La France complice de violations des droits de l’homme aux Philippines, faites cesser toute coopération militaire !
Pour la première fois depuis sa création, la marine française participe aux exercices Balikatan, le plus grand exercice militaire bilatéral annuel entre l’armée américaine et les AFP (Armed Forces of the Philippines), qui se déroulent du 22 avril au 10 mai aux Philippines.
Le CSRP (Comité de Soutien à la Révolution aux Philippines) dénonce la participation de la France aux exercices Balikatan 2024 comme étant un signe de la soumission de la France à suivre les États-Unis et leurs provocations guerrières contre la Chine, et comme un pas de plus vers la solidification des intérêts français dans la région Asie-Pacifique en général et aux Philippines en particulier.
Cette 39e édition de l’exercice d’entraînement militaire Balikatan se déroule dans un contexte d’intensification de la politique étrangère américaine de militarisation de la région Asie-Pacifique, visant à entourer la Chine de bases navales afin d’exercer une pression politique et de restreindre l’accès à la mer. Les Philippines jouent un rôle clé dans la « stratégie de la première chaîne d’îles » des États-Unis en raison de leur situation géographique et de la longue histoire du contrôle colonial et impérial exercé par les États-Unis sur l’archipel.
Dans la querelle inter-impérialiste qui se prépare entre les États-Unis et la Chine, les États-Unis ont l’intention d’utiliser le peuple philippin comme de la chair à canon dans leur jeu d’esbroufe afin de provoquer la Chine à tirer le premier coup de feu. Cela permettra aux États-Unis et à leurs alliés impérialistes, dont la France, de justifier des actions armées contre la Chine.
Compte tenu de la répression permanente du peuple philippin par son gouvernement soutenu par les États-Unis et de l’escalade des tensions inter-impérialistes dans la mer des Philippines, pourquoi la France a-t-elle décidé de participer à cet exercice militaire très controversé ?
La participation de la France au plus grand exercice militaire annuel aux Philippines intervient dans le cadre de l’augmentation continue de la présence militaire française dans l’indo-pacifique, conformément à l’annonce faite par Macron en 2018 d’une nouvelle "stratégie indo-pacifique" française. Après la signature d’un accord de coopération en matière de défense en 2016 ont suivi deux lettres d’intention en 2019 et 2023, toutes deux portant spécifiquement sur la coopération maritime. En effet, un aspect clé de la coopération militaire et de défense entre la France et les Philippines est la marine, comme en témoignent les exercices conjoints en mer de Chine méridionale, les marines philippins formés en France aux opérations sous-marines, et la tentative actuelle de la France de vendre ses sous-marins à la marine philippine.
Alors que la France perd de son influence militaire et politique en Afrique de l’Ouest, que des critiques se font jour concernant le commerce d’armes avec Israël et que Macron a annoncé l’envoi potentiel de troupes françaises en Ukraine, le gouvernement s’efforce d’affirmer sa présence dans la région Asie-Pacifique. les Philippines sont un chaînon manquant dans leur présence militaire stratégique, qu’ils tentent maintenant de combler.
Cette coopération militaire accrue, dont la dernière en date comprend l’ouverture annoncée d’un bureau de Naval group et l’établissement d’une mission de défense française à Manille, afin de "créer une intimité stratégique et opérationnelle entre les deux armées et d’augmenter le nombre d’escales navales et aériennes aux Philippines", est également destinée à garantir les intérêts économiques croissants de la France dans la région. En effet, la France compte près de 120 filiales d’entreprises françaises aux Philippines, principalement dans les secteurs des transports et de l’énergie, qui contribuent à l’exploitation de la terre et du peuple philippins. Ce nombre ne cesse de croître en raison de la libéralisation de l’économie sous Marcos Jr, qui attire les investissements français aux Philippines. Par sa présence militaire et économique croissante aux Philippines, la France se rend complice de l’exploitation et de l’oppression continues du peuple philippin, qui a mené une longue lutte contre l’impérialisme et pour sa libération nationale !
En effet, en plus d’entraîner les Philippines dans un conflit dirigé par leurs propres intérêts économiques, les États-Unis participent directement à l’intensification de l’oppression du peuple philippin par le biais d’accords économiques et commerciaux tels que le récent "Philippines Enhanced Resilience Act" (loi sur l’amélioration de la résilience des Philippines) qui a été introduit le 10 avril. Le 2024 PERA Act vise à renforcer les alliances militaires entre les États-Unis et les Philippines en "modernisant les capacités de défense des Philippines", et notamment à renforcer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme.
Ce que le gouvernement philippin appelle les efforts de "contre-terrorisme" ou de "contre-insurrection" a été dénoncé par diverses organisations humanitaires internationales telles que Human Rights Watch et Amnesty International comme des violations flagrantes des droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne le ciblage des militants, des journalistes et des étudiants qui défendent leurs droits. En fait, l’ancien président Rodrigo Duterte fait actuellement l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale pour de possibles violations des droits de l’homme au cours de la soi-disant guerre contre la drogue qui a été lancée en 2016. L’actuel président Marcos Jr, fils du célèbre dictateur Marcos Senior, perpétue cet héritage par des bombardements aveugles dans les campagnes, des disparitions forcées et la pratique du "red-tagging".
Les groupes militants philippins dans le pays et à l’étranger ont clairement indiqué que la première menace pour la souveraineté des Philippines était l’impérialisme américain et qu’ils refusaient d’être entraînés dans une guerre inter-impérialiste dont les travailleurs philippins paieraient le prix le plus élevé. En tant qu’organisation de solidarité anti-impérialiste, nous soutenons le peuple philippin dans sa lutte contre l’impérialisme américain et pour son droit à la justice sociale et à l’égalité des droits. Nous appelons toutes les organisations progressistes françaises à se joindre à nous pour condamner le rôle de la France dans la poursuite de l’oppression militaire du peuple philippin.
Afin d’accroître la sensibilisation internationale et la reconnaissance de la lutte actuellement menée par le peuple philippin, un Tribunal international du peuple se tiendra du 17 au 18 mai en Europe, dans le but d’examiner les crimes de guerre et les violations du droit international humanitaire commis par les régimes Marcos et Duterte, soutenus par les États-Unis, dans le cadre de la guerre contre-révolutionnaire. Ce forum quasi-judiciaire est organisé par l’Association internationale des juristes démocrates (IADL) et les Amis du peuple philippin en lutte (FFPS) - une fédération d’organisations progressistes qui soutiennent la lutte philippine pour la libération nationale et dont le CSRP fait partie - afin de servir de plateforme pour les victimes et les défenseurs et leurs organisations pour présenter des preuves et des arguments juridiques liés aux crimes commis contre le peuple philippin.