Le 8 mars ne se fera plus sans les lesbiennes !

Communiqué suite à la manifestation du 8 mars pour la lutte pour les droits des femmes.

Ce 8 mars, nous avons formé des cortèges lesbiens dans différentes villes de France, notamment à Paris et à Lyon.
Le cortège de Paris a été confronté à des menaces et des agressions inacceptables. Nous avons été mises en danger, menacées et agressées par un groupe, composé majoritairement d’hommes, qui a décidé de prendre la tête du cortège.
Ces violences physiques se sont accompagnées de gestes politiques forts : nos slogans ont été repris pour être globalisés, voire détournés de manière putophobe pour cibler une des lesbiennes du cortège. Des femmes hétéros ont tenu des propos lesbophobes et transphobes, et se sont alliées aux hommes pour tenter de nous faire taire.
Ces hommes ont utilisé des sifflets pour couvrir nos voix lors d’un appel au soutien pour les femmes du monde entier et se sont fièrement revendiqués violeurs.
La violence masculine est si bien intégrée et considérée comme une véritable arme que certaines iront jusqu’à demander aux hommes de nous intimider et menacer. Ils ne se sont d’ailleurs pas arrêtés là puisqu’ils se sont mis à plusieurs pour frapper une camarade, et même si nous les avons heureusement repoussés à temps, leurs menaces ont été mises à exécution : nous étions en danger.
Il est inadmissible que la violence envers des femmes soit exercée par des hommes à l’appel de femmes, et nous décrions ce manque de sororité.

Nous sommes des féministes lesbiennes, nous luttons pour l’émancipation de toutes les femmes. Il est scandaleux que nous fassions face à des agressions misogynes, transphobes et lesbophobes un 8 mars, dans notre propre marche.
Le 8 mars étant une journée de lutte pour les droits des femmes, nous aspirons à un espace de sororité, à un cadre le plus bienveillant possible pour les participantes à la manifestation.

Nous, lesbiennes, sommes invisibilisées et rejetées en permanence en raison de notre émancipation des hommes ; cette tentative de nous réapproprier l’espace public en non-mixité et les réactions violentes subies en réponse sont le reflet de nos vécus, qui sont toujours niés.
Mieux, elles en donnent un exemple prégnant : nos revendications portaient sur la PMA, à laquelle nous n’avons pas le même accès que les femmes hétérosexuelles, et pourtant le débat a ainsi été recentré autour de la place des hommes dans la lutte, au détriment donc de ce que nous revendiquons.
Le féminisme n’a pas pour but de plaire aux hommes ou qu’ils s’y sentent à l’aise, il est un outil pour que les femmes se libèrent. Nos slogans provocateurs visent à faire réfléchir sur l’hétérosexualité non pas en tant que simple orientation sexuelle, mais en tant que régime politique, véritable outil de domination des hommes sur les femmes.

« Notre combat vise à supprimer les hommes en tant que classe, au cours d’une lutte de classe politique, non un génocide » – Monique Wittig.

Ce 8 mars n’a fait que renforcer notre conviction que les cortèges lesbiens sont nécessaires. Nous appelons à en former à nouveau et nous nous tiendrons présentes aux côtés de toutes celles qui veulent organiser de tels cortèges. Nous rappelons l’importance de penser à la sécurité des manifestantes, notamment en ne publiant pas de photos à visage découvert sur Internet, et encourageons à mettre en place des formations à la sécurité en manifestation.
Nous sommes fortes, nous sommes fières, lesbiennes et radicales et en colère ! Loin d’être découragées par ces tentatives d’intimidation, nous continuerons à lutter pour nos droits.

À lire également...