Ayant été le dépositaire légal de la manifestation prévue ce dimanche et décidée par les migrants de République, j’ai été contacté dans la nuit par la préfecture, puis à nouveau ce matin, me demandant d’annuler la manifestation.
En réalité cette manifestation, comme tout rassemblement et toute manifestation, est interdite par la préfecture au nom de l’état d’urgence. La préfecture m’a aussi prévenu qu’y compris un rassemblement à Gare du Nord serait dispersé.
N’étant que le dépositaire légal de la manifestation il n’est ni de mon pouvoir ni de ma volonté de me substituer aux migrants pour décider de ce qu’ils feront demain. J’informe donc seulement tout le monde que cette manifestation est interdite.
En janvier dernier nous avions été quelques unEs à refuser de communier dans « l’union nationale » et de se joindre à la manifestation du 11 janvier . Nous refusions alors les réponses sécuritaires. Nous refusions toute unité avec les bouchers de la planète, avec les racistes. Refusant toute hiérarchie dans la compassion face au drame nous avions alors proposé à ceux et celles qui manifestaient malgré tout et « qui le feront par humanisme et ne partagent pas le cynisme de Hollande, Valls et Sarkozy » de brandir des pancartes « Je suis migrantE » en rappelant que, chaque jour, en Méditerranée autant de migrantEs mourraient que le 7 janvier dans les rues de Paris.
Dix mois plus tard les morts sont encore plus nombreux dans les rues de Paris. Dix mois plus tard la situation des migrants, réfugiéEs comme sans-papiers, est, elle aussi plus catastrophique. Alors que ce devrait être une condamnation terrible des prétendues réponses données par le pouvoir et toutes les forces dominant cette société, les mêmes logiques s’accélèrent : plus de police et moins de démocratie, plus de frontières et plus de guerres là où nous aurions besoin de plus de solidarité et moins de racisme. Au mépris des victimes d’hier, le pouvoir ne fait que préparer de nouveaux drames.
Je serai, pour ma part, présent demain à 16H00 à Gare du Nord, pour informer ceux et celles qui y seront de l’interdiction de tout rassemblement et manifestation et des risques encourus.
Mais aussi pour dire que le meilleur hommage aux victimes de cette nuit sera de continuer tous les combats pour plus de solidarité et d’égalité. Pour une alternative aux assassins qui dirigent notre société et aux tueurs aveugles qu’ils fabriquent.
Denis Godard, 14 novembre 2015
Debout contre le fascisme et l’islamophobie - Pas au garde-à-vous derrière les racistes