L’islamophobie médiatique en France : l’art et la manière d’affoler les consciences

Article publié sur le blog Agitation Autonome à propos de l’islamophobie dans les médias français depuis la fin des années 70. Son objectif est de montrer l’évolution de ce système à travers des événements comme les grèves de Talbot-Poissy au début des années 80, la guerre contre l’Irak, les polémiques sur le voile ou encore les révoltes en banlieues. Cela permet de comprendre le caractère racialisant et cultualisant de l’information distillée en France.

L’islam au sein des médias français est un sujet incontournable et en permanence ressassé. Les journalistes depuis des décennies nous abreuvent du « problème musulman » et le mettent au premier plan de nos préoccupations. Des « affaires du voile » aux mosquées salafistes, de l’antiterrorisme à la lutte contre l’immigration dite clandestine, le traitement de l’actualité est sérieusement impacté par une islamophobie ostentatoire. Ce traitement est directement à mettre en relation avec l’histoire coloniale en « terre musulmane » qui se poursuit aujourd’hui avec les interventions militaires en Syrie et en Irak. Il est également à rattacher à la gestion policière des quartiers populaires qui a besoin de l’idéologie raciste pour se perpétuer.

L’islamophobie en France est le produit d’un long passé d’oppression de peuples perçus comme réfractaires à la civilisation et au progrès. Elle s’est exprimée dans le cadre de la politique d’annexion à la France de plusieurs pays aujourd’hui indépendants. Le droit colonial fut l’une des expressions les plus visibles de ce racisme à travers la création du statut d’indigène régi par des lois d’exception se démarquant du droit commun égalitariste.

L’Algérie est un parfait exemple pour comprendre ce système : l’ordonnance royale du 24 février 1834 accorde la nationalité aux « indigènes musulmans », déclarés « sujets français ». Ces indigènes ne jouissent d’aucun droit politique et sont soumis officiellement à partir de 1881 à des infractions spéciales pouvant être punies par l’internement administratif, des amendes collectives ou encore le séquestre, c’est-à-dire la confiscation des terres. Ils sont également soumis à partir de 1911 aux obligations militaires. Outre l’aspect inégalitaire du droit colonial en Algérie, on note une vision globalisante de la société autochtone réduite à sa dimension religieuse, ici donc à l’islam. L’indigène n’est rien d’autre qu’un musulman et il est discriminé en tant que tel, qu’il soit ou non croyant.

On note également une discrimination particulièrement forte vis-à-vis des femmes algériennes durant la période coloniale. Celle-ci est relatée avec beaucoup de précision par le psychiatre et militant du FLN Frantz Fanon dans son ouvrage L’an V de la Révolution algérienne rédigée en 1959 : « les responsables de l’administration française en Algérie […] vont porter le maximum de leurs efforts sur le port du voile […] comme symbole du statut de la femme algérienne. L’administration dominante veut défendre solennellement la femme humiliée, mise à l’écart, cloîtrée… On décrit les possibilités immenses de la femme, malheureusement transformée par l’homme algérien en objet inerte, démonétisé, voire déshumanisé. Le comportement de l’Algérien est dénoncé très fermement et assimilé à des survivances moyenâgeuses et barbares ». Le traitement médiatique de l’islam en France nous renvoie totalement à cette situation.


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