Cergy Pontoise : la violence de la police est une sale habitude

Le Parisien dévoile (encore) une affaire de violence policière :

« Bouche saignante, oeil qui coule ». Arrêté sur la voie publique à Cergy-Pontoise parce qu’il roulait un joint, Pierre, un étudiant vient de porter plainte à la suite d’une interpellation qu’il décrit comme extrêmement brutale.

Menaces, abus de pouvoir, violences. Bref la routine de la vie d’un comico...

Pourquoi portez-vous plainte ?

Pierre B. D’abord pour me défendre car je suis moi-même poursuivi pour rébellion et dégradation de véhicule, alors que je n’ai proféré aucune insulte, ni donné le moindre coup. Je viens de subir une opération à la main et je ne peux même pas serrer mon poing. Je porte plainte aussi pour tous ceux qui n’ont pas les moyens de le faire. Lors de l’affaire Théo, je n’ai pas manifesté car je ne me sentais pas concerné. Je sais désormais que n’importe qui peut être victime d’une bavure policière.

Racontez-nous ce qui s’est passé, selon vous.

Je venais de finir de rouler un joint d’herbe quand une voiture banalisée s’est arrêtée à notre hauteur. Ses occupants ont vu mon pétard et deux d’entre eux, un chauve et un grand au visage émacié, sont descendus, les mains dans les poches. Ils ressemblaient plus à des voyous qu’à des policiers. J’ai demandé qu’ils déclinent leur identité avant de me fouiller, leur brassard de police n’étant pas visible. Ils m’ont répondu : « On va te péter la gueule si tu fais le malin. » L’un m’a attrapé par le cou jusqu’à m’étrangler tandis que l’autre m’a mis sa main dans le pantalon en me serrant fort les testicules. Je dis bien à l’intérieur du pantalon, et non dessus. J’ai dit : « On dirait que t’aimes bien ça. » À partir de là, ça a dégénéré.

C’est-à-dire ?

L’un des deux policiers m’a jeté au sol et étranglé avec les deux mains pendant que l’autre me donnait des uppercuts dans le bas du ventre et le dos. Je criais : « Je ne me défends pas ! je ne me défends pas ! » mais ils continuaient. J’ai commencé à manquer d’air, et ma tête s’est mise à tourner. J’ai senti qu’une chose grave était en train de m’arriver. Mes amis répétaient : « Il ne se défend pas ! il ne se défend pas ! » Les policiers m’ont ensuite menotté et embarqué dans leur voiture, où j’ai été à nouveau frappé et étranglé. Ils avaient la haine des étudiants. « Vous êtes de grosses merdes, pire que les mecs de cités », m’ont-ils dit. L’humiliation a continué au commissariat. Le policier chauve m’a proposé d’enlever son arme et de s’expliquer dehors avec moi d’homme à homme.

Ensuite il m’a coincé dans un coin du bureau, frappé violemment au visage et a porté trois coups de genou au niveau de mes testicules. Je me souviens avoir cherché du regard le secours d’autres policiers. Deux d’entre eux ont fait semblant de ne rien voir. On a fini par me faire souffler dans l’éthylotest, en me traitant de « merde et de petite bite incapable de souffler ». 0,53 mg par litre d’air expiré, c’est pas beaucoup, et surtout je n’ai pas le permis. L’un d’entre eux m’a lancé en référence aux violences dont a été victime Théo : « Tu as eu de la chance, au moins tu n’as pas pris de matraque dans le cul ! »

Interview extraite du Parisien

Les violences policières nous concernent tous et toutes !

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