta continua ! the struggle continues ! la lluita continua ! luptă continuă !
Le collectif de l’Attiéké en exil
Contact : 31marcelsembat@riseup.net