Depuis le début du XXIe siècle, la moitié la plus pauvre de l’humanité a bénéficié de moins de 1 % de l’augmentation totale des richesses mondiales, alors que les 1 % les plus riches se sont partagés la moitié de cette hausse. Aujourd’hui, les 8 personnes les plus riches au monde possèdent autant que la moitié de la population mondiale.
La production agricole mondiale a la possibilité de nourrir 12 milliards d’individus. Or, plus de 800 millions de personnes meurent de faim dans le monde.
2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour.
826 millions de personnes vivent dans des bidonvilles.
448 millions d’enfants souffrent d’insuffisance pondérale.
876 millions d’adultes sont analphabètes, dont deux-tiers sont des femmes.
Chaque jour, 30 000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies qui auraient pu être évitées.
Plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à de l’eau salubre.
Le capitalisme n’affecte pas uniquement le domaine socio-économique, il appauvrit et détruit également la planète par l’exploitation extrême des ressources naturelles et les dégâts liés à la culture intensive.
Toutes les 5 secondes, une forêt tropicale humide ayant la surface d’un stade de foot disparait. Le nombre de personnes fuyant la guerre la faim le changement climatique ou la tyrannie a dépassé les 60 millions.
"Le spectacle se soumet les hommes vivants dans la mesure où l’économie les a totalement soumis. Il n’est rien que l’économie se développant pour elle-même. Il est le reflet fidèle de la production des choses, et l’objectivation des producteurs. "
G.E .Debord (1931-1994).
En 1789, la Révolution française a obtenu le transfert des privilèges des mains de la royauté vers la bourgeoisie.
Floué de sa révolution, le peuple n’a pas réellement obtenu son émancipation. Le remplacement progressif de l’autorité des nobles par celle des capitalistes a transformé le seigneur en propriétaire ; le cerfs en salarié. Le système capitaliste d’exploitation de la plus-value et d’accumulation des profits qui était déjà présent sous différentes formes est devenu l’élément central de l’organisation de la société. Les mieux-nés ayant l’exclusivité de l’accès aux moyens de production aux savoirs, aux pouvoirs et aux progrès techniques ont au fil du temps et malgré des crises inévitables, mis en place un état libéral règlementant le partage des décisions et des privilèges entre les détenteurs de capitaux tout en concédant occasionnellement des « avancées sociales » pour maintenir la stabilité.
Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.
L’organisation présente de la vie est le résultat du projet global du libéralisme, notamment mis en œuvre à partir des années 80, consistant à transformer la société pour qu’elle réponde pleinement aux exigences du capitalisme :
libre circulation des capitaux,
mise en concurrence des travailleurs et nivellement par le bas des salaires et des droits sociaux,
suppression de services publics,
suprématie absolue de l’économie.
Le libéralisme est devenu le fondement des grandes instances mondiales, comme l’OMC ou le FMI qui par leur supranationalité échappent à toute légitimité démocratique.
Il est le seul modèle enseigné dans les grandes écoles où aucune autre vision n’est étudiée. Il est la seule logique des grandes entreprises et du capitalisme et tend à devenir la seule référence des gouvernements, de droite comme de gauche.
Présenté comme loi naturelle, le libéralisme devient alors intouchable, ce qui lui permet d’échapper aux aléas électoraux du jeu démocratique.
Mais si comme l’a dit Albert Jacquard : « La véritable liberté est indissociable de la protection des plus faibles. Le libéralisme à l’occidentale est synonyme d’esclavage pour la grande majorité des hommes, qu’ils soient citoyens des pays du Sud ou relégués dans les couches dévalorisées des pays du Nord. » comment en sommes-nous arrivés à n’avoir aujourd’hui lors des élections que le choix entre « social »-libéralisme, ultralibéralisme, libéralisme-conservateur ou libéral-nationalisme ?
Albert Einstein et le socialisme
En 1949, Albert Einstein expliqua pourquoi il n’acceptait pas le capitalisme et voulait la mise en place d’un système socialiste. Cependant, comme beaucoup avant lui, il buta sur la question de l’organisation de celui par une bureaucratie aux nombreuses dérives possibles.
"[…] L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance à la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société."
L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus.
Pour des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler « ouvriers » tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste. Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est « libre », ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.
Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.
La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants : premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de « contrat de travail libre ». Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme « pur ».
La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité.
Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une « armée » de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.
Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.
Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.
Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles : comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?
La clarté au sujet des buts et des problèmes du socialisme est de la plus grande importance à notre époque de transition. Puisque, dans les circonstances actuelles, la discussion libre et sans entrave de ces problèmes a été soumise à un puissant tabou
[…] »
La problématique posée par Einstein à la fin de son article est donc bien celle de la bureaucratie. Comment envisager vivre le socialisme avec un groupe de technocrates gérants l’État ou le parti ?
Le système capitaliste ne se caractérise pas seulement par la détention privée des moyens de production et l’exploitation des travailleurs mais également par une division entre ceux qui dirigent la machine et ceux qui sont à son service. De même, l’État et les partis politiques, que ce soit dans les sociétés capitalistes ou dans les alternatives « communistes » se distinguent par une domination bureaucratique exercée par ceux qui sont chargés des fonctions de coordination.
La confiscation de la volonté des bases par l’organisation verticale des partis et l’attribution de pouvoirs décisionnaires à des techno-bureaucraties structurellement déconnectées des réalités du terrain et sourdes face aux ressentis de la population a engendré la dérive autoritaire du « communisme » et l’interminable dégénérescence réformiste du socialisme. L’intérêt commun n’a eu de cesse d’être trahi par des représentants qui prétendaient le défendre puis les revendications de justice sociale ont été décrétées irréalisables et utopiques par des opportunistes carriéristes.
Les partis et leurs dogmes, leurs représentants paternalistes, leurs dirigeants autoritaires, on tous été corrompus de leur objectif initial par le pouvoir.
« Le pouvoir est maudit ! » prévenait pourtant Louise Michel.
Les hiérarchies reproduisent les dynamiques carriéristes, classistes, discriminatoires et oppressives du capitalisme. Il n’est tout simplement pas possible de le vaincre en reproduisant les armes qui sont les siennes ; notamment l’organisation verticale des rapports sociaux et l’instrumentalisation de la masse à des fins politiciennes.
Mais alors, là où l’État, l’élu, le parti ou le syndicat devraient être vecteurs de notre propre émancipation, ils prétendent nous libérer sans écouter notre avis. Là où ils devraient nous donner la parole, ils négocient pour nous. Là où ils devraient faire la démocratie, ils décident pour nous. Là où ils devraient être nous, ils fonctionnent à la verticale.
Aimé Césaire en a témoigné en ces mots :
« […] l’époque que nous vivons est sous le signe d’un double échec : l’un évident, depuis longtemps, celui du capitalisme. Mais aussi l’autre, celui, effroyable, de ce que pendant trop longtemps nous avons pris pour du socialisme ce qui n’était que du stalinisme. Le résultat est qu’à l’heure actuelle le monde est dans l’impasse.
Cela ne peut signifier qu’une chose : non pas qu’il n’y a pas de route pour en sortir, mais que l’heure est venue d’abandonner toutes les vieilles routes. Celles qui ont mené à l’imposture, à la tyrannie, au crime.
C’est assez dire que pour notre part, nous ne voulons plus nous contenter d’assister à la politique des autres. Au piétinement des autres. Aux combinaisons des autres. Aux rafistolages de consciences ou a la casuistique des autres.
L’heure de nous mêmes a sonné.
Et ce que je viens de dire des nègres n’est pas valable que pour les nègres. Oui tout peut encore être sauvé, tout, même le pseudo socialisme installé çà et là en Europe par Staline, à condition que l’initiative soit rendue aux peuples qui jusqu’id n’ont fait que la subir ; à condition que le pouvoir descende et s’enracine dans le peuple. […]
Ce qu’il a dénoncé dans cette lettre de démission adressée à Maurice Thorez c’est l’impasse dans laquelle nous nous trouvons toujours. Les idéaux socialistes et communistes ont ainsi échoué à se réaliser puis ont disparu de la conscience collective. Leur mémoire a été monopolisée par des élus, des partis et des syndicats décrédibilisés par la barbarie stalinienne ou la déconnexion de leurs porte-parole qui ne s’en sont plus inspirés qu’en périodes électorales avant de les renier dès qu’ils ont eu la possibilité d’en appliquer la logique.
Le dégoût légitime des habitants pour la politique « de gauche » après des trahisons telles que celles qui ont eu lieu avant, pendant et après mai 68 et qui se sont répétées à chaque grand mouvement a entraîné la fin d’une conscience de classe et une dépolitisation générale des travailleurs et des habitants. Ayant perdu l’espoir de sortir de la financiarisation de la vie sous tous ses aspects, ils n’ont plus pour seule perspective d’amélioration de leurs conditions qu’à chercher égoïstement à trouver un moyen d’en tirer profit.
Bureaucratie et représentativité
Les problématiques de la bureaucratie et de la représentativité n’ont pas voulues être résolues bien qu’elles aient déjà été posées il y a des siècles par les anarchistes. Les capitalistes s’en sont bien mieux portés et ont pu profiter de l’inertie et de la division des militants pour inculquer à tous l’idée que toute alternative à leur système est vouée à l’échec, allant pour le prouver jusqu’à faire abattre Thomas Sankara. La population « de gauche » ne croit plus qu’au réformisme. Le désespoir et la course au confort l’a plongée dans la passivité d’un consumérisme destructeur qui a libéré le capitalisme français du rapport de forces qu’exerçait jusque là le prolétariat. À force de propagande, la monarchie républicaine est présentée comme seule forme possible de démocratie et le suffrage universel comme étant la parole du peuple.
Voici pourtant ce que disait Malatesta, et qui n’a jamais cessé de se vérifier depuis, de la possibilité pour les populations d’améliorer leur condition en acceptant de participer aux élections :
"Même avec le suffrage universel, et nous pourrions dire particulièrement avec le suffrage universel, le gouvernement est resté le serviteur de la bourgeoisie et le gendarme à son service. S’il en était autrement, si le gouvernement menaçait de devenir hostile à la bourgeoisie, si la démocratie pouvait un jour être autre chose qu’un leurre pour tromper le peuple, la bourgeoisie menacée dans ses intérêts s’empresserait de se révolter et emploierait toute la force et toute l’influence qui lui viennent de ce qu’elle possède la richesse pour rappeler le gouvernement à son rôle de simple gendarme à son service."
En effet, tous les gouvernements qui se sont succédés par la suite ont prétendu pouvoir donner au capitalisme un visage humain sans que celui-ci ne se montre jamais. Spectacularisant toujours plus la société marchande en concédant péniblement des bribes de libertés pour se dire progressistes ou en perpétuant les inégalités pour mieux prétendre lutter contre la prochaine fois. Se servant des ingérences de la finance sur le processus démocratique par le contrôle des médias ou par le biais des financements de campagnes pour accéder au pouvoir par le copinage ou le clientélisme ; ils se sont tous structurés en véritables organisations mafio-républicaines sur lesquelles les pressions lobbyistes ont infiniment plus de poids que n’importe quelle organisation « citoyenne ».
En 2008, une de ces crises financières inévitables qui caractérisent le capitalisme a de nouveau secoué le monde et mis les peuples du monde entier à genoux tandis que des actionnaires optimisaient leurs bénéfices et confiaient leurs portefeuilles à des algorithmes.
La résignation à faire de l’électoralisme, présenté comme seule organisation démocratique de la lutte possible, a impossibilisé toute réponse populaire adaptée à la politique antisociale d’austérité qui a signé notre entrée dans une nouvelle ère d’accroissement des inégalités, d’ultra-libéralisation de l’économie et de recul des droits. La « gauche » fracturée n’a pu qu’assister à la perte de ses « acquis », à l’abandon du service public et aux renflouements de banques.
Bilan politique depuis 2012
Lorsque le parti socialiste est arrivé au pouvoir en 2012, beaucoup de naïfs ont cru possible le retour d’un idéal de justice sociale. Quelle ne fut pas leur déception face, par exemple, à la loi travail, à l’État d’urgence et aux violences de la police et des 49-3. Les 5 années qui se sont écoulées sous François Hollande n’ont fait que confirmer l’absence de démocratie réelle en France . Si elles ont été éprouvantes et annoncent le retour d’un libéralisme encore plus virulent et d’une politique toujours plus intransigeante que celle que nous avions quittés, elles nous offrent quelque chose de précieux : la prise de conscience générale de l’incompétence des politiciens et le retour à la lutte de terrain des jeunes, des travailleurs, des chômeurs, des banlieusards et de nombreux autres laissés pour compte qui portent le nouveau souffle libertaire qui vient.
En France parmi d’innombrables problèmes :
Plus de 50 % des habitants ont connu une nette diminution de leur niveau de vie, quand celui des plus aisés augmentait.
76 % des personnes interrogées par la Fondation Abbé Pierre « estiment qu’il est difficile de trouver la place souhaitée ou méritée au sein de la société française ».
9 personnes sur 10 estiment que les risques que leurs enfants connaissent un jour la pauvreté sont plus importants qu’ils ne l’étaient pour leur génération.
66% des habitants disent avoir au moins 1 proche en situation de pauvreté.
8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté
12% des salariés sont smicards , 3,2 millions ont un contrat précaires, il y a 3,5 millions de chômeurs et 2,5 millions de foyers au RSA, 87℅ des embauches se font en CDD d’une durée moyenne de 26 jours.
Le salaire moyen d’un cadre est de 4000 euros contre 1700 pour un ouvrier. .
Il y a environ 15 000 SDF dont 2000 sont morts en 2016.
Un ouvrier doit compter sur 150 années pour rattraper le niveau de vie d’un cadre mais à une espérance de vie inférieure de 6 ans.
En 3 jours les dirigeants des 120 plus grandes entreprises ont déjà gagné un an de salaire d’employé.
10% des habitants les plus riches se partagent en une année 270 milliards d’euros contre 29 pour les 10% les plus pauvres
500 fortunes détiennent au moins 456 milliards d’euros.
80 milliards d’euros disparaissent chaque années en exil fiscal, 20 milliards en fraude patronale.
Les entreprises du CAC 40 versent jusqu’à 57milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires en 1 an
30 milliards d’euros sont investis dans la publicité chaque année.
3,8 millions de personnes son mal logées dont près de 2,9 millions vivent dans des conditions de logement « très difficiles ». Plus largement, 12 millions de personnes sont victimes de la crise du logement.
Le logement constitue 55 % des dépenses mensuelles des ménages les plus pauvres, contre 17,4 % en moyenne chez le reste de la population, et 12,5 % pour les plus aisés. Les 10 % des plus pauvres ayant un revenu mensuel moyen de 678 euros, le logement leur coûte ainsi 379 euros en moyenne par mois, ne laissant que 299 euros pour tout le reste. 7 % des ménages les plus pauvres ne parviennent tout simplement plus à payer leur loyer.
En 2015, 17 929 personnes ont été répertoriées comme vivant dans l’un des 582 bidonvilles de France. 37 % de ces personnes habitent dans un campement illégal situé en Île-de-France, tandis que 21 % sont regroupées en Nord-Pas-de-Calais. 12 % des personnes recensées sont situées en Seine-Saint-Denis.
Environ 33 % des enfants logés dans des logements insalubres souffrent de sifflements respiratoires, contre environ 7,1 % dans les autres ménages.
En 2013, près de 450 000 personnes ont été forcées de retrouver le foyer parental à cause d’une situation précaire (perte de travail, dettes, problèmes de santé ou de logement) et 66 % de personnes âgées de plus 60 ans, faute de moyens, se sont mises en colocation (elles sont passées de 50 000 à 83 000). 120 000 expulsions pour impayés ont été rendues
Avec un tel constat comment se fait-il que rien ne soit remis en cause ? Comment peut-on croire que ceux qui ont déjà échoué puissent faire mieux cette fois-ci ? Comment ne pas voir le fantochisme de cet État soumis à la toute-puissance du marché ? Comment faisons-nous pour remplir les urnes ?
Il n’y a que grâce au discours politicien que ce système n’est pas encore tombé. Ce discours est celui qui prétend nous offrir le seul système démocratique viable et nous demande de l’en remercier par notre participation aux votes qui le légitiment. C’est celui qui se revendique des Lumières et qui parle de « démocratie représentative » et de liberté du peuple français, quand lors de son serment au jeux de paume sieyès disait clairement : « Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »
C’est aussi celui de la République aux institutions irréprochables présentées comme la quintessence de l’État de droit dont nous constatons pourtant quotidiennement la décrépitude accélérée et le fonctionnement à deux vitesses. C’est celui de la « patrie des droits de l’homme » qui n’offre d’égalité ni en droit ni en dignité. Qui n’accueille pas les victimes de ses propres bombardements, qui traite avec les tyrans et leur vend des armes. C’est celui qui se veut de l’idéal républicain mais qui n’envisage la liberté qu’individuelle, se joue de l’égalité, massacre la fraternité et instrumentalise laïcité et féminisme pour légiférer sur des tenues vestimentaires pour occuper le champs médiatique à des fins électorales. C’est celui qui veut nous apprendre l’humanisme sans nous apprendre à être humains. C’est celui de la moitié plus un qui autorise des représentants professionnels à parler au nom de tous et à lancer des projets dont ils n‘avaient jamais parlé auparavant sans consultation des concernés. C’est celui qui insulte notre intelligence quand il paupérise au nom de l’investissement, qu’il surexploite au nom de la croissance, qu’il favorise le licenciement au nom du plein emploi, qu’il enrichie les riches au nom d’un ruissellement dont même le FMI dit qu’il n’existe pas. C’est celui qui veut la paix sans justice, qui envoie la police cogner sur des gamins et refusent la vérité aux familles, c’est celui qui parle de mérite et d’égalité des chances, qui nie son incompétence et la violence qu’il nous fait subir.
Mais nous savons que le système ne repose que sur le vol et l’élitisme, qu’aucune réforme ne peut en changer la nature : qu’il ne peut engendrer qu’exploitation, misère, violence, individualisme, ignorance, pillage des ressources, réchauffement climatique, guerre, appartheid et démocratures.
Nous savons que c’est de manière quasi-automatique que les défavorisés sont cantonnés à des rôles subalternes et les privilégiés à des rôles dominants.
Nous savons que nous sommes divisés, appauvris, niés, exploités, enfermés, stigmatisés, aliénés, abrutis, colonisés, frappés, jetés, sacrifiés, oubliés. Nous sommes rendus concurrents inégaux dès la naissance car nous n’avons pas le même accès au logement, aux besoins essentiels, à la justice, à la police, à l’école, aux activités épanouissantes, à la culture, à la santé, aux emplois décents, à l’espoir, au temps libre, à la citoyenneté, à la sociabilisation et aux postes clés. Nous subissons ces inégalités presque toujours à vie, au sein de toutes les institutions, et elles se multiplient à nos spécificitées de genre, d’orientation sexuelle, d’apparence, d’ethnie supposée, de validité, d’âge, de religion, d’opinion politique, de lieux de résidence, d’opinion politique, de façons de vivre…
L’austérité a signé l’abandon du discours de justice sociale : combat de la misère, hiérarchie des normes, droit du travail, école émancipatrice, égal accès aux études, laïcité dans le respect des croyants, lutte contre les discriminations, gratuité des soins,, représentation équitable face à la justice, dé- néo-colonisalisation, droit au logement, réduction des inégalités économiques et culturelles…Elle prétend nous faire abandonner tout cela.
La République ne peut rien, face au marché, qu’engendrer une situation où des gouvernements fantoches se succèdent pour sauver l’organisation des rapports de production dans un capitalisme en crise grâce à un nouvel élan de libéralisation du marché, de coupes budgétaires, d’austérité, de lutte anti-syndicale, de divisions populistes et de basculement accéléré vers la démocrature.
Ainsi nous pensons que la confiscation de nos droits et de nos voix par le pouvoir des représentants ne peut se justifier par aucune politique pseudo-sociale niant l’évidence d’une dictature du capital, d’un totalitarisme économique et n’en proposant que de petits aménagements. Lorsque nous avons lutté contre la loi travail c’était également contre son monde. Le voici son monde ! Admirez la sincérité des politiques qui proposent l’inverse de ce qu’ils ont fait pour mieux faire l’inverse de ce qu’ils avaient proposé. Admirez leurs programmes antisociaux cachés derrière leur personnage médiatique. Admirez tout le spectacle organisé pour nous faire croire que nous choisirions quoi que ce soit en votant.
Mais surtout refusez cette mascarade ! Mes ami(e)s s’il vous plaît n’allez pas voter, construisez. Sans horizon commun, sans conscience collective et sans rejet de la représentation syndicale ou politique comment ne pas assister impuissants à la perte de nos droits et aux politiques antisociales ? Arrêtez la solidarité à géométrie variable. Reconnaissez les avantages que vous avez sur les femmes, les stigmatisé(e)s, les banlieusard(e)s et préparez vous pour le moment venu, préparez vous à cesser le travail, à ne plus payer vos loyers, à ne plus payer vos factures. Quand le prochain président prendra le pouvoir, nous allons continuer le début. Il faudra revendiquer ce qu’il y a à revendiquer : la démocratisation. Il faudra exiger et arracher le retrait des lois passées sous 49-3, l’interdiction du 49-3, la vérité et la justice pour Adama, l’égalité hommes-femmes et la transition écologique. Il faudra mener toutes ces luttes en même temps. Il faudra, des le premier jour de ce nouveau quinquennat, perturber le pouvoir logistique, cesser l’activité, manifester et affirmer que nous ne serons pas gouvernables ; que nous n’accepterons aucune nouvelle attaque contre nos droits et que nous en conquerrons de nouveaux quelle que soit la politique soit disant justifiée par le vote de quelques naïfs. Mais parallèlement il faudra aller bien plus loin. La dernière fois que nous avons été rassemblés, nous nous défendions. Passons à l’offensive ! Pensons sérieusement à la commune et à la confédération. Il n’y a plus de citoyennisme possible dès lors que nous sommes des citoyens de 1re 2e ou 3e catégorie quand nous ne pourrions n’être que des habitants.
Avant de voir comment procéder, relisons ces passages écrits par Bakounine.
« Je suis un amant fanatique de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au sein duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des hommes ; non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l’État, mensonge éternel et qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques-uns fondé sur l’esclavage de tout le monde ; non de cette liberté individualiste, égoïste, mesquine et Fictive […]
J’entends cette liberté de chacun qui, loin de s’arrêter comme devant une borne devant la liberté d’autrui, y trouve au contraire sa confirmation et son extension à l’infini ; la liberté illimitée de chacun par la liberté de tous, la liberté par la solidarité, la liberté dans l’égalité ; la liberté triomphante de la force brutale et du principe d’autorité[…]
Je suis un partisan convaincu de l’égalité économique et sociale, parce que je sais qu’en dehors de cette égalité, la liberté, la justice, la dignité humaine, la moralité et le bien-être des individus aussi bien que la prospérité des nations ne seront jamais rien qu’autant de mensonges.
Mais, partisan quand même de la liberté, cette condition première de l’humanité, je pense que l’égalité doit s’établir dans le monde par l’organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes, et par la fédération tout aussi spontanée des communes, mais non par l’action suprême et tutélaire de l’État.[…]
Les socialistes révolutionnaires pensent qu’il y a beaucoup plus de raison pratique et d’esprit dans les aspirations instinctives et dans les besoins réels des masses populaires que dans l’intelligence profonde de tous ces docteurs et tuteurs de l’humanité qui, à tant de tentatives manquées pour la rendre heureuse, prétendent encore ajouter leurs efforts. Les socialistes révolutionnaires pensent, au contraire, que l’humanité s’est laissée assez longtemps, trop longtemps, gouverner, et que la source de ses malheurs ne réside pas dans telle ou telle autre forme de gouvernement mais dans le principe et dans le fait même du gouvernement, quel qu’il soit. »
Comment faire ? Que viser ? Nous n’avons qu’un idéal : la justice sociale. Nous n’avons qu’un moyen de l’atteindre : l’auto-organisation.
Quelques pistes :
1. Refus INCONDITIONNEL de participer aux votes, quand bien même Le Pen serait au second tour.
2. Argumentation sur le caractère antidémocratique et anti-représentatif de la démocratie représentative
3. Critique des discours politiciens, perturbation de la campagne.
4. Arrêt total du travail, grève des loyers, manifestations et blocages au jour de l’investiture du nouveau président. Exigences : interdiction du 49-3 ; retrait des lois passées sous 49-3, justice et vérité pour adama, égalité salariale hommes-femmes, plan national de lutte contre la culture du viol, garanties de transition écologique.
5. Occupations de places quotidiennes durant toute la grève
6. Création d’autant d’organisations locales monothématiques non-mixtes que de luttes nécessitant une auto-organisation des concernés ; exemple :
Organisation des femmes
Organisation des précaires et des chômeurs
Organisation des habitants des quartiers populaires
Organisation des habitants ruraux
Organisation des descendants de l’immigration
Organisation des écologistes
Organisation des travailleurs de la terre
Organisation des employés de l’industrie
Organisation des employés du service
Organisation des acteurs de la santé
Organisation des acteurs de l’éducation
Organisation des acteurs de la culture
Organisation pour le sport populaire
Organisation des auto-exploités
Organisation des non-valide
Organisation contre l’islamophobie
Organisation contre l’antisémitisme
Organisation des asiatiques
Organisation des médias
Etc..
7. Production d’un texte approuvé par le vote de la base par chaque organisation puis rassemblement national pour lectures publiques.
8. Création des organisations nationales coordonnant les organisations locales composée de deux portes paroles élus temporairement et révocables par la base de chaque organisation locale.
9. Définition des objectifs particuliers de la confédération nationale de communes par chaque organisation nationale. Exemple :
Abolition de la propriété privée des moyens de production et du salariat, agro-écologisation de l’agriculture, reconnaissance des crimes coloniaux, cours d’auto-défense féministe gratuits etc
10. Construction du contre-pouvoir : création des groupes de travail nationaux et des commissions populaires composés de volontaires pour réfléchir aux procédures à suivre pour ces projets, approbation obligatoire par les bases des organisations concernées de tout projets avant leur mise en œuvre.
12. Soulèvement des communes, administration de celles-ci par les commissions populaires
13. Coopérativisation des entreprises de même secteur et des terres agricoles. Administration des coopératives par leurs seuls contributeurs non par une bureaucratie.
14. Création des organisations de consommateurs, ouvertes à tout(e)s.
15. Mise en place des projets des groupes de travail nationaux.
Comme cela voici ce que nous pouvons obtenir :
Remplacement des entreprises par les coopératives autogérées. Interdiction des bénéfices privés pour le reversement sur un pot commun national assurant le reversement d’un revenu égal et inconditionnel à tous. Conquête de l’essentiel pour tous par l’investissement dans les associations de consommateurs seules capables de dire ce qui doit ou ne doit pas être produit/importé. Gratuité de tout ce qui peut l’être, Réquisition des logements vacants. Accueil fraternel des réfugiés. Gestion des villes par leurs habitants. Partage du travail entre tout(e)s sur une base de 25heures. Création d’écoles pour adultes partout, démilitarisation….
Tout est imaginable. Imaginez le monde qui vient, faites voler la farine partout où les clowns du spectacle politicien pointent leur nez rouge.
Ensemble, nous rendrons l’insurrection irréversible, nous serons ingouvernables, nous remettrons la révolution à l’ordre du jour.
Camille